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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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n'empêchera pas la session d'être ouverte !
    « Les effets juridiques du vote du budget ne se font sentir que quand il est acquis. Il faudra faire des décrets d'avances, pour qu'il n'y ait pas de temps perdu et qu'il n'y ait pas de retard des investissements. Admettons que les délais courent à partir du 22 décembre, dès la clôture de la session ordinaire. »
    Pompidou, qui aime à dire qu'on n'est jamais aussi tranquille que lorsque le Parlement n'est pas en session, se résigne devant cette injonction : « Il est de l'intérêt général que le délai de soixante-dix jours qui se termine le 20 février ne soit pas allongé. »
    Quand la séance est levée, les nouveaux ministres échangent des propos admiratifs sur la manière dont le Général, qui a parlé sans note, possède son droit parlementaire. Il est vrai qu'il ne connaît si bien le règlement des deux assemblées que pour mieux les ficeler...

    « C'est l'Assemblée qui se présente au gouvernement »
    Après le Conseil du 7 décembre 1962, où j'ai retrouvé mes fonctions de porte-parole, le Général me dit d'abord : « Quand vous avez pris les Rapatriés, vous m'avez dit que vous regrettiez de quitter les journalistes. Je vous les rends.» Il n'a rien oublié, alors que tant de choses plus importantes se sont passées dans ces trois mois. Le ton est sarcastique. Je sens qu'il ne va pas résister à me plaisanter. Il hésite quelques secondes, puis finit par laisser tomber : « Je vous souhaite bien du plaisir ! »
    Il ne me dit pas, cette fois, tout le mal qu'il pense de mes interlocuteurs retrouvés. Les raisons de leur en vouloir n'ont pourtant fait que croître : il n'y a guère de journaux qui n'aient fait campagne pour le non au référendum. C'est si évident qu'il n'insiste pas.

    Il met ses mains fines bien à plat sur son bureau : « Ce qui est censuré, c'est la censure. Le peuple a désavoué l'Assemblée que j'ai dissoute. Les censeurs ont été battus. C'est un retournement historique.
    AP. — Je vais annoncer que le gouvernement se présente devant l'Assemblée le...
    GdG (vivement). — Se présente ? Gardez-vous bien de cette expression ! Le gouvernement est resté en gros le même, tandis que l'Assemblée a été complètement renouvelée. Alors, ce n'est pas le gouvernement qui se présente à l'Assemblée, c'est l'Assemblée qui se présente au gouvernement !
    « Essayez de faire comprendre aux journalistes que les objectifs de l'Etat demeurent les mêmes : la mise en place de nouveaux rapports avec l'Afrique et l'Algérie, la force de frappe, la construction de l'Europe, la réconciliation franco-allemande, une politique étrangère indépendante, l'expansion industrielle, la modernisation de l'agriculture. Le style seulement va changer, car le référendum et les élections renforcent ce qui, dans l'Etat, portait la marque de la V e République, et désagrègent ce qui portait encore la marque de la IV e . Nous avons connu depuis quatre ans une époque de transition. Elle est désormais achevée.
    «La cohésion du gouvernement est maintenant totale. Le gouvernement procède du Président de la République, et non pas du Parlement. Le régime parlementaire, c'est fini. La délibération est nécessaire, mais elle n'est pas suffisante : ce qui prime, c'est l'action. »

    (Au déjeuner qui suit, je répète en riant à Pompidou la formule du Général : « C'est l'Assemblée qui se présente au gouvernement. » Pompidou, inquiet : « Vous n'avez pas dit ça aux journalistes ? »)

    « Après une dissolution, le Président doit s'en aller s'il est désavoué »
    Profitant du tête-à-tête retrouvé avec le Général en même temps que la fonction de porte-parole, je reviens sur une question restée pour moi sans réponse :
    « Vous nous avez dit l'autre jour que la continuité du régime ne dépendait pas des élections législatives. Mais vous aviez annoncé votre départ si vous les perdiez. Croyez-vous que, dans ce cas, le régime se serait maintenu ?
    GdG. — Des élections législatives, par elles-mêmes, ne peuvent pas changer la Constitution. Mais je reconnais que, si l'opposition avait gagné ces élections-là, elle se serait hâtée d'infléchir le jeu des institutions d'une manière qui aurait fini par remettre en cause le régime. Surtout si elle avait eu, avec le Sénat, une majorité des trois cinquièmes pour réviser la Constitution à sa guise.
    AP. — Encore aurait-il fallu que le prochain Président de

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