Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
qui m'y a fait entrer, en me couchant sur la liste de ses bonnes œuvres avant son départ. Le gouvernement de Félix Gouin a tenu à honorer ce testament. Mais le Général, depuis cette époque, l'a oublié. S'il savait que je dois ce titre à sa faveur, je perdrais à ses yeux la moitié de ma valeur. Ou plutôt, les neuf dixièmes. Surtout, ne le détrompez pas ! Vous, il ne vous a à la bonne qu'à cause de vos peaux d'âne, sinon il n'accepterait jamais de répondre aux questions que vous lui posez.
    « Je lui ai dit un jour : " Vous êtes dur avec vos anciens serviteurs". Il m'a répondu : "Mais comment ? Regardez comme je vous ai traités, vous, Courcel, Burin." Courcel, Burin et moi, nous sommes ses alibis. Il s'estime quitte avec les autres, au prétexte qu'il a été bienveillant envers nous trois. »
    Manque d'assurance, comme le suggère Pompidou, ou plutôt méfiance à l'égard de tout ce qui pourrait ressembler au règne de la faveur ? De Gaulle est un janséniste politique.

    Et pourtant, de ces hommes qui sont venus vers lui — que ce soit à Londres, ou au RPF, ou par la politique, ou par les grands corps — il fait ses compagnons. Il les adoube. Mais il ne perd pas son ton de moquerie mordante.
    Après un dîner à la préfecture de Fort-de-France, le 25 mars 1964, quand tous les invités sont partis, Jacquinot, sa femme et moi entourons un instant le Général. « N'est-ce pas, général, lui demande Mme Jacquinot en nous montrant tous deux du menton, que, si vous étiez Napoléon, vous les auriez faits comtes? » Se voit-elle comtesse ?
    Comme pour augmenter ses regrets, le Général lui lance froidement : « Non, Madame, je les aurais faits ducs. »
    1 Ce mot, les Français l'ont découvert le dimanche 19 mai 1968, dans la bouche de Pompidou qu'interrogeaient des journalistes dans la cour de l'Élysée (« La réforme oui, la chienlit non »). Il faisait depuis de longues années partie du vocabulaire courant du Général.
    2 Après un échec en Indre-et-Loire en novembre 1962, Michel Debré se présentait pour la première fois dans ce département d'outre-mer, à l'occasion d'une élection partielle.
    3 Ainsi Courcel, Boegner, Burin des Roziers, Brouillet, Galichon, Goetz, Levêque, Maillard.
    4 C'est-à-dire nommés par le pouvoir politique.

Chapitre 7
    « IL FAUT DÉTRUIRE CE SÉNAT »
    Une légende s'est créée : le Général aurait inventé le référendum du 27 avril 1969, qui provoqua sa chute, parce qu'il lui fallait absolument inventer un substitut à celui qu'il avait annoncé onze mois plus tôt, le 24 mai 1968, comme exutoire à la rébellion de mai, et auquel Georges Pompidou l'avait obligé à renoncer.
    Les buts du référendum de mai avaient été atteints autrement. Calmer les troubles et rétablir l'autorité de l'État ? La dissolution de l'Assemblée et les élections de juin y avaient réussi. Réorganiser l'Université ? La loi d'orientation d'Edgar Faure s'en était chargée. La participation sociale ? Des lois que préparait Maurice Schumann y pourvoiraient. Mais comme il fallait bien organiser la consultation annoncée, le Général aurait improvisé une réforme du Sénat, du Conseil économique et social et des régions.
    Certains, comme André Malraux, ont même affirmé qu'il serait allé chercher ce sujet saugrenu pour obliger les Français à le délier de son engagement d'aller au bout de son mandat. Il aurait ainsi inventé une forme subtile de suicide politique.
    La vérité me paraît toute différente. La disparition du Sénat, ou plus exactement sa transformation, était un des projets constants du Général depuis 1962, ainsi que l'exaltation du Conseil économique et social et des régions. S'il y a eu improvisation, c'est dans l'annonce d'un référendum sur l'Université et la participation en mai 68, non dans le lancement de celui d'avril 1969 sur le Sénat et la régionalisation.

    Homéopathie ou chirurgie
    Matignon, 2 octobre 1962.
    La prise de position violente de Gaston Monnerville, au congrès radical de Vichy, contre le référendum sur l'élection populaire du Président, et l'insulte lancée explicitement à Pompidou et implicitement à de Gaulle, soulèvent un sérieux problème politique : le troisième personnage de l'État a accusé les deux premiers de forfaiture.
    « Ou Monnerville s'excuse, ou encore le Sénat le désavoue, et nous pouvons considérer l'incident comme clos, me déclareGeorges Pompidou. Sinon, il faut enfoncer cette

Weitere Kostenlose Bücher