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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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bombes atomiques, mais ce ne sont pas elles qui les feront manger. Ils ne pourront s'en sortir que s'ils s'ouvrent au monde entier, et que le monde entier vienne les aider. Ils n'en ont pas pris le chemin. Simplement, plus le monde entier se défie d'eux et les repousse, plus ils se sentent enfermés dans une impasse.
    « L'intérêt du monde, un jour ou l'autre, sera de parler avec eux, de s'entendre avec eux, de faire des échanges commerciaux avec eux pour leur permettre de sortir de leurs murailles. La politique du cordon sanitaire n'a jamais eu qu'un résultat, c'est de rendre dangereux le pays qui en est entouré ; ses dirigeants cherchent des diversions à leurs difficultés, en dénonçant le complot impérialiste, capitaliste, colonialiste, etc. Ne laissons pas les Chinois mijoter dans leur jus. Sinon, ils finiraient par devenir venimeux. Il se pourrait bien qu'un jour ou l'autre, nous soyons amenés à les reconnaître et à donner l'exemple au monde. Naturellement, pas un mot de tout ça. »
    L'OAS fait rage, les Français d'Algérie s'enfuient, la presse compte les jours de survie qui restent au régime, la France craque de partout, mais de Gaulle prépare un référendum sur l'élection du Président au suffrage universel, et médite de reconnaître la Chine. Il ne pense qu'à l'avenir, alors qu'on n'en donne aucun à cet « homme du passé ». Curieuse impression d'irréel.

    « Les institutions internationales ont, une fois de plus, manifesté leur nullité »
    Le 7 novembre 1962, en Conseil, on parle de la Chine à la fois à cause de la crise de Cuba et du conflit qui l'oppose à l'Inde. Couve signale que les critiques se multiplient à Pékin contre l'Union soviétique : on reproche à Khrouchtchev la légèreté avec laquelle il a installé des bases soviétiques à Cuba et la faiblesse déshonorante avec laquelle il les démantèle.
    Couve : « Dans le conflit entre la Chine et l'Inde, tous les Indiens se serrent derrière Nehru, même le parti communiste indien. Mais c'est un dur réveil par rapport à la politique "d'indépendance dans la neutralité" qui permettait aux Indiens de faire la leçon au monde entier. Une grande partie du tiers-monde a pris position en faveur de la Chine.
    « Nehru a écrit au général de Gaulle pour lui exposer la situation. Vous lui avez répondu pour exprimer la sympathie de la France et votre réprobation de principe à l'égard de l'agression dont son pays a été victime. Aussitôt, cette lettre a été publiée, en première page et en gros titres, par toute la presse indienne.
    « Derrière ce conflit, il y a la volonté d'affirmer la Chine comme la grande puissance de l'Asie. L'Europe n'est pas directement en cause ; mais le monde entier est concerné, donc l'Europe.
    GdG. — Pour l'Inde, nous ne pouvons pas faire grand-chose, sinon lui donner notre appui moral et lui fournir des armes...
    « Ces deux événements, l'affaire de Cuba et le conflit de la Chine et de l'Inde, sont de la plus haute importance. Ils ont l'air d'être sans rapport, mais ils se rejoignent. Le fait national l'emporte de plus en plus sur les autres. Pour les Américains, c'est un succès national face aux Russes. Pour Cuba, c'est une réaction nationale face aux Américains. Pour les Soviets, s'ils ont mis les pouces, c'est parce que la nation russe n'a pas envie de se battre pour Cuba. L'Union soviétique ne peut pas contraindre les Russes s'ils ne veulent pas.
    « Chaque fois, c'est l'instinct profond du peuple qui l'emporte. Il en est de même pour l'Inde face à la Chine, pour la Chine face aux Russes.
    « Le sentiment national, chaque fois qu'il arrive quelque chosede grave, est la base de tout. Dans les périodes calmes, on l'oublie. Dans les cas de danger pressant, on ne peut pas faire prendre des vessies pour des lanternes.
    « Il n'y a plus que la nation qui compte. Les institutions internationales ont, une fois de plus, manifesté leur nullité. U Thant a été ridicule. Quand on veut faire un contrôle et pas seulement parler de contrôle, il faut... faire appel à la Croix-Rouge. (Rire.)

    « La Chine boulottera les Russes quand elle sera la plus forte »
    « Nous assistons à l'affrontement de deux énormes masses, la Russie et la Chine, qui vont se séparer de plus en plus. Les Russes seront dans une position de plus en plus difficile. De deux choses l'une. Ou ils restent avec la Chine, mais elle les boulottera quand elle sera la plus forte. Ou ils sont contre, mais

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