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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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le gouvernement a rendu hommage à l'activité des administrations et des services publics concernés pour faire face aux difficultés. »

    Lundi 11 février 1963.
    J'ai invité quelques amis à une projection en avant-première d'un film 3 . Au buffet qui suit, je présente Jacques Faizant au Premier ministre : « Ah, je suis content de vous connaître ! Expliquez-moi donc pourquoi vous dessinez un général de Gaulle de plus en plus grand, à côté d'un Pompidou de plus en plus petit ?
    — Je n'y peux rien, Monsieur le Premier ministre, répond Faizant, hilare. Ce n'est pas moi qui décide, c'est mon crayon.»
    Pompidou avait un sourire narquois en abordant Faizant, ce sourire qu'il arbore quand il veut culpabiliser gentiment quelqu'un. La réponse de Faizant ne l'a pas fait sourire du tout. Mais il ne lui a quand même pas suggéré de changer de crayon...

    « Mon travail, c'est de mettre de l'huile dans les rouages »
    À Matignon , un Comité restreint , le 19 février 1963, prépare un plan en réponse à la grève des mineurs.
    Bokanowski : « L'essentiel est de réunir les syndicats des mineurs autour de la même table. »
    Pompidou le contredit carrément, mais sereinement : « Il faut faire appel à l'opinion contre les syndicats, compte tenu de leurs propres hésitations. Ils sont divisés et ne savent pas très bien que faire. Quand ce sera net, il faudra s'enfoncer comme un coin entre eux et l'opinion, et même entre un syndicat et l'autre. Et vous verrez, ça se dégonflera. »

    Après le Comité, Pompidou, détendu, bavarde quelques instants avec Bokanowski et moi. Il prend ses distances avec le rôle qu'il vient de jouer. Il avait fait du De Gaulle, maintenant il parle en Pompidou :
    « Le Général voudrait qu'on affronte les syndicalistes comme une armée affronte l'ennemi, comme il a affronté les généraux et les colonels, comme il a affronté l'Assemblée, comme il a affronté le Sénat. Mon travail à moi, c'est de mettre un peu d'huile dans les rouages, c'est d'apporter quelques nuances dans le style.»
    Pendant longtemps, Pompidou a eu pour religion de « coller au Général ». Pas une des idées du chef qui ne fût sienne. Peu à peu, il laisse percer, avec humour presque toujours, avec quelque impatience rarement, que leurs visions ne coïncident pas.
    Il se met à parler des « marottes » du Général, des « grands chevaux » que celui-ci aime enfourcher, et même de ses « lubies » (comme la participation ou l'association capital-travail). Imperceptiblement, une distance se creuse.
    Où est, pour Pompidou, la limite entre l'assurance de celui qui se sent, et qu'on sent, pleinement capable de tenir la barre, et l'aplomb outrecuidant qui inciterait le Général à ne pas la lui confier ?

    Pompidou : « Le patronat est lamentable ! »
    Au Conseil du 20 février 1963, Bokanowski : « Le personnel des houillères a un sentiment de frustration. Il est persuadé d'être victime d'un retard de 11 % sur les autres salaires du secteur public.
    Pompidou. — J'ai reçu la CFTC. Les mineurs voudraient la prime de productivité EDF. Or, ce n'est pas une injustice de ne pas la donner aux mineurs, qui n'ont pas la même productivité, hélas ! Je leur ai dit : "Nous ne pouvons admettre que, si EDF gagne davantage parce qu'elle est prospère, les Charbonnages s'alignent sous prétexte que c'est de la justice sociale."
    « Ou l'on prend acte du fait que les Charbonnages enregistrent plus ou moins un milliard de nouveaux francs de déficit annuel, et il ne peut pas y avoir de prime aux Charbonnages ; ou l'on veut faire du rattrapage pour qu'il n'y ait pas d'injustice sociale, et il ne peut pas y avoir de prime de productivité pour EDF. Descamps n'a rien trouvé à me répondre. On ne peut quand même pas changer de terrain selon l'entreprise.
    « Les conditions d'un accord raisonnable avec la CFTC ne sont pas réunies ; elle a un trésor de guerre, elle voulait la grève pour montrer qu'elle soutient les pauvres chômeurs. FO est en perte constante ; elle est agitée parce que la tactique des caciques de la SFIO, qui se rapprochent du PC, la trouble : ils opèrent un changement brutal par rapport à leur anticommunisme d'auparavant...
    « Dans ces conditions, ce qu'il faut, c'est donner d'autorité une augmentation raisonnable, et c'est tout. Les syndicats s'en arrangeront, ils ne pourront pas maintenir la grève si chaque mineur peut reconnaître que le règlement est raisonnable et que la

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