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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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et, vous avez raison, il ne faut pas en donner l'impression.
    Edgar Faure. — Trois causes se sont conjuguées, pour créer la crise : le malaise universitaire, la morosité de la situation économique en raison du défaut de relance, l'insuffisance de l'assiette politique pour la majorité. (Comme la presse et le Landerneau parisien, il fait l'impasse sur un autre facteur ou ne le voit pas : les groupes révolutionnaires.)
    Marcellin (reprenant à sa façon le problème des corps intermédiaires). — Il faut lutter contre la tendance de l'administration centrale à tout aspirer. Il ne faut pas seulement déconcentrer, comme le prévoit le texte du référendum, mais décentraliser, en donnant aux assemblées régionales un pouvoir de décision. » (Marcellin ne dit rien des idées fermes et sensées qu'il développe avant et après le Conseil.)
    Comme pour dissuader les autres ministres d'entrer dans les détails, de Gaulle précise : « Il n'est pas question de soumettre au référendum autre chose qu'un texte général. L'opération à réaliser est une opération de confiance, d'intention. Il ne faut pas expliciter les choses. »
    Michel Debré met l'accent sur la politique : « La crise a commencé lors de l'élection présidentielle ; une situation difficile s'est créée, qui a été aggravée par des élections législatives médiocres et par l'indiscipline d'une majorité faible. L'assise du pouvoir n'est plus assez solide. Dès que les difficultés apparaissent, tout s'effondre.
    « L'intérêt national réclame la rigueur et l'effort. Des raisons politiques poussent à reculer devant cet effort. Quant à décentraliser, on peut bien le faire, mais à condition que l'État s'appuie sur le suffrage universel. »
    De Gaulle approuve : « Oui, pour s'opposer au fédéralisme.
    Billotte. — Les jeunes ont l'impression que notre société demeure figée, alors que la révolution scientifique nous emporte à toute vitesse. Votre discours de demain doit mettre l'accent sur l'homme nouveau du XX e siècle, et faire comprendre que nous abattrons toutes les Bastilles du conservatisme, auxquelles nous nous heurtons depuis tant d'années. Il faut installer la participation à tous les échelons.
    Schumann. — Il s'agit d'un nouveau départ. Voilà ce que le pays attend de vous. Cela seul est digne de vous. Les élections de 1967 avaient entamé une certaine désagrégation. On avait interrompu les voies du gaullisme, c'est-à-dire de l'appel direct au pays. Aujourd'hui, vous saisissez l'occasion par les cheveux. Vous retournez l'événement. Bravo ! »
    Quand vient mon tour, je formule des objections : « Pour la forme, le référendum est-il adapté à une période de crise grave ? Il n'est pas familier aux Français. La gauche ne va pas manquer de parler de plébiscite bonapartiste. Le réflexe fondamental des Français, ça demeure les élections législatives. C'est la procédure qui me paraîtrait la plus appropriée pour un nouveau départ.
    « Pour ce qui concerne l'Université, dans le déluge de bavardage qui la submerge, deux mots surnagent : participation et autonomie, qui peuvent être la meilleure ou la pire des choses. On peut même soutenir que la crise est sortie à Nanterre d'un excès de participation et d'autonomie. Le doyen Grappin a souhaité faire l'universitéexpérimentale de la participation. On a créé des commissions paritaires enseignants-étudiants, pour les programmes, pour les examens, pour la pédagogie... On a laissé aux étudiants la liberté de discussion politique. Le résultat ne s'est pas fait attendre. La faculté a été mise hors d'état de fonctionner. Le doyen Grappin est le premier à reconnaître que cette expérience a échoué.
    « Quant à l'autonomie, il faudrait préciser les choses. Chacune des universités devrait être plus autonome pour recruter ses étudiants et ses enseignants et pour se gérer. Mais l'autonomie de l'Université dans son ensemble est à certains égards trop grande : les sacro-saintes franchises universitaires ont favorisé l'extension des désordres. Ce sont ces traditions autonomistes qui empêchent le gouvernement de remettre lui-même de l'ordre et d'intervenir dans le fonctionnement d'un corps qui se retranche du reste de la nation.
    « Ce n'est pas n'importe quelle participation et n'importe quelle autonomie qui permettraient de résoudre la crise. Mais une brèche s'est ouverte. Il faut profiter de la crise pour faire passer des

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