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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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le bloque d'avance : « Je vous la donne, mais je vous demande de ne pas dire un mot en dehors de ce que je viens de dire.
    Debré. — On parle de dévaluation comme d'une façon d'éponger la note de Grenelle. C'est absurde ! La France possède des réserves de change considérables. C'est un mot à bannir.
    GdG. — Vous avez tout à fait raison. Que personne ne parle de dévaluation ! »
    De Gaulle se tourne alors vers le Premier ministre. Il doit prendre beaucoup sur lui-même pour continuer : « Monsieur le Premier ministre, vous avez conduit ces négociations le mieux qu'il était possible et nous vous autorisons à aller jusqu'au bout de l'accord. » Il félicite aussi Jeanneney et Chirac d'avoir participé à cette négociation. Jeanneney dit modestement : « Je n'ai pas ouvert la bouche, c'est le Premier ministre qui a tout conduit. »

    « Si la police ne stiffit pas, on fera appel à l'armée »
    La parole est à Fouchet, qui traite du maintien de l'ordre.
    Après son exposé, le Général reprend la parole avec vivacité : « Ces manifestations, c'est un éternel recommencement, c'est une chaîne sans fin. Il n'y a pas de raison que ça s'arrête, si on ne les arrête pas. Pourquoi diable ne les interdit-on pas ? Il y a eu assez de rassemblements et de défilés dans la rue, depuis trois semaines, pour défouler les gens ! Maintenant, s'ils veulent absolument faire des cortèges, ils n'ont qu'à en faire du côté de Chartres, mais pas dans Paris. »
    La transmutation des émeutiers en pèlerins de Chartres est si audacieuse qu'elle fait passer un sourire. Nous avions oublié que nous étions en plein mois de Marie ! Mais le Général ne sourit pas :
    « Ces rassemblements, ça suffit ! Ils ne doivent plus être tolérés ! Il est plus facile de les interdire que d'en éviter ensuite les débordements. Si la police ne suffit pas, on fera appel à l'armée. Jusqu'à maintenant, on s'en est abstenu, mais il ne faudra pas hésiter à en venir là. L'ordre public a toujours été une des missions essentielles de l'armée.
    « Il y a encore un rassemblement à Charléty ce soir, ce doit être le dernier ! Ce n'est plus acceptable ! On ne défile plus ! Qu'on se réunisse à la Mutualité si on veut, ou dans n'importe quel endroit clos, mais qu'on n'en sorte pas ! La rue appartient à la circulation, elle a suffisamment appartenu aux manifestants !
    « On a eu grand tort de laisser ces manifestations se poursuivre et s'enchaîner. On a eu grand tort de libérer les quatre étudiants détenus. On a eu grand tort d'ouvrir la Sorbonne aux émeutiers. S'il y a encore des fauteurs de troubles, il faut les mettre hors d'état de nuire. Je vous ai dit et je vous répète : il aurait fallu en ramasser 500 tous les soirs.
    « Et puis, si la police faisait son travail, nous saurions exactement à quoi nous en tenir. Nous serions prévenus à l'avance des projets de tous ces meneurs. Or, la police est toujours surprise. Elle devrait avoir des moutons parmi tous ces enragés, qui nous tiendraient au courant heure par heure. Tout ça n'est pas difficile à monter ! C'est l'enfance de l'art !
    « Et puis, je ne suis pas sûr que le concours de l'armée soit aussi étendu qu'il pourrait l'être. En province, la DOT 3 doit prendre toute sa part du maintien de l'ordre public. Cela aurait dû empêcher ce qui s'est passé à Toulouse 4 . Il faut utiliser des forces militaires pour protéger les bâtiments publics. Il ne faut pas attendre pour intervenir.
    Frey (parlant en ancien responsable de l'ordre public). — Pareille insurrection n'a été possible que par un complot international. Plusieurs centaines d'étudiants gauchistes sont allés en février à Berlin, où ils ont suivi des cours de guérilla urbaine.
    Fouchet (agacé que son prédécesseur à la place Beauvau empiète sur son domaine). — C'est bien beau de dire que c'est un complot international, mais il faudrait le prouver ; nous n'avons pas de preuves.
    Frey. — Justement, il faudrait ouvrir une information judiciaire pour atteinte à la sûreté intérieure et extérieure de l'État. Ça n'aboutira sans doute pas tout de suite. Mais l'ouverture de l'information, en elle-même, aurait un effet psychologique décisif. Et ça permet de procéder à des gardes à vue. (Joxe et Gorse parlent dans le même sens.)
    GdG. — Il faut le faire, réunir les éléments et en parler au Premier ministre.
    Edgar Faure. — Je n'y suis pas favorable. Il faut faire attention

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