Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
alors c'est la fin des Rouges et le camp communiste s'effondrera. C'est peut-être déjà fait. »
    Ainsi, le Général prend parti pour l'Inde contre la Chine, parce que la première est agressée et la seconde l'agresseur. Mais il ne dit rien qui puisse laisser entendre qu'il ait renoncé au projet, dont il m'avait fait part, de reconnaître la Chine.

    Au Conseil du 21 novembre 1962, Couve reparle du conflit entre l'Inde et la Chine, qui a tourné à la déroute de la première, malgré l'aide occidentale. « Ce qui s'est passé est déconcertant. Trois résultats : prestige pour la Chine communiste ; humiliation pour l'Inde ; difficultés entre la Chine et la Russie. »
    Malraux intervient bizarrement, comme cela lui arrive de temps à autre quand il sort de son mutisme habituel. « Pourquoi l'aviation indienne a-t-elle brillé par son absence ? Ne serait-ce pas parce que les aviateurs sont hostiles à Menon 1 ?
    Couve de Murville (d'un ton dédaigneux). — Personne n'y pense. »
    Le Général vient au secours de Malraux : « Peut-être qu'il y a eu des chichis entre Menon et les aviateurs. Qui peut le savoir ? » Il ne supporte pas qu'on rabroue son cher Malraux.

    Au Conseil du 12 décembre 1962, Pompidou, en nous donnant les grandes lignes de sa déclaration devant la nouvelle Assemblée — fin de la guerre d'Algérie, demande de la Grande-Bretagned'entrer dans le Marché commun, réconciliation franco-allemande —, indique qu'il tirera les conclusions de la crise de Cuba et du conflit sino-indien.
    GdG : « La crise de Cuba et le conflit sino-indien sont la démonstration qu'il n'y a que la résolution des nations libres, c'est-à-dire la force de leur sentiment national, qui soit capable de faire reculer les agressions des régimes totalitaires. »

    « La Chine à l'ONU ? Ça ne déparerait pas la collection ! »
    Salon doré, 24 janvier 1963. Le Général évoque de lui-même devant moi les thèmes possibles de ses futures interventions, comme s'il était émoustillé par la tempête qu'a soulevée sa conférence de presse d'il y a dix jours : « La Chine, voilà encore un grand sujet. Qu'est-elle en train de devenir ? Que représentera-t-elle dans les vingt ans à venir ?
    AP. — Songez-vous toujours à la reconnaître ?
    GdG. — Oui, naturellement, il faudra bien que je le fasse...
    AP. — La Grande-Bretagne l'a bien fait.
    GdG. — Non, elle l'a fait sans le faire, ça ne tire pas beaucoup à conséquence. Elle y a seulement un chargé d'affaires. Il sert surtout à maintenir des relations commerciales. Entre eux, il y a Hong-Kong, qui rend des services aux uns comme aux autres.

    AP. — Le jour où vous reconnaîtrez la Chine, les Américains seront fous furieux.
    GdG. - Eh bien ? (Il sourit, de l'air de dire : "Raison de plus.")
    AP. — Si nous reconnaissons la Chine, elle finira par entrer à l'ONU !
    GdG. — Et alors ? L'ONU ? Ça ne déparerait pas la collection !
    « D'ailleurs, les Américains évoluent. Ils sont en train de se demander s'il n'y aurait pas intérêt pour eux à reconnaître la Chine. Pour le cas où la Chine se disputerait avec la Russie, ce serait peut-être un moyen pour eux de reprendre de l'influence en Chine, et de souffler sur le feu.
    « Voyez-vous, les Américains se nourrissent de mythes. Tantôt, c'est un conseiller du Président qui est particulièrement écouté ; alors, c'est la lubie de ce conseiller qui devient la lubie de l'Amérique. Tantôt, c'est une autre coterie qui enfourche un cheval de bataille, et tout le monde emboîte le pas. Les Américains sont à lubies, comme les enfants et les femmes ! »
    Ne simplifie-t-il pas un peu ? Leurs performances sont quand même étonnantes... Il se tait un instant, mais je sens qu'il va poursuivre :
    « Les pauvres Indiens, reprend-il, ont été écrasés. Ce n'est pas pour autant que nous devons les lâcher et nous précipiter vers les Chinois. Mais il est clair que les Chinois, ça représente quelque chose. Adenauer m'avait dit il y a quelque temps que l'Inde, ça n'était pas grand-chose, que Nehru était un moins que rien, un paltoquet et qu'il regrettait chaque mark versé à l'Inde. Il croit que les Russes vont être obligés de s'entendre avec l'Occident pour renforcer leur position face aux Chinois. Il considère, lui aussi, que la Chine va tout faire, dorénavant, pour accroître sa puissance et pour peser tant sur les Occidentaux que sur la Russie. Raison de plus pour ne plus la laisser s'enrager dans

Weitere Kostenlose Bücher