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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'Intérieur, alors que jusqu'ici, comme délégué général au district de Paris, il était sous l'autorité du Premier ministre. Les services régionaux qui dépendent de lui seront, comme ailleurs, sous l'autorité de leur ministère.
    Joxe. — Je souhaiterais que, pour désigner la région, on adopte la rédaction du Conseil d'Etat : "région parisienne" et non pas "région de Paris".
    GdG (dont le visage s'est rembruni au cours des échanges). — Tout commande de coordonner et de centraliser entre les mains d'un homme les responsabilités si diverses qui concourent à aménager la région de Paris. Cet homme peut-il abuser de cesresponsabilités ? Il est inconcevable qu'un gouvernement qui en est un puisse redouter qu'un fonctionnaire abuse de prérogatives clairement définies par un décret du gouvernement, et dont il doit rendre compte à chaque ministre pour ce qui le concerne. Alors, ce préfet, il ne faut pas le redouter, il ne faut pas contrarier son action, mais au contraire il faut l'encourager et l'aider, et puis on verra bien. On le changera s'il ne fait pas l'affaire.
    « Il y a en France un phénomène régional, un phénomène d'avènement économique des régions. C'est un grand événement contemporain que cette naissance des régions — alors que les circonscriptions administratives n'avaient pas changé depuis la Révolution. Cet événement, il faut l'encourager et l'accompagner. C'est essentiel. Quels inconvénients y voit-on ? Est-ce que la base même de la structure administrative est changée ? Est-ce que l'unité de l'État est massacrée ? Bien sûr que non. Mais il faut que notre action économique, que la modernisation, se développe dans des circonscriptions administratives qui s'élargissent. C'est aussi le cas de la région parisienne, forcément, mais forcément aussi elle a un caractère exceptionnel. Rien ne peut faire qu'elle ne soit un cas spécifique et ne mérite une région spécifique. Le préfet de la région parisienne n'aura ni la police, ni la santé. Il n'a pas de quoi faire peur. Mais aussi, on n'aurait pas aménagé Paris si Haussmann n'avait pas eu tous les pouvoirs qu'il avait.
    « Le gouvernement doit être le gouvernement, et tout dépend de cela. Si les ministres jouent bien leur rôle, le préfet jouera bien le sien. Cela dit, nous retenons l'observation de M. Debré : il existe un problème du contrôle financier, dans la région de Paris comme d'ailleurs dans les autres. Il faudra l'instituer, mais en se gardant de paralyser les pouvoirs régionaux. »
    Le Général garde l'oeil très ouvert sur l'application de ces textes. Lors du Conseil du 10 janvier 1968, il s'écriera :
    « Tout cela est en voie d'application, mais cela ne va pas très vite. Pour les personnels, on ne se dépêche pas de les affecter dans les nouveaux départements. Pour le personnel des Affaires sociales, ça ne va pas du tout. Pour celui des Finances, non plus. Les fonctionnaires restent toujours à Paris, ça ne bouge pas ! »
    Quand la voie est clairement tracée, rien ne va jamais assez vite pour le Général.
    1 Paul Delouvrier a été notamment délégué général du gouvernement en Algérie (1958-1960). Il est président de l'Institut d'aménagement et d'urbanisme de la région de Paris (1962-1969), et devient préfet de la région parisienne (1966-1969).

Chapitre 9
    « LA BARBE DEVENANT RÉVOLUTIONNAIRE ! ON AURA TOUT VU ! »
    L'année 1965 a été celle de l'invention d'une expression : la « politique des revenus » 1 . La méthode plaît au Général parce qu'elle oblige à accorder l'économie nationale et le progrès des revenus, et institue une négociation entre l'État, les entreprises nationales et leurs syndicats. Le dirigisme et la participation : deux « dadas » qui sont ainsi attelés ensemble.
    Mais l'attelage va-t-il tenir ?

    Conseil du 12 janvier 1966.
    Pompidou rappelle le pourquoi et le comment de la procédure dite Toutée, qui essaie de mettre un peu d'ordre et de clarté dans la fixation des augmentations de salaire dans les entreprises publiques. La première étape, confiée à la commission Grégoire 2 , consiste à calculer la masse salariale globale, qui servira de point de départ. « C'est un constat, fait avec les syndicats. Cela a très bien marché en 65. Ce sera plus difficile cette année en raison du climat politique et parce qu'il faudra confronter l'augmentation du salaire de l'an passé avec celle du prix de la vie. La commission

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