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C'était de Gaulle, tome 3

C'était de Gaulle, tome 3

Titel: C'était de Gaulle, tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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soudée. »
    Couve développe longuement l'analyse politique et l'on peut croire qu'il a tout dit, mais le Général renouvelle le sujet à sa façon.
    GdG : « Le pays donne une impression d'immensité. Il y a là un capital matériel colossal, par le nombre de la population, la dimension du développement à prévoir. Tout ce qui est entrepris est grand, qu'il s'agisse d'un barrage ou d'une fusée. Mais tout cela est encore en gestation. Il y a beaucoup de gaspillage, notamment du fait des distances. La dimension, voilà l'impression première.
    « Deuxièmement, au point de vue psychologique. On sent partout le désir du " dédouanement ", chez les dirigeants, chez les notables, chez les militaires. Il y a une lutte entre le désir du contact et le souci de se défendre. Mais le souci du dédouanement semble prendre le dessus, et là, la popularité profonde de la France en Russie peut jouer son rôle. L'intérêt que la population nous porte s'est manifesté d'une façon éclatante.
    « Troisièmement. Les Russes ont la fierté collective de ce qu'ils réalisent ; et ils veulent réaliser davantage. D'où il suit qu'automatiquement, ils sont en rivalité avec les Américains. Pour se donner du courage, ils ont besoin d'un croque-mitaine en puissance. L'Allemagne joue ce rôle à leurs yeux, même s'ils ne sont pas entièrement dupes d' eux-mêmes sur ce point.
    « Quatrièmement. Le régime tient le pays, ce qui n'est pas très difficile, tant il est docile. Il n'y a sans doute pas d'adhésion profonde ni enthousiaste ; mais le régime est subi et paraît, dans l'ensemble, accepté. On est conscient qu'une forte discipline nationales'impose. Les querelles 1 essentielles du régime sont épousées par le peuple, surtout depuis la guerre, même s'il n'y met pas beaucoup d'ardeur. La détente s'étend d'ailleurs d'année en année. Le régime dure, mais se transforme. Il devient moins idéologique et plus technocratique. Ce ne sont plus les propagandistes, mais les ingénieurs, qui mènent le pays.

    « Ils considèrent que le contact avec l'Occident passe par la France »
    « Cinquièmement. Les entretiens se sont bien passés. Les divergences de vues sur l'affaire allemande ont été constatées ; sans insistance. Franchement, les Russes ne donnent pas l'impression d'avoir un penchant pour la guerre. Mais il ne faut pas leur marcher sur les pieds. Ils sont méfiants et réellement inquiets des manipulations belliqueuses des États-Unis. Ils sont donc pacifiques et inquiets.
    « Sixièmement. Ils sont satisfaits de la voie que nous avons prise. Vivant dans les slogans qu'ils se fabriquent à eux-mêmes, ils sont surpris de notre attitude 2 . Ils considèrent que le contact avec l'Occident passe par la France. Ils souhaitent que ce contact se maintienne. Notre politique, qui consiste à rompre avec la guerre froide, épouse leurs sentiments et leurs intérêts, comme elle épouse les nôtres.
    « Car nous ne nous cachons pas de partager l'inquiétude des Russes. On ne voit pas comment s'arrangeront pacifiquement les deux énormes développements américain et soviétique, qui sont si essentiellement guerriers.
    « C'est pourquoi il faudrait réunir l'Europe, en surmontant l'af faire allemande, grâce à la consécration des frontières et au désarmement atomique et, un jour indéterminé, par la réunification.
    « Au total, il faut donc nous donner les moyens d'exister par nous-mêmes et, en cas de drame, de choisir nous-mêmes notre direction. Ne disposeront d' eux-mêmes que ceux qui auront de quoi, notamment sur le plan militaire. Il faut bien en prendre son parti.
    « La France est considérée en Russie, un peu plus qu'elle ne le fut il y a quelques années, et un peu moins qu'elle ne le sera dans quelques années. »

    « Nous n'avons participé ni à Yalta ni à Potsdam »
    Kremlin, 21 juin 1966.
    Trois mois plus tard, j'en apprendrai davantage sur ces conversations de Moscou. Comme je dois y aller moi-même pour donner de l'impulsion à la coopération scientifique, le Général m'a reçu le 22 septembre 1966 pour me donner ses instructions 3 .
    À la fin de l'entretien, il me dit : « Il faut que vous mettiez des bûches dans le foyer. (Un silence.) Puisque vous serez le premier à revoir Kossyguine, sachez où vous mettez les pieds. Vous devriez jeter un oeil sur le verbatim de mes conversations de juin dernier. »
    Je ne me le fais pas dire deux fois. Les entretiens avec Brejnev et Kossyguine étaient

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