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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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empire, à son tour, prétend à l'hégémonie. Il en sera de même jusqu'à la fin du monde.
    « Quelle est la deuxième réalité internationale ? La Russie. En pratique, elle a sans doute renoncé à diriger le monde et comprend que son heure est passée. Mais elle ne veut pas être bouffée et elle a raison.
    « Et quelle est la troisième réalité internationale ? C'est la France. Nous sommes en ce moment les seuls, en dehors des Américains et des Russes, à avoir une ambition nationale, à nous y tenir et à avoir le courage de le dire.
    « En dehors de ces trois réalités internationales, il n'y a que des nébuleuses, il n'y a que des pays divisés contre eux-mêmes, il n'y a que les éternels candidats, il n'y a que les perpétuels hésitants. »

    « La France est la lumière du monde »
    Élysée, le 13 février 1963. Le Général développe à nouveau devant moi ce thème des trois seules puissances qui comptent : « En dehors des deux colosses, il y a une autre réalité internationale, il n'y en a pas deux : c'est la France, qui est beaucoup plus petite, certes, que les deux autres, mais qui sait ce qu'elle veut, qui sait où elle va, et qui a un rôle immense à jouer.
    « Évidemment, les canons, les divisions, nous en avons moins que les deux mastodontes. Bien sûr, nous ne sommes plus le gros animal, nous ne possédons plus la puissance de jadis. Il y a les fusées, mais il y a aussi les idées. La magistrature de la France est morale. En Afrique, en Asie, en Amérique du Sud, notre pays est le symbole de l'égalité des races, des droits de l'homme et de la dignité des nations.
    « La France représente quelque chose d'essentiel. Elle avait exagérément décliné depuis un siècle. Elle doit reprendre sa place. »
    Il me raccompagne à la porte, et, après un silence, il se redresse de toute sa taille. Il est envahi tout à coup de cette beauté qu'ont les êtres qui disent ce à quoi ils croient de toute leur âme :
    « Voyez-vous, notre pays se distingue des autres en ce que sa vocation est plus désintéressée et plus universelle que celle d'aucun autre. La France, chaque fois qu'elle est elle-même, est humaine et universelle. La vocation de la France, c'est d'œuvrer pour l'intérêt général. C'est en étant pleinement français qu'on est le plus européen, qu'on est le plus universel. Il y a eu un rôle de toujours de la France, qui l'a toujours distinguée des autres pays. Alors que les autres pays, quand ils se développent, essaient de soumettre les autres à leurs intérêts, la France, quand elle arrive à développer son influence, le fait pour l'intérêt de tous. Il y a un rôle de toujours de la France. C'est pour ça qu'elle jouit d'un immense crédit. C'est pour ça que toutes les cloches d'Amérique latine ont carillonné pour la libération de Paris. Parce qu'elle a été pionnière pour l'indépendance américaine, pour l'abolition de l'esclavage, pour le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Parce qu'elle est championne de l'indépendancedes nations, contre toute hégémonie. Tous le sentent obscurément dans le monde ; la France est la lumière du monde, son génie est d'éclairer l'univers 5 . »

    Salon doré, 10 avril 1963.
    GdG : « Voyez-vous, Peyrefitte, il faut être serein ! Tout va bien pour la France ! Elle a un magnifique avenir devant elle ! Elle a repris son rang. On a voulu dire depuis trois mois qu'elle était entourée d'hostilité, qu'elle ne savait plus où aller. Nous avons tenu ferme sous la bourrasque. Et voilà que maintenant se manifeste partout un désir général de se rapprocher de nous. Nous pouvons bien laisser dire que la France veut maintenant la détente (il appuie, de manière à ridiculiser la formule). Cela m'est complètement égal. La France n'a jamais voulu la tension. Elle n'a jamais attaqué personne. Elle n'a jamais empêché les Américains, les Anglais, les Allemands, les Italiens, de faire leur force multilatérale si ça les amuse. Elle s'est contentée de dire que ça ne l'intéressait pas pour sa part. Mais ce langage-là, si calme soit-il, c'est un langage inouï ! Personne n'aurait osé parler ce langage jusqu'à ces dernières années ! Alors, on ne s'y fait pas encore.»
    S'y fera-t-on jamais ?

    « Les Français redeviennent français »
    Préfecture de Mézières, 23 avril 1963.
    Au soir d'une tournée exténuante pour nous mais qui le régénère, le Général est décidément en veine de bavardage.
    AP : « Le

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