Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
vacance du pouvoir.)
    « Attention, ne vous sauvez pas ! Il n'y aura pas de Conseil des ministres avant l'ouverture de la législature. »
    Et, prenant sous son bras la serviette noire où il range ses papiers, il conclut :
    « Le pays a franchi un pas très important. »

    Le 1 er janvier 1963, à l'Élysée, après les vœux, le Général bavarde un moment avec chacun d'entre nous, bien que nos jaquettes prédisposent peu à l'abandon. Il ironise aux dépens de Roger Frey : « Je croyais que vous m'aviez promis cent vingt socialistes 4 . »
    Ironie doublement injuste. Si quelqu'un a eu un pronostic infaillible sur notre victoire, à la différence de la plupart des ministres et de la quasi-totalité de la presse et du monde politique, y compris le Général, c'est Roger Frey. Et si quelqu'un s'était trompé sur la possibilité de s'appuyer sur les socialistes, c'est le Général lui-même...
    « La mauvaise foi du Général me confondra toujours », conclut Roger Frey avec bonne humeur.
    1 À Bayeux, le 16 juin 1946, de Gaulle, avec douze ans d'avance, a dessiné la Constitution de la V e République.
    2 D'ailleurs, tous les « planqués monteront au front aux élections suivantes, celles de mars 1967, sauf Malraux, l'incomparable, et Jeanneney, qui finira par se présenter en juin 1968 à Grenoble contre Mendès-France.
    3 La majorité de l'ancienne Assemblée est devenue minorité, et la minorité majorité. La nouvelle Assemblée compte 233 UNR et apparentés, 35 Républicains indépendants (on dit déjà « giscardiens »), soit 268 élus du oui sur 482 membres, dont 13 sans appartenance. Élus du non : socialistes et apparentés, 64 ; centre démocratique et apparentés, 55 ; communistes, 41 ; rassemblement démocratique et apparentés, 39.
    4 Il n'y en a en fait que 68 (65 SFIO et 3 PSU).

Chapitre 30
    « L'OPPOSITION EST EN DÉBRIS »
    Matignon, 4 décembre 1962.
    L'assurance de Pompidou fait plaisir à voir. Il a compris qu'il était le dauphin. Il s'est superbement tiré d'affaire dans le débat sur la motion de censure et les deux campagnes qui ont suivi. Ses entretiens télévisés ont crevé l'écran. Le Général a apprécié sa loyauté, qui l'a fait passer outre à sa perplexité sur la procédure. Il a découvert son habileté dialectique.
    Debré, candidat aux élections législatives en Indre-et-Loire malgré le conseil pressant du Général, a été battu. Fouchet, lui aussi, à en croire Pompidou, est éliminé de la course au delphinat.
    Pompidou me révèle : « Le Général a été à deux doigts de se retirer, après ce référendum qui l'a blessé et où il a vu le prélude à des élections catastrophiques. Il voulait me passer le flambeau : "C'est à vous d'essayer de gagner, je suis trop vieux." J'ai réussi à l'en empêcher. »
    Mais le Général croyait-il complètement à ce qu'il lui disait ? N'aurait-il pas sévèrement jugé son Premier ministre, si celui-ci n'avait pas aussitôt protesté ? Et sa confiance dans le destin national et dans sa propre étoile n'aurait-elle pas de toute façon repris le dessus ?

    « Respecter les délais prescrits par la Constitution »
    Ce 7 décembre 1962, le premier Conseil du cabinet Pompidou renouvelé aura duré moins d'une heure.
    GdG : « Notre ordre du jour est bref. Il n'en sera pas toujours de même. Le gouvernement n'a pas encore eu le temps de prendre ses marques. »
    Il est pressé de mettre la nouvelle Assemblée au travail. Pierre Dumas, appuyé par Pompidou, répond qu'il faut laisser aux nouveaux députés le temps de s'installer, qu'il ne faut pas les bousculer, qu'ils sont exténués par leur campagne. Il n'ose pas ajouter que les fêtes approchent, mais on a l'impression qu'il le pense.
    Le Général reprend, impérieux : « Les circonstances sont exceptionnelles. L'ancienne Assemblée a été dissoute au début de la session ordinaire d'automne. La nouvelle arrive après deux mois de fermeture du Palais-Bourbon. Pourquoi on se gênerait ? C'est un cas de force majeure. Les jours passent; les délaiss'allongent; le budget n'est pas voté ! Pourquoi ne pas faire état de cette nécessité urgente ? Il faut respecter les délais prescrits par la Constitution !
    Dumas. — Mais le rapporteur général n'est même pas désigné !
    GdG. — Le bras du gouvernement est assez long pour obtenir que la question du rapporteur général soit rapidement réglée ! On ne demande pas aux députés de siéger le jour de Noël, mais ça

Weitere Kostenlose Bücher