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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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question d'âge qui a suscité la remarque suivante ?
    GdG : « On parle des enfants prodiges. Mais il y a des vieillards prodiges. Adenauer en est un. »
    Il est revenu, par le biais de l'âge, à ce qui l'occupe le plus en ce mois : la réconciliation franco-allemande, déjà bien engagée grâce à l'affection née depuis quatre ans entre les deux hommes, et qui doit, dans un mois, connaître en Allemagne sa consécration. Il voue ce mois d'août à la préparation de ses discours.
    Nous retournons au salon. Le Général fait asseoir Eisenhower à côté de lui sur un canapé. Ike rappelle à son hôte qu'avant de s'installer en Angleterre pour préparer le débarquement en Normandie, il était venu prendre congé de lui à Alger.

    « You are a man »
    « Je vous avais dit l'agrément que m'avaient procuré nos bonnes relations, quelquefois rudes mais toujours franches. Je vous avais exprimé mon regret de vous avoir d'abord mal jugé, parce qu'on m'avait prévenu contre vous en prétendant que vous n'étiez pas un démocrate, mais un dictateur. J'avais bien vu, en vivant près de vous, que ce n'était pas le cas, et que vous étiez seulement un patriote exigeant. Alors, vous m'avez donné l'accolade, en me parlant anglais pour la première fois : " You are a man ! " 6 »
    Après avoir raccompagné Eisenhower sur le perron, le Général, toujours aussi souriant, me dit : « Je l'ai trouvé en excellente forme. Vous verrez qu'ils sont fichus de le ressortir dans deux ans pour les prochaines élections 7 . Ma foi, il ne ferait pas plus mal qu'un autre. Au moins, lui, il est prudent ; il a de l'expérience ; et il écoute les conseils. » Un caillou dans le jardin de Kennedy.

    Je prends congé, avec le sentiment d'une attente déçue. Dans ces occasions, il est vrai, le Général ne fait guère d'effort pour aller au fond des choses. Il n'a plus rien à prouver à Eisenhower. Il n'a plus rien à attendre de lui. Être amical est une des obligations que de Gaulle impose à Charles. Il s'y soumet de bonne grâce. Mais quiconque a d'autres occasions de connaître la façon dont il s'engage dans ce qu'il fait, peut se répéter l'adage latin : « Même Homère somnole parfois. » Ah, si j'avais osé, les voyant réunis et décontractés, poser les questions qui me brûlaient les lèvres...
    1 Je n'ai pas noté sur le moment en quoi Kennedy, selon Eisenhower, se trompait.
    2 Voir ci-dessous, p. 494.
    3 Le 8 septembre 1961.
    4 La suite montrera le contraire : quinze jours plus tard, c'est l'itinéraire qui sera pris quand sera perpétré l'attentat du Petit-Clamart.
    5 Où il y a alors une cinquantaine d'enfants anormaux, comme l'avait été sa propre fille, Anne. Cette fondation est gérée par Georges Pompidou.
    6 Réminiscence involontaire, ou plutôt citation consciente ? « Vous êtes un homme ! » C'est par ces mots que Napoléon I er avait accueilli Goethe à Erfurt, le 2 octobre 1808. Bon connaisseur de la littérature allemande, comme de l'histoire, de Gaulle ne pouvait guère ignorer cette interpellation célèbre.
    7 De Gaulle oublie que, depuis le 22 e amendement à la Constitution américaine, un troisième mandat n'est pas possible.

Chapitre 6
    «NE LAISSONS PAS LES CHINOIS MIJOTER DANS LEUR JUS »
    Le 6 juin 1962, le Général me parle pour la première fois de ses projets pour la Chine. Il a présidé le Conseil, il m'a donné ses instructions, il a fait son travail ; il se détend. Il revient sur sa conversation avec Macmillan au château de Champs, trois jours plus tôt.

    « L'intérêt du monde sera de parler avec les Chinois »
    GdG : « Nous avons parlé des Chinois. Macmillan est inquiet de la masse et de la puissance que représente la Chine. Il voudrait l'entourer d'un cordon sanitaire. Il pense qu'elle menace les pays auxquels s'intéressent les Anglais, à commencer par l'Inde. Il dit que partout où il y a des colonies chinoises — comme à Bornéo, en Malaisie, à Singapour —, il faut dresser les Malais contre elles. Il voudrait réunir ces trois pays en une fédération, où les Malais seraient majoritaires et domineraient les Chinois.
    « Je ne partage pas ces inquiétudes. Les Chinois se dévorent eux-mêmes. J'ai l'impression que leur système ne leur permet pas de réussir. Ils sont trop nombreux, trop misérables. Que voulez-vous qu'ils fassent contre leurs voisins, contre l'Inde qui est tout aussi misérable et tout aussi surpeuplée ? Bien sûr, ils pourront un jour faire des

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