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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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internationales du présent, en organisant la participation du personnel aux responsabilités professionnelles, en développant la formation des jeunes, en assurant leur emploi, en mettant en oeuvre des activités industrielles et agricoles dans le cadre de nos régions. »
    Il a plongé au coeur de nos difficultés. Et pourtant, son discours n'a pas porté. Il n'a fait que confirmer l'organisation d'un référendum dont l'annonce était éventée depuis plusieurs jours. Dans l'heure qui suit, on constate que la déception est générale. La presse fera écho au seul chant des manifestants : « Adieu, de Gaulle, adieu ! » Le Général a commis la même erreur d'appréciation qu'il m'a justement reprochée pour mon intervention télévisée du 6 mai. Ce sermon froid n'est pas en phase avec la violence qui déborde au même moment dans les rues, cette violence qui ravit les uns et scandalise les autres. Dannaud me dit dans la soirée que les préfets sont accablés.
    Quand je rentre chez moi le soir, mon voisin, chef d'entreprise, me dit sur le palier : « Ce que Pompidou va faire avec les syndicats, c'est ce qu'il fallait faire. Ça, c'est un homme ! Ce que de Gaulle vient de dire, c'est zéro. Dans mon milieu, nous pensons tous la même chose. Il faut qu'il s'en aille. »
    Des coups de téléphone avec Foccart et Tricot me montrent que son entourage immédiat est atterré : « C'est un torrent insaisissable », leur a dit le Général. Il aurait lui-même tiré la leçon de cet échec : « J'ai mis à côté de la plaque ! »

    110 , rue de Grenelle , dimanche 26 mai 1968 .
    Au moment où, au ministère du Travail, 127 rue de Grenelle, la négociation est menée tambour battant avec les partenaires sociaux, j'enrage, au 110, de ne pouvoir nouer le dialogue avec ceux qui, dans le bouillonnement ou l'effondrement universitaire et scolaire, détiennent une parcelle de responsabilité.
    Je rédige une lettre en ce sens à l'intention de Pompidou, et je lui soumets des projets de télex aux recteurs.
    Un premier télex tend à fixer la position de l'État face aux dérapages institutionnels qui s'observent dans les facultés : oui à des organes nouveaux qui s'ajoutent ou sont associés aux institutions de droit ; non aux organes qui prétendent s'y substituer, même avec l'accord des institutions de droit.
    Un second télex vise à organiser au plus vite la « participation des élèves à la vie des établissements du second degré » : élection d'un ou deux délégués de classe, réunion périodique de ces délégués, création d'une instance consultative comprenant à parité membres de l'administration et du corps professoral, et parents d'élèves et élèves. Cette instance représentative pouvant évoquer tous les problèmes de la vie scolaire (activités culturelles, foyers, coopératives, clubs, associations sportives, centres de documentation, etc.).
    Edgar Faure, dès son arrivée au ministère, mettra en place ces institutions, qui fonctionnent encore aujourd'hui.

    Au Premier ministre, j'écris :
    « Des appels du pied me sont faits de divers côtés pour réunir dès que possible une table ronde à laquelle pourraient participer, outre les délégués des grandes organisations syndicales de l'enseignement, certains représentants de l'UNEF et du SNESup. Il faudrait, à mon sens, pour désamorcer une reprise de la violence, appliquer de toute urgence une tactique positive dont j'aimerais vous exposer les grandes lignes dès que possible. Sinon, nous risquerions d'ajouter aux agitateurs les " desperados ". »

    Je fais porter ces textes à Matignon dans la soirée.

    Ils n'en sortiront pas. À la guerre de mouvement que je crois encore possible, tant sur le versant de l'ordre que sur le versant de la réforme, Pompidou préfère la guerre d'usure.

    Waldeck-Rochet : « Le Général n'a pas le droit de s'en aller »
    Lundi matin 27 mai 1968 .
    Pompidou croyait que tout avait été réglé. Grâce à vingt-six heures de discussion, face à face avec les organisations ouvrières et patronales, les revendications catégorielles des travailleurs étaient satisfaites. Il va dormir deux heures, après une conférence de presse où il a exprimé son soulagement. À 10 heures, quand il se réveille, il apprend avec stupeur que les ouvriers de Renault à Billancourt ont décidé à l'unanimité de continuer la lutte.
    Un abattement saisit le gouvernement et les cabinets. Toute la stratégie de Pompidou était

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