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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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soit salutaire. (...)
    « L'explosion à laquelle nous assistons a pour effet non seulement de déchirer les voiles qui masquaient la vérité, mais probablement de faire éclater les obstacles qui se dressaient devant les réformes. Plus personne n'ose dire que construire et recruter suffiront à régler tous les problèmes. Cette erreur, que nous dénoncions, est désormais liquidée. L'Université impériale est moribonde, comme le lycée-caserne impérial est moribond. »

    Je développe trois points : le manque de participation, l'irresponsabilité et l'éloignement de la vie. Puis je conclus : « Nous sommes ouverts à toutes les idées. Nous sommes décidés à faire aboutir celles qui seront raisonnables. Il est encore possible de tirer le bien du mal. »

    « Des atteintes inacceptables à la sûreté de l'État »
    Conseil du mardi 21 mai 1968 , midi .
    Joxe a inscrit à l'ordre du jour un projet de loi portant amnistie, qui sera soumis dès le lendemain au vote des deux assemblées ; et Messmer deux décrets : appel de réservistes et réquisition des biens et des personnes en application d'une loi de 1938.
    GdG : « Ce Conseil n'a qu'un objet limité et précis. La séance qui comptera sera celle de jeudi. J'aurai à vous dire des choses essentiellement importantes, avant de m'adresser au pays vendredi. Bon. L'amnistie. Je la considère comme une affaire tout à fait secondaire. Mais enfin, ça avait été dit, alors, allons-y ! »
    Joxe se fait le plus concis qu'il peut, et le Général n'ajoute pas un mot de commentaire. Messmer n'est pas plus prolixe sur ses décrets qui, eux, donnent des moyens de résister. Le Général nous en traduit le mode d'emploi : « N'oubliez pas que les tentatives d'occupation des locaux ministériels constituent des atteintes inacceptables à la sûreté de l'État. Tout directeur, tout chef de service, qui s'y prêterait, serait immédiatement révoqué. »

    Palais-Bourbon, mardi 21 mai 1968 , après-midi .
    Pendant que le débat sur la motion de censure se poursuit dans l'hémicycle, les députés arpentent les couloirs. Des gaullistes de vieille souche — Baumel, Fanton, Rey — s'interrogent, accablés : « Comment le Général, après avoir tonné comme Jupiter, dimanche matin à l'Élysée, et exigé l'évacuation de l'Odéon le soir et de la Sorbonne le lendemain, s'est-il laissé convaincre aussi vite qu'il fallait y renoncer ? »
    Pendant ce temps, de Gaulle reçoit Harriman, chef de la délégation américaine aux pourparlers de Paris, puis Xuan Thuy, chef de la délégation nord-vietnamienne. Comme il doit être bouleversé par le contraste entre la fierté que les Français, s'ils étaient patriotes, devraient ressentir d'accueillir les deux ennemis dans notre capitale... et la honte qu'ils s'infligent à eux-mêmes par leurs désordres.

    Jobert : « Le Premier ministre ne désire pas que vous fassiez des déclarations »
    Mardi 21 mai 1968 , soir .
    J'ai fait une déclaration sur les examens, pour signifier qu'ils auront lieu de toute façon.
    Le soir, Jobert m'appelle : « Le Premier ministre ne désire pas que vous fassiez des déclarations. Ce souhait s'adresse aussi à vos collègues. Il considère que, dans cette période de crise, toutes lescommunications au public doivent être concentrées dans ses mains. »
    Pompidou avait déjà adopté la même attitude en mars 1963, pendant la grève des mineurs. Le ministre de l'Industrie n'existait plus, le ministre des Finances non plus — quelle que fût sa dimension. Il voulait être le seul à s'exprimer, sauf à déléguer à son ministre de l'Information le soin de faire en son nom une déclaration qu'il lui avait préalablement dictée.
    Pompidou ne se départ pas de cette ligne. Dans le débat sur la motion de censure de ce jour, il a retiré brusquement le micro à son ministre de l'Information, en direct sous les yeux de la France entière.
    Bien qu'il ait refusé ma démission, tout se passe comme s'il l'avait acceptée. Le ministre de l'Éducation, c'est lui. Mais le ministre de la Justice, c'est lui ; le ministre de l'Intérieur, le ministre des Finances, le ministre de l'Information, c'est lui. Le système a cependant ses limites ; il faudrait que d'autres porte-parole le relaient ; mais comme il s'est substitué à tous, plus personne ne peut se substituer à lui.

    Pompidou : « Il me plaît, ce Kaspereit, il a toujours le sourire »
    Matignon , mercredi 22 mai 1968 .
    Pompidou, au centre d'une

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