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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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chefs d'établissement de votre académie à user de toute leur autorité pour préserver les élèves, mineurs confiés par leurs parents, contre des agitateurs ou des provocateurs qui cherchent à les entraîner dans des mouvements de rue ou même dans des manifestations de violence. En particulier, ils ne doivent en aucun cas reconnaître des "comités d'élèves" qui prétendraient se constituer. Il leur appartient de prévenir, et éventuellement de réprimer avec vigueur, toute tentative de trouble de la vie scolaire. »

    Capitant : « Il fallait maintenir l'ouverture annoncée »
    Je cherche aussi à obtenir des déclarations publiques d'autorités universitaires. Zamansky s'est proposé pour réunir des signatures prestigieuses sur un texte raisonnable. Mais il renonce vite, après avoir essuyé un refus de Lichnerowicz. Tout ce qu'on obtient, c'est un communiqué des doyens de pharmacie, qui se félicitent du « sang-froid » de leurs collègues et de leurs étudiants. Maigre récolte !
    Même le soutien de la majorité n'est pas sans faille. Les gaullistes de gauche renâclent. Capitant m'appelle : « Il fallait maintenir l'ouverture annoncée de la Sorbonne et laisser aux étudiants la responsabilité du désordre. » Non content de s'exprimer au téléphone, il tient ensuite le même discours sur l'antenne de Radio-Luxembourg. David Rousset dit sur France-Inter qu'il est « avec les étudiants ». Lesquels ?
    Je téléphone à Joxe : « L'annonce de la réouverture de la Sorbonne n'a pas suffi à désamorcer l'agitation. Ne pourrait-on pasrégler le sort des quatre prisonniers, qui solidarise les étudiants ? La solution la plus simple serait la mise en liberté provisoire. » Il en convient. Mais, sans doute par provocation, les quatre prisonniers n'ont pas fait appel, ce qui rend impossible leur élargissement. Il accepte de faire recevoir leurs avocats par de hauts magistrats, et ils sont en effet reçus dès l'après-midi. Il en ressort qu'une audience de la cour d'appel pourrait se réunir après un délai de cinq jours. On pourrait annoncer que des demandes de mises en liberté provisoire seraient examinées avec bienveillance. Il y a là des éléments de négociation.
    Je publie un bref communiqué destiné à atténuer l'effet du maintien de la fermeture à Paris :
    « La reprise des cours s'est effectuée ce matin à Nanterre. Si le calme se confirme, les cours et travaux pratiques suspendus ailleurs depuis vendredi dernier pourront reprendre. Les mesures nécessaires interviendront progressivement. Le ministre de l'Éducation nationale est en effet décidé à ne pas laisser des éléments irresponsables s'installer dans les facultés pour en empêcher le fonctionnement. »

    Un gauchiste : « Nos camarades aveuglés par les gaz de combat »
    Une dizaine de milliers d'étudiants et lycéens se réunissent à Denfert-Rochereau. C'est peu, certes, par rapport aux 160 000 étudiants de l'agglomération parisienne et autant de lycéens. Mais c'est beaucoup par rapport à ce qu'on est habitué à voir dans Paris.
    Pour chauffer cette masse juvénile, les orateurs, juchés sur le socle du Lion de Belfort, trouvent les thèmes appropriés. L'un engage le rassemblement à se rendre à la Santé, pour manifester sa solidarité avec « nos frères emprisonnés ». L'autre demande qu'on se porte vers l'hôpital Saint-Antoine, où sont soignés « nos camarades aveuglés par les gaz de combat et qui vont peut-être perdre la vue ». Et Cohn-Bendit exhorte la foule à susciter simultanément des troubles « partout dans la capitale », de manière que la police ne puisse plus savoir où donner de la tête.

    La manifestation de ce soir s'annonce dure. Peut-on risquer un affrontement qui a des allures de guerre civile, sans tenter d'abord des pourparlers de paix ? Ni Louis Joxe, ni moi ne l'avons cru possible. À moins de s'en tenir à une répression qui n'a pas l'appui de l'opinion parisienne et des médias, il faudra répondre d'une façon ou d'une autre aux trois points des leaders de l'agitation : libération des quatre détenus, évacuation du Quartierlatin par les CRS et les gendarmes mobiles, réouverture des facultés.
    À 19 heures, je reçois, à ma demande, pour la seconde fois de la semaine, les deux dirigeants de la FEN, Marangé, son secrétaire général, et Daubard, secrétaire général du Syndicat national des instituteurs. Il m'a semblé qu'ils pourraient jouer les bons offices. Nous

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