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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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Sorbonne." Ce sont les ordres stricts qu'il va donner au gouvernement. Il reproche à Pompidou d'avoir tout laissé aller.
    AP. — Ce qui se passe est dans la logique de la décision de samedi dernier. À partir du moment où on fait le pari de faire confiance aux révolutionnaires comme s'ils étaient de bons petits étudiants, on est obligé de laisser se dérouler l'expérience, c'est-à-dire qu'on ne peut pas réagir.
    Flohic. — C'est bien ce que voit le Général. On est sur la pente glissante. C'est pourquoi il a pris la décision de faire un référendum, seul capable à ses yeux d'arrêter la glissade, en prouvant que le peuple est derrière lui. »
    1 Jean Ferniot, Pierre Charpy et Michel Bassi.

Chapitre 18
    « LA RÉFORME, OUI ; LA CHIENLIT, NON ! »
    Dimanche matin 19 mai 1968.
    Le Général a tenu une réunion sur le maintien de l'ordre ; à l'heure même où, dimanche dernier, il avait donné instruction à Tricot d'en organiser une pour adopter mon « plan équilibré ».
    Ce dimanche-ci, le débat a changé de nature. Il ne s'agit plus d'université ni d'étudiants, complètement dépassés. Il ne s'agit plus que de la lutte contre la subversion qui déferle. Ont été conviés seulement, outre Pompidou, Fouchet, Joxe, Messmer, Grimaud et Gorse — puisque tout est suspendu à l'Information. À la sortie, Gorse avec humour, puis Pompidou avec gourmandise, répètent le verdict de l'oracle : « La réforme, oui ; la chienlit, non. »

    J'essaie d'en savoir plus. Fouchet n'est pas dans son bureau, mais j'interroge Dannaud, qui vient de recevoir de lui le résumé succinct de la réunion.
    Chacun a reçu son paquet. Le Général a attaqué d'emblée : « La chienlit, ça a assez duré. J'ai pris mes résolutions. On évacue l'Odéon aujourd'hui et la Sorbonne demain. À l'ORTF, Gorse, vous flanquez les trublions à la porte. »
    Fouchet lui a objecté que la police est traumatisée. Le Général lui a demandé de s'expliquer sur le traumatisme. Fouchet répond qu'elle a le sentiment d'avoir été désavouée. Pompidou est d'accord pour évacuer l'Odéon, mais demande qu'on diffère pour la Sorbonne. Le Général y consent et, malgré les objections de Grimaud, maintient ses instructions pour l'Odéon, tout en laissant Grimaud maître de la manoeuvre.

    Lundi 20 mai 1968.
    Comment l'instruction donnée hier matin par le Général à Pompidou, Fouchet et Grimaud d'évacuer l'Odéon dans la nuit a-t-elle été divulguée ? Comment a-t-elle pu se répandre dans Paris, si ce n'est par les soins de ceux qui ne voulaient pas l'exécuter ? Évidemment, il n'était plus question de faire une opération qui exigeait la surprise, dès lors que les radios l'annonçaient.
    Bien sûr, il ne s'agissait pas de prendre d'assaut le théâtre, fusil-mitrailleur au poing, quand il était plein de trois mille badauds en proie à leur psychodrame ; mais de se glisser aux petites heures du matin, quand il ne resterait plus sur les lieux que quelques dizaines d'occupants ensommeillés.
    Chaque soir, j'appelle mes correspondants de Seine-et-Marne. Non seulement la réprobation ne diminue pas, mais la surprise augmente devant la passivité des autorités. Ce que la presse fait connaître du déluge de verbalisme qui inonde les amphis de la Sorbonne et la scène de l'Odéon choque le bon peuple. La violence des gauchistes paraît de plus en plus gratuite, insurrectionnelle. Et on ne voit pas, du côté du gouvernement, le moindre signe de la réaction vigoureuse qu'on attend. On s'étonne qu'un coup d'arrêt brutal ne soit pas donné à ces violences.

    Palais-Bourbon, mardi 21 mai 1968, 10 heures .
    Je planche ce matin devant la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale. Marie-Madeleine Dienesch me dit, en m'accueillant, qu'elle n'a jamais tant vu de monde depuis qu'elle préside la commission.
    Dupuy, au nom du groupe communiste, commence par expliquer qu'il refuse d'assister à cette séance par solidarité avec les étudiants. Les autres députés d'opposition (FGDS et centristes) haussent les épaules. Sans doute trouvent-ils que le PC pousse le cynisme un peu loin, si peu de temps après avoir stigmatisé les gauchistes. Les communistes une fois sortis, on me passe le micro 1 .
    « La crise de l'Université qui a éclaté est devenue aujourd'hui une crise de la société. Il ne faudrait pas en déduire que la crise de l'Université a disparu. Elle subsiste. Elle est profonde. Il est possible qu'elle

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