Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
poursuites pour atteinte à la sûreté intérieure de l'État ? Pourquoi ne saisit-il pas cet article 16 qui, dans notre Constitution, semble avoir été rédigé précisément pour des circonstances de cet ordre ? Lui qui a réfléchi plus que quiconque aux devoirs et aux prérogatives du pouvoir envers la nation et la République, pourquoi reste-t-il désemparé devant ce déferlement ? Comment se fixe-t-il sur le seul objectif de la participation, que ses ministres, en commençant par le Premier, sont nombreux à considérer comme une chimère hors du temps ?
    1 Jacques Vendroux, beau-frère du général de Gaulle.
    2 Georges Pompidou, Georges Séguy, secrétaire général de la CGT.
    3 Défense opérationnelle du territoire.
    4 Il s'en est fallu de très peu que la préfecture soit envahie : le préfet, débordé, a dû s'humilier.
    5 Voir supra, ch. 14, p. 500.

Chapitre 21
    « LA CERTITUDE QUE VOUS AVEZ SERVI AUSSI BIEN QUE POSSIBLE »
    Mardi 28 mai 1968.
    L'Humanité titre : « Vers un pouvoir populaire. » L'expression est claire : le parti communiste a décidé de prendre les commandes.

    La presse bruit d'une nouvelle : le Premier ministre s'apprêterait à nommer un « médiateur » pour prendre en main les affaires de l'Éducation nationale.
    Cette histoire farfelue de médiateur doit être tirée au clair. Je gribouille en rouge, sur une page et demie, le schéma de ce que je vais dire à Pompidou s'il me reçoit, ou, sinon, de ce que je lui écrirai. L'État ne peut renoncer à ses devoirs, ni, ce qui serait encore plus bête, à ses atouts, qui restent énormes malgré les échecs essuyés depuis quinze jours. Et je ne peux accepter plus longtemps de me laisser étouffer comme un pigeon.
    Obstiné, j'ai fait préparer un nouveau télex aux recteurs bien que les deux projets de dimanche aient été bloqués. Dans les débats qui s'instaurent spontanément dans les assemblées générales universitaires, deux mots s'imposent : cogestion et autonomie. Ces deux principes « sont acceptés par les pouvoirs publics ». L'autonomie sous ses deux aspects, financière et pédagogique. Et la cogestion, qui ne concerne pas seulement enseignants et étudiants, mais aussi les représentants de la société. J'indique que le cadre des facultés est trop étroit et qu'il faut concevoir la reconstruction au niveau de l'Université. Sur ces bases, on peut viser « le ralliement de tous les partisans d'une réforme profonde et ordonnée, l'isolement des révolutionnaires, et ainsi la tenue des examens ».

    En fin de matinée, Mme Dupuy me demande sur l'interministériel de venir voir le Premier ministre d'urgence. Non, elle ne sait pas si c'est à la suite de ma demande, réitérée plusieurs fois hier soir.
    Pompidou m'indique un fauteuil près de sa table ronde drapée, et vient s'asseoir à côté de moi. Il commence par me parler de la situation générale, en détaillant ce qu'il a dit hier devant le Conseil des ministres plus brièvement. Il est plus maître de lui que jamais.

    Pompidou : « Une dévaluation épongera tout ça »
    Pompidou : « Les accords de Grenelle avaient marché de façon inespérée, même si le patronat avait lâché beaucoup plus qu'il n'aurait été nécessaire. Il y avait une euphorie que personne n'arrivait à cacher. Malheureusement, à Billancourt, Séguy et Frachon ont oublié de faire la salle. Ils sont allés apporter la bonne nouvelle aux ouvriers de Renault. Ils ne doutaient pas d'être accueillis en triomphateurs. Mais des meneurs trotskistes (tiens, il y vient) avaient remonté la pendule de la base et Séguy a été accueilli par des sifflets. Il va donc falloir tout reprendre et leur lâcher encore un peu plus. De toute façon, une dévaluation épongera tout ça.
    «Mais déjà, tous les signes concordent. Partout, la lassitude monte. Le peuple est près de se retourner. Les préfets sentent ça aux quatre points cardinaux. Regardez ce garagiste du côté de chez vous qui a cassé la voiture de Geismar et dont tout le monde parle.
    AP (souriant modestement). — Je suis payé pour le savoir 1 .
    Pompidou. — Nous tenons le bon bout. Le retournement est inévitable. C'est inscrit sur le mur (il reprend une expression favorite du Général).
    « Et vous, comment voyez-vous ça ? »

    Pompidou : « Vous savez, il y a des moments où il faut lâcher du lest »
    Je profite de la question pour lui demander d'éclaircir ma situation.
    AP : « Voici huit jours que mes

Weitere Kostenlose Bücher