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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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piteux résultats. Il s'est mis à dos ses collègues étrangers. Y... s'entraîne chaque semaine au tir instinctif dans les fourrés de Rambouillet avec les gorilles du Général. Vous voyez le genre ! »
    En revanche, les vieux-gaullistes trouvaient que le Général avait des faiblesses coupables pour de hauts fonctionnaires qui s'étaient tout simplement donné la peine de passer des concours et n'avaient pris les risques ni de la Résistance, ni du combat politique.

    « Étant donné votre insistance »
    Au Conseil du 16 janvier 1963.
    Pompidou : « Je n'ai pas besoin de présenter au Conseil des ministres M. Olivier Guichard, que je propose au Conseil comme délégué à l'Aménagement du territoire. Il est à votre cabinet, mon général, depuis 1947...
    GdG (bougon). — Oui... Oui...Enfin... On verra comme il s'en tire... En tout cas, je constate avec satisfaction que vous ne le nommez pas délégué général.
    Pompidou. — Je pourchasse cette appellation. »
    Voilà le principal auteur du retour du « patron ». Par son audace, son entregent, son doigté, il a réussi, à la fois, à convaincre les militaires d'Alger que de Gaulle les encourageait à la rébellion, et le monde politique de Paris qu'il les retenait. Il a hissé l'intoxication au niveau de l'un des beaux-arts. Et seulement quelques personnes le savent. Le Général lui-même l'ignore, ou veut l'ignorer. Mais comme il se doute un peu queson collaborateur a feint d'être mandaté alors qu'il ne l'était nullement, il le tient à bout de gaffe...
    Guichard se verra encore, par la suite, refuser par le Général la présidence d'Air-France. Mais soudain, en 1967, tout s'éclairera : élu député de Loire-Atlantique, il sera aussitôt nommé ministre. Et un ministre écouté. C'est de Gaulle : le sacre du suffrage universel efface tout.

    Conseil du 3 juillet 1963. Roger Frey propose la nomination comme préfet d'un des plus anciens, des plus fidèles, des plus précieux collaborateurs du Général.
    GdG : « Vous ne trouvez pas que sous-préfet, ça suffirait ? On aurait pu lui rendre service à lui-même en le faisant commencer comme sous-préfet... Mais, étant donné votre insistance et celle du Premier ministre, j'aurais mauvaise grâce à m'y opposer et je ne m'y oppose pas. »

    Salon doré, 7 janvier 1963. Pompidou et Guichard m'ont demandé de prendre à mon cabinet un vieux-gaulliste, pour pallier justement mon insuffisance personnelle à cet égard et les méfiances qu'elle suscite à l'UNR. « Mais vous ne pouvez pas l'embaucher sans demander l'autorisation du Général, car on a déjà essuyé une rebuffade à son sujet. »
    Le Général se récrie : « Lui ! Mais c'est une épave ! Il est à la côte ! On ne peut pas mettre une ruine pareille dans un cabinet ministériel ! Votre cabinet, c'est vous-même ! Vous ne pouvez pas vous entourer de pareilles médiocrités ! Vous devez protéger la dignité de votre fonction ! »

    « Je les aurais faits ducs »
    Je rends compte à Pompidou de cette démarche infructueuse. Il me répond, avec un sourire un peu triste : « Vous êtes en train de découvrir l'ingratitude du Général à l'égard de ceux qui l'ont servi sans rien ménager, et n'ont pas, de ce fait, franchi les obstacles universitaires ou mené la carrière à laquelle ils pouvaient prétendre. Ceux qui ont passé les concours des grands corps 3 — conseillers d'État, diplomates, inspecteurs des finances — existent par eux-mêmes. Les compagnons sans diplôme n'existent que par lui. Au fond, alors qu'on s'imagine qu'il a une formidable assurance, il manque de confiance en lui. Il a peur dese tromper dans son jugement sur les hommes. La sélection qu'ils ont subie le rassure. C'est pour ça qu'il est un partisan acharné de la sélection.
    « Ce qui plaît au Général, c'est qu'on vienne de la haute fonction publique ; mais à condition que ce ne soit pas au tour extérieur 4 . Il n'a aucune considération pour les gens dont le seul mérite est de lui être totalement fidèles. Vous n'imaginez pas la dévotion maniaque du Général pour les parchemins. Courcel et Burin des Roziers ont passé un concours difficile, le "grand concours" du Quai. Si ça avait été le "petit concours", il n'en aurait jamais fait ses principaux collaborateurs. Et s'ils n'avaient pas passé de concours du tout, il les mettrait plus bas que terre.
    « Moi, il croit que je suis entré au Conseil d'État par concours. Il a oublié que c'est lui

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