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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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    Salon doré, 21 septembre 1967.
    Je propose au Général, de la part du Premier ministre québécois Johnson, une coopération qui me paraît intéressante : une compagnie québécoise se propose d'accélérer notre équipement téléphonique. Il a déjà dû être informé, car il se récrie aussitôt : « Mais votre compagnie québécoise, elle est américaine !
    AP. — Juridiquement non, mais il est vrai que c'est une filiale de Bell.
    GdG. — Si nous abandonnons le téléphone aux Américains, nous allons nous faire coloniser ! »
    L'affaire est entendue. Le service public fait mal son service, mais il est national. Le privé ferait bien, mais il est étranger.

    « Pensez-vous que 18 % d'augmentation sera suffisant ? »
    Conseil du 21 février 1968.
    Guéna a succédé à Marette en avril 1967. La situation est toujours aussi pénible pour les usagers et pour le ministre. Mais il y a comme un frémissement d'action.
    Guéna : « Distinguons trois problèmes : les investissements, la politique industrielle, la gestion.
    « Pour l'investissement, le V e Plan est insuffisant. On l'a augmenté il y a quelques mois de 24 % pour cette année 1968. Nous prévoyons de l'augmenter de 18 % en 69 et en 70. Il faut annoncer cet effort exceptionnel, afin que l'industrie se mobilise.
    « Pour l'industrie, justement : le système actuel favorise l'industrie française, mais il faut qu'elle fasse des regroupements. En contrepartie, les prix doivent baisser.
    « Pour la gestion : il est prévu de faire une comptabilité distincte des télécommunications au sein des PTT.
    GdG. — Je vous remercie pour cet exposé très clair. Pensez-vous que 18 % sera suffisant ? »
    Cette fois, le Général a perçu une stratégie d'action, et aussitôt il a fait ce qu'il fallait pour la soutenir. Elle concilie enfin son ambition — moderniser — et son exigence — rester national.
    Guéna est surpris que le Général l'invite presque à demanderdavantage. Il s'est entendu avec Debré et Pompidou, et il sent bien que ce ne serait pas loyal à leur égard de profiter de la situation. Pompidou se hâte de répondre à sa place.
    Pompidou : « Ce qui est fait pour 1968 et pour la suite est nécessaire, mais pas suffisant. Il faut donc recourir à l'épargne. Les ressources de l'épargne sont très grandes. Il faut y puiser. Nous ne sommes pas en inflation.
    Debré. — Je ne suis pas d'accord. La charge sera plus grande qu'on ne le dit. Alors, l'inflation, oui, il n'y en a pas. Mais attendons 1969 ! »
    Il n'y aura pas à « attendre 1969 » pour avoir l'inflation. Mais il faudra vingt ans pour que le téléphone en France devienne un opérateur vraiment industriel et commercial. Et quand il y sera enfin parvenu, l'exigence européenne dissoudra le caractère national, pour la préservation duquel le progrès avait été si lent...
    1 Président de la CSU, parti démocrate-chrétien bavarois, ministre de la Défense.

Chapitre 8
    « C'EST UN GRAND ÉVÉNEMENT QUE CETTE NAISSANCE DES RÉGIONS »
    Conseil du 25 mai 1966.
    Étrange commentaire du Général ce matin. Debré vient de présenter un projet de loi très technique sur les agents de change. Il s'agit de favoriser la fusion des charges, afin de moderniser l'organisation boursière.
    GdG : « Vous ne croyez pas que, quand on aura unifié les agents de change, ils vont tous se concentrer à Paris ? Rien ne les retiendra en province, et la province y perdra.
    Pompidou (qui a compris la pertinence de la question). — On peut se demander pourquoi on ne ferait pas une cotation simultanée à Paris et dans les Bourses de province. C'est possible maintenant grâce au télex. Ça se pratique couramment aux États-Unis. On pourrait passer des ordres à Bordeaux en fonction des cours à Paris. Il ne faut pas oublier que, pour une société, c'est disqualificateur de ne pas être coté à la Bourse de Paris. On a les moyens techniques pour effacer cette distinction.

    « Et ces banques de province, sont-elles actives ? »
    GdG. — Et ces banques de province, sont-elles actives ?
    Michel Debré. — Oui, si elles sont associées à des banques parisiennes.
    Pompidou. — C'est le cas du groupe Crédit industriel et commercial, ou de la Marseillaise de crédit. Mais ce ne sont que des banques de crédit, pas des banques d'affaires. »
    Les banques et la province : voilà un centre d'intérêt nouveau du Général.

    « La préservation de l'eau sera peut-être un jour un problème majeur

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