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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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pour le plateau d'Albion, ou les fusées mer-sol pour les sous-marins. Ces fusées peuvent lancer seulement de petits satellites, comme les premiers spoutniks. Pour lancer de gros satellites, comme par exemple ceux de télécommunications, il faut des fusées beaucoup plus grosses, de la taille de Blue Streak. Soyez vigilant. Les Anglais sont flanchards. Ils ont déjà failli se retirer du projet Concorde. Je ne suis pas sûr qu'ils ne se retirent pas du projet de fusées. Nous nous sommes mis sur les bras une coopération internationale qui branle dans le manche. Alors, ce serait bien dommage d'avoir dépensé tant d'efforts et d'argent pour arriver à un fiasco. Suivez ça de près. »
    Il reste debout et paraît vouloir parler encore ; je n'ai donc pas à donner le signal.
    GdG : « Voyez-vous, je ne suis jamais allé en sciences au-delà de la préparation de Saint-Cyr qui, de mon temps, correspondait au programme de mathélem 8 . La science ne tient pas une grande place dans ma culture personnelle !
    AP. — Votre ministre de la Science en est au même point. J'ai fait mathélem, sans aller au-delà.
    GdG (comme s'il n'avait pas entendu). — Je n'ai jamais eu l'occasion de pénétrer dans les dédales de la pensée scientifique. Mais j'ai un peu réfléchi au destin des nations dans l'Histoire, aux causes de leur déclin et de leurs sursauts, au rôle joué par les armes. Je suis arrivé à la conclusion que, pour le rayonnement et la puissance de la France, il était essentiel de faire un grand effort dans le domaine des sciences et des techniques. Peut-être que rien n'est aussi essentiel. »
    Il referme la porte lentement en me regardant. Pense-t-il, comme moi : « Voilà une tâche bien lourde pour d'aussi frêles épaules » ?
    1 Voir supra, Prologue, ch. 1.
    2 Les douze « Sages » sont des scientifiques appartenant aux diverses disciplines. Ils forment ensemble le « Comité consultatif de la recherche scientifique et technique ». Ils préparent les Comités interministériels de la Recherche scientifique et technique qui, sous la présidence du Premier ministre ou du ministre de la Recherche, les réunissent avec tous les ministres concernés.
    3 Deux mois après : le 15 octobre 1945.
    4 Malgré l'expulsion des ministres communistes français du gouvernement par Ramadier en 1947, malgré la signature du Pacte atlantique en 1949, Frédéric Joliot-Curie, nommé haut-commissaire en 1945, ne fut révoqué qu'en 1950.
    5 C'est le 13 février 1960 qu'a eu lieu au Sahara, à Reggane, la première explosion atomique française.
    6 L'ONERA, Office national d'études et de recherches aérospatiales.
    7 Le CNES, Centre national d'études spatiales.
    8 « Mathélem » : abréviation courante de « mathématiques élémentaires », section scientifique de la seconde partie du baccalauréat.

Chapitre 2
    « IL NOUS FAUT COMPTER SUR NOUS-MÊMES. NOUS LE SAVONS DEPUIS TOUJOURS »
    Au Conseil du mardi 1 er octobre 1963, Palewski, ministre de la Recherche, a fait une communication sur la conférence des ministres de la Science des dix-huit pays membres de l'OCDE qui allait avoir lieu les 3 et 4 octobre au château de la Muette. Le Général grogne quand Palewski explique que, la majorité des délégations s'étant montrée hostile à ce que la présidence ne revînt pas à un petit pays, il a accepté de « déroger à l'usage » qui aurait voulu que la présidence revînt au représentant du pays hôte. Elle a donc été présidée par un Belge.
    À l'issue du Conseil, il me déclare : « Comment Palewski s'est-il laissé posséder par ce Belge ? Je ne comprends pas. »

    Salon doré, 10 janvier 1966.
    Les années ont passé. La même conférence des ministres de la Science se réunit à nouveau à Paris. J'en préviens le Général à la fin de son audience. Il n'a rien oublié de cette contrariété protocolaire. Il me met en garde : « Une conférence des ministres de la Science qui se tient à Paris doit être présidée par le ministre français de la Science. Veillez-y. »
    Je reste confondu qu'après un si long temps, il se souvienne encore de ce détail. C'est que pour lui ce n'est pas un détail.

    « Un plan Marshall pour la science, il ne faudrait pas que ce soit une nouvelle manière de mettre les Européens en tutelle »
    Conseil du 19 janvier 1966.
    Première communication au titre de mes nouvelles fonctions, sur la réunion des ministres de la Science et de la Technique des pays membres de l'OCDE. Le

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