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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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considèrent comme propriétaires de tous les leviers de commande.
    « Et puis, le transistor et la télévision ont provoqué l'information directe, sans intermédiaire. Les structures traditionnelles s'effacent ou s'effondrent. D'où la démission généralisée de l'autorité.
    Guéna. — La réponse au référendum sera le troisième tour de l'élection présidentielle. La victoire nous donnera une force accrue.
    GdG. — La victoire n'est pas assurée.
    Ortoli. — Nous ne devons pas demander les pleins pouvoirs, mais la confiance. Il faut engager ce référendum dans un esprit de dialogue.
    Couve. — La crise que nous traversons est révolutionnaire. La France ne change pas par évolution, mais par saccades. L'autorité de l'État est gravement atteinte. Ce qu'il faut d'abord, c'est la rétablir. Ensuite, il faudra prendre en main les transformations nécessaires, maintenant que le choc les a rendues possibles. »
    Guichard suggère d'organiser le même jour le référendum et les élections : « On ne peut pas conserver cette Assemblée.
    Pompidou. — Si on parle d'élections, nous allons nous mettre les parlementaires à dos.
    Guichard. — Le recours à des élections, c'est la seule soupape dans la vie politique en France. Les élections couplées avec un référendum sont payantes. L'expérience l'a montré. »
    Fouchet approuve.

    Pompidou : « Nous avons été fidèles à votre personne , et nous le resterons »
    Pompidou clôt le débat : « Le mouvement auquel nous assistons, vous l'avez analysé, mon général : il traduit un besoin matériel et un besoin plus moral que politique de se sentir responsable, associé aux décisions. Vis-à-vis d'une administration technocratique et centralisatrice, les hommes se sentent pareils à un troupeau et se révoltent contre le berger.
    « La jeunesse : son explosion nous aura permis de faire éclater une Université vieillie. Mais ça ne va pas sans inconvénients.
    « La France n'a plus de préoccupation fondamentale. L'Allemagne se débat dans son problème national ; la Belgique, dans son problème linguistique ; l'Angleterre, contre la décadence ; les États-Unis, dans le conflit racial. Paris s'ennuyait. D'où le goût de la destruction, pour que ça change.
    « Nous sommes revenus au Paris de la Révolution. En 1830, en 1848, en 1870, des mouvements parisiens ont suffi à faire tomberdes régimes. La III e et la IV e s'en tiraient par des crises ministérielles. Mais aujourd'hui, l'autorité de l'État s'est maintenue, ce qui prouve que la V e tient bon (c'est la réplique à Couve).
    « Tout finira par se tasser. Mais cette crise a fait apparaître des forces nouvelles : la jeunesse ; et aussi la CGT et le PC, qui ont pris le train en marche et qui ont montré qu'ils étaient les seules forces capables de paralyser l'État. Un seul appui existe : l'opinion. Il faut faire appel à elle. Il faut que le Président de la République, parce qu'il est aussi le général de Gaulle, trouve appui dans l'opinion.
    « Je ne suis pas favorable à des élections couplées avec le référendum. J'aurais plutôt tendance à souhaiter la dissolution. Mais il y a une chance que, sur le nom du général de Gaulle, le référendum soit positif, et un risque que les élections soient négatives, par réaction contre le gouvernement, contre les ministres, contre moi-même. Nous risquons de perdre les élections, alors que nous devons gagner le référendum. »
    (Surprenante déclaration, puisqu'il m'a confié à plusieurs reprises depuis l'élection présidentielle que la popularité du Général était usée par l'accumulation des catégories qui ne lui pardonnent pas d'avoir gagné contre elles un des combats du passé ; tandis que lui, il échappe à ces griefs. Découragement sincère, ou modeste et habile façon de combattre auprès du Général ceux qui lui chuchotent que son Premier ministre ne pense qu'à le remplacer ?)
    « Mon général, nous avons été fidèles à votre personne, et nous le resterons.
    GdG. — Je vous remercie. Je suis touché.
    « Il faut aller à l'essentiel. L'essentiel, c'est que le peuple, dans sa masse, se ressaisisse et impose un coup d'arrêt à une minorité violente qui ne le représente pas. L'essentiel, c'est donc de gagner le référendum et, dans la foulée, de faire de grandes réformes. »
    Joxe, à la sortie, nous déclare : « Et il ressuscita le troisième jour. »
    1 Le général Ridgway, successeur du général Eisenhower

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