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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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celui-là ? Ça lui aurait donné un caractère agressif. L'affaire est close. »
    Ainsi, il y a trois cercles. Pour le cercle extérieur, on ne ditrien, pas même au Journal officiel ; le secret doit être gardé, fût-il celui de Polichinelle. Pour le cercle restreint du Conseil des ministres, le langage est châtié : « J'ai fait une sottise. » Pour le cercle rapproché, la sottise devient connerie.

    « La justification essentielle des États, c'est la défense »
    À ce même Conseil du 11 juillet 1962, la Défense nationale est réorganisée.
    Pompidou (qui me demande à la sortie de faire état de son intervention) : « La fin de la guerre d'Algérie marque un tournant pour la Défense nationale. Depuis 1946, l'armée française était accaparée par des guerres coloniales. Elle va pouvoir se consacrer à sa fonction essentielle, la défense nationale, c'est-à-dire la défense du sol national contre une attaque éventuelle, qu'elle soit conventionnelle ou nucléaire. On va procéder en outre à la création d'une force d'intervention française, capable de se porter n'importe où dans le monde avec des moyens appropriés, à la manière des marines américains.
    GdG. — La justification essentielle des États et par conséquent des gouvernements, c'est de défendre le pays dont ils ont la charge. Il ne faut donc à aucun prix qu'ils s'en dessaisissent. Nous sommes contre l'intégration 2 , parce que c'est le découronnement, le dessaisissement de l'État et donc du pays.
    « La deuxième raison pour laquelle je suis contre l'intégration, c'est qu'elle démolit, disqualifie et abaisse le commandement. »
    Messmer précise le rôle plus important donné aux chefs d'état-major des trois armes et à leur réunion.
    Pisani : « C'est un système vicieux ! Les chefs d'état-major sont tentés de commander chacun leur arme comme une corporation refermée sur elle-même ! Leur réunion, où chacun veillera à ce que les deux autres ne s'occupent pas de lui, ne doit pas avoir d'existence !
    GdG (sans aucune impatience, explique aimablement, comme s'il appréciait la contradiction). — Il y a sur notre planète trois éléments différents : la terre, la mer et l'air. C'est la nature des choses. On ne peut pas faire donner des ordres à la marine par un militaire de l'armée de terre, etc. Il faut tenir compte de cette réalité, même si la coordination est nécessaire. Vous ne l'empêcherez pas. De toute façon, on ne peut jamais fixer les choses endisant : « C'est comme ça et pas autrement. » Il en est de la Défense nationale comme de la politique. On ne peut l'enfermer dans des textes. Elle est sans rivages. »

    « Ils se dénationalisaient eux-mêmes »
    Après le Conseil, je reviens sur une expression qui m'a surpris : AP : « Pourquoi avez-vous dit tout à l'heure que l'intégration disqualifie le commandement ? Est-ce que ça ne le qualifie pas davantage, au contraire, de se frotter au commandement américain, anglais, allemand, de savoir comment pensent et travaillent nos partenaires, d'adopter leurs techniques si elles sont meilleures, de nouer des liens avec eux ?
    GdG. - Pour adopter les techniques de l'étranger quand elles sont meilleures, il y a d'autres méthodes que de se placer sous son commandement ! Il suffit de coopérer, de faire des échanges, des stages, des voyages d'études ! Mais prendre l'habitude de se soumettre à un commandement soi-disant intégré, qui est lui-même soumis au seul Président des États-Unis, c'est se soustraire à l'État et au pays, c'est perdre son âme !
    AP. — Mais quand des officiers sont affectés à l'état-major de l'OTAN, à Fontainebleau ou à Rocquencourt, ce n'est guère qu'un stage prolongé, ils savent bien que le reste de leur carrière se déroulera dans l'armée française.
    GdG (placidement). — Détrompez-vous ! Il faut que la défense de la France soit française. Nous avons besoin d'une armée qui soit la nôtre. D'où croyez-vous qu'est venu le putsch d'Alger ? Au moins en partie, du fait que nos généraux et nos colonels avaient pris l'habitude d'un commandement qui se dénationalise. Ils se dénationalisaient eux-mêmes insensiblement. Ils perdaient le sens de l'État et de la nation, le respect de la hiérarchie nationale, sans lequel il n'y a plus d'armée, il n'y a plus d'État, il n'y a plus de nation.
    « Et ce qui est vrai du commandement militaire est vrai aussi des gouvernements. Si le gouvernement n'assume pas la défense

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