Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
que 2,5 millions de récepteurs en France au 1 er janvier 1962, contre 25 au 1 er janvier 1994.
    4 Un auditeur qui téléphone à la station, pour l'avertir d'un événement important dont il vient d'être témoin, bénéficie d'une prime.

Chapitre 21
    « L'ATTENTAT TOMBE À PIC»
    Après l'attentat du Petit-Clamart, la vie politique s'accélère. A la sortie du Conseil suivant, le 29 août , je déclare, sur les instructions du Général: «Le Président de la République a fait un exposé sur les réflexions que lui a suggérées l'attentat dont il a failli être victime. Ce que les tueurs visent avant tout dans le Président de la République, c'est le garant de la stabilité des institutions républicaines. Ce qu'ils veulent, c'est prendre sa place. Comme il est évident qu'ils ne pourraient pas s'y maintenir longtemps, ils détruiraient la stabilité retrouvée.
    « Le général de Gaulle a souligné devant le Conseil la nécessité de sauvegarder les institutions. L'attentat l'a amené à considérer que l'essentiel était d'assurer, quoi qu'il arrive et sans perdre de temps, la continuité de l'État. Il se dispose à prendre de son côté les initiatives nécessaires. L'attentat de la semaine dernière a permis à l'opinion de prendre conscience des risques qu'avait courus la République 1 . »

    Au cours de notre entretien, il m'a répété, en termes analogues, ce qu'il me déclarait depuis mai:
    « Il faut que mon successeur non seulement ait le droit, mais ressente le devoir, de prendre en charge le destin de la France et de la République. Si je disparaissais avant que cette réforme ait été votée, il arriverait à la V e République la même chose qu'à la III e après Mac-Mahon: le Président renoncerait de lui-même à ses prérogatives au profit du Parlement.
    — Mais, hasardé-je, la meilleure solution ne serait-elle pas que vous ayez un vice-président, comme c'est le cas aux États-Unis ? Vous avez bien introduit dans nos institutions les suppléants des députés et des sénateurs. Pourquoi le Président n'aurait-il pas son suppléant, alors qu'il est tellement plus important que chaque parlementaire? »
    Il rit: « C'est en effet une bonne raison, mais seulement en apparence. Justement, le Président est trop important. Un vice-président ne sera pas reconnu comme un Président légitime, s'il n'a pas été lui-même élu comme Président. La France est tropdifficile à gouverner. Il faut que le Président soit l'expression directe de la volonté populaire, si l'on ne veut pas qu'il soit contesté dès sa prise de fonctions.
    AP. — Et l'attentat vous permettra de mieux faire passer cette révision? »
    Le Général rit à nouveau: « Il tombe à pic. »

    Rien de changé dans sa pensée. Seulement, dans la déclaration qu'il me prescrit maintenant de faire, tout l'accent est mis sur l'attentat du Petit-Clamart. L'œil d'aigle a aussitôt perçu le parti qu'on pouvait tirer du sentiment populaire. Il ne fallait surtout pas faire état d'une réflexion de longue date: on l'aurait accusé d'avoir prémédité la mort de la démocratie parlementaire. Mieux valait se laisser porter par l'émotion des Français.
    Il faut effacer non seulement ce qu'il m'a dit, mais ce qu'il m'a fait dire le 30 mai, ainsi que ce qu'il a dit lui-même dans son allocution du 8 juin et qui est heureusement passé inaperçu. Convaincante démonstration de son principe selon lequel on parle toujours trop...

    « Nous vivons un précipité d'histoire »
    Le 3 septembre, dans notre tête-à-tête, il me confirme ce qu'il m'a dit précédemment et conclut avec une sorte de jubilation: « Cette année, les choses s'accélèrent. Nous vivons un précipité d'histoire. »
    Je me suis cru autorisé à laisser largement filtrer ce que je savais depuis plus de trois mois, mais en établissant cette fois un lien direct entre l'attentat et la décision d'organiser un référendum. Les éditorialistes que j'ai reçus, puis la presse entière, ont reflété ces conversations, où je suis allé assez loin.

    Le 12 septembre, au Conseil qui suit son retour d'Allemagne, le Général commence par dire en me regardant: «Tout est dit et je viens trop tard...» Puis il s'adresse aux ministres. Il parle lentement, et, comme d'habitude, sans notes.

    « Il s'agit d'assurer la pérennité des institutions. En 1958, j'ai fait approuver ces institutions par le peuple, à une majorité comme on n'en avait jamais vu dans l'histoire de la

Weitere Kostenlose Bücher