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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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réformes profondes, dans les semaines qui viennent. »
    Pendant toute cette intervention, Pompidou n'a cessé d'opiner du chef, en accentuant son sourire quand je parlais des effets pervers de la participation, m'encourageant à développer mes remarques. Le Général, au contraire, avait l'air sombre et fermé.

    Michelet : « Avec les étudiants, il faut y aller mollo »
    Michelet a commencé par détendre l'atmosphère en lançant : « Mon général, il faut comprendre les étudiants. Avec eux, il faut y aller mollo. » Rires autour de la table. Le Général n'a pas l'air d'apprécier. Mais Michelet développe son idée et élargit le débat : « La crise de la jeunesse est une crise mondiale. Elle a été étouffée brutalement à Moscou, à Varsovie, à Madrid, en Amérique du Sud. À Paris, où on n'a pas enfermé les enragés de Nanterre, il n'y a pas eu de fusillades. La révolution a pu prendre son essor sans difficulté et se nourrir des précédents dont notre histoire est riche. Car c'est une révolution.
    « Le gaullisme, c'est le rajeunissement du pays. La France est rajeunie. Nous avons sans doute eu tort de ne pas donner le droit de vote à 18 ans. Il ne faudrait pas que les jeunes de moins de 21 ans s'opposent à une réforme qu'on va faire pour eux mais sans eux. »
    Pierre Dumas ne repousse pas l'idée de référendum, mais souhaite des élections le plus tôt possible. « Le fait que notre majorité était trop courte a aggravé le sentiment que le pouvoir n'était pas assis, et encouragé la volonté des forces d'opposition de le faire tomber. Ne pourrait-on faire voter dès 18 ans ? Ce serait un acte de confiance dans la jeunesse ; malgré les apparences, je crois qu'il y aurait beaucoup plus de jeunes favorables que défavorables. »
    Le Général se tait ; Fouchet écarte cette suggestion : « Nous n'avons pas le temps de modifier les dispositions légales.
    Chirac. — Le référendum est la seule réponse possible. Mais simultanément il faut que les négociations avec les syndicats avancent très vite. Il ne faut surtout pas miser sur un pourrissement.

    « Seul le référendum peut confirmer l'autorité de l'État »
    Gorse (revenant sur l'idée d'élections). — Le référendum ne suffira pas. Les élections sont plus conformes aux habitudes des Français. »
    Le Général, qui n'avait pas relevé mon propos, coupe sèchement : « Non, car l'opposition cherche à mettre en échec l'autorité de l'État et seul le référendum peut la confirmer. »
    (Le Général accorde un crédit total au référendum comme moyen d'affirmation de la confiance nationale. C'est oui , ou c'est non. C'est catégorique. Les élections, au contraire, sont biaisées, parce qu'on passe par un vote pour des individus, qui risquent de ne pas être de bons conducteurs de la volonté populaire.)
    Malraux. — Oui, c'est le référendum et rien d'autre qui s'impose. Le choix doit être fait par le pays : c'est ou bien la réforme, que vous seul avec votre gouvernement pouvez conduire, ou bien la révolution. C'est simple et le peuple comprendra.
    « La réforme ne doit en aucun cas être ordonnée par l'opposition. Il ne faut pas que le gouvernement danse sur les violons des grévistes. Ce qui suivra le référendum, ce sera la mise en place de quelque chose de fondamental, un new deal systématique.
    GdG. — C'est-à-dire qu'il faudra le faire spontanément (il souligne le mot de la voix).

    « Le référendum n'exclut pas les élections »
    Missoffe. — Vous voulez consulter le peuple en le faisant participer. La participation doit passer par des élections générales. Hier, je ne le cache pas, je souhaitais que l'Assemblée renverse le gouvernement.
    GdG. — Le référendum n'exclut pas les élections. »
    Devant cette ouverture inattendue du Général, Pompidou intervient avec vivacité : « Je supplie qu'on ne parle pas d'élections prochaines. Nous ne tiendrions plus l'Assemblée, dans les jours où on aurait particulièrement besoin d'elle. »
    Missoffe reprend : « On a ri du phénomène hippy, des beatniks, des provos. On a eu tort de ne pas attacher assez d'importance à ce phénomène. Ce besoin des jeunes de marquer leur différence, de s'évader, de se regrouper dans une action violente, ce sont destendances qui avaient été soulignées dans le Livre blanc publié par mon ministère.
    « Les jeunes du baby-boom savent qu'ils sont une force. Ils ne peuvent plus supporter que les adultes se

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