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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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texte au Général, qui l'a approuvé. Il demande à François Missoffe de me remplacer. On ne pouvait pas faire de meilleur choix : avec sa chaleur, sa verve, sa gouaille, sa débrouillardise, il fera merveille.
    1 Le lecteur voudra bien pardonner, dans ce chapitre, l'abondance de mes propos par rapport à ceux de De Gaulle. Il en allait ainsi avec les ministres techniques. Il voulait les faire parler; attentif, il intervenait le moins possible. Au contraire, son porte-parole cherchait à le faire parler: les rôles étaient inversés.

Chapitre 28
    « CROYEZ-MOI, C'EST FOUTU ! »
    Matignon, dimanche 28 octobre 1962.
    Soir du référendum sur l'élection présidentielle. Vers 11 heures, Pompidou me confie, dans son bureau de Matignon : « Le Général est très atteint. Il s'attendait à des chiffres voisins des trois premiers référendums. 62 % des votants, ça lui fait l'effet d'une défaite, parce que ça représente moins de 50% des inscrits. Il voulait rester à Colombey. Il est comme ça... J'ai eu toutes les peines du monde à le convaincre de revenir; et je ne suis pas encore sûr d'y avoir réussi. »

    Au Conseil suivant, le 31 octobre, le Général nous donne d'abord l'impression d'avoir complètement surmonté son abattement.

    Roger Frey, le premier, fait le point : « La campagne pour le non a été très vive. Les notables, les partis se sont déchaînés. Il y a eu matraquage de la presse qui est à 95 % pour le non — notamment celle de province. »

    « Ce que j'espérais était excessif, je le reconnais »
    Pompidou complète l'analyse : « Les résultats ne sont pas exaltants, compte tenu de l'habitude qu'on avait prise, mon général, de voir dans le référendum un acte de confiance en votre personne.
    « Les communistes, comme s'ils jouaient leur va-tout, ont fait du porte à porte, avec une masse de brochures, des fonds considérables. L'affaire de Cuba 1 n'a pas atténué leur ardeur. Les départements de l'Est et de l'Ouest, par patriotisme, ont répondu présents. Le Midi a manifesté son opposition traditionnelle à toute direction imprimée depuis Paris.
    « Aucun lien avec les difficultés économiques. Les plus mauvais résultats s'observent dans les départements où il y a la plus grande activité, comme les Bouches-du-Rhône, la Haute-Garonne, le Var, le Vaucluse (alors qu'ils ont été meilleurs dansdes départements endormis comme la Lozère et les Hautes-Pyrénées). Ce sont les rapatriés qui ont fait basculer ces départements, où ils forment un ferment de rébellion. Si l'on ajoute la tradition des partis radicaux, celle des pays de droit écrit, l'extrême droite avec son million de voix traditionnel, il en reste bien peu pour les partis de la IV e — c'est-à-dire l'ensemble des partis à la seule exception des gaullistes — qui avaient tout engagé dans cette affaire.
    GdG. — Le résultat n'est pas ce qu'on avait pu espérer et qui était sans doute excessif, je le reconnais. Ce qui s'est passé fait penser au référendum de 1945. Il y avait alors deux questions :
    « 1. Voulez-vous supprimer la III e République ? Tout le monde était d'accord, sauf les radicaux et les indépendants.
    « 2. Voulez-vous une organisation des pouvoirs publics qui limite la souveraineté des partis ? Là, il y avait l'opposition des communistes, des radicaux, des vichystes et de quelques socialistes, qui voulaient une assemblée unique et souveraine. Il y avait eu 66 % seulement de oui, alors que j'étais escorté par les socialistes, les MRP et les Indépendants.
    «En 1958, nous avons eu 80%; les 20% contre nous, c'étaient surtout les communistes; les vichystes avaient été remplacés par Poujade et par les frénétiques de l'Algérie française. En 1961, 75 %. En avril 1962, ça ne compte pas, tout le monde était pour le oui, sauf l'extrême droite, les pleurnichards de l'OAS.

    « Tout ce qui compte était contre de Gaulle »
    « Cette fois, pour la première fois, tous les partis sans exception étaient contre de Gaulle (sauf la formation qui se réclame de lui). Tous les journaux. Bref, tout ce qui compte, ou du moins estime compter. Il fallait arriver à passer par-dessus tout ça. En matière d'institutions, il n'existe pas de méthode d'accouchement sans douleur.
    « Quelles conclusions peut-on tirer ?
    « 1. Le pays n'a pas voulu le retour du régime des partis. Une large majorité considère qu'il est impossible de revenir au système de la IV e République. C'est un

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