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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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n'est pas aimable pour le Général) et, à votre niveau (ce n'est pas aimable pour moi), vous ne risquerez pas de provoquer un krach boursier !
    « L'accident climatique, le froid, a eu un effet très important sur les prix alimentaires, accentué par notre politique agricole de revalorisation des prix. À quoi s'ajoutent une plus forte tendance à la consommation et des disponibilités monétaires plus grandes.
    « Tout ça n'est pas dramatique. C'est la combinaison de facteurs conjoncturels. Expliquez ça. Il vaut mieux que le Général ne s'en mêle pas. Rueff est passé par là. Il profite de la naïveté du Général dans ce domaine. Il le pousse en avant comme on pousserait un rhinocéros dans un magasin de porcelaine. »

    « Dans quelle trappe avez-vous fait tomber vos CRS ? »
    Au Conseil du 27 mars 1963, Giscard expose les raisons pour lesquelles le budget de 1964 doit être un budget d'austérité : il doit marquer l'accentuation de l'équilibre budgétaire et monétaire, et non sa dégradation.
    Aussitôt, plusieurs ministres protestent :
    Grandval : « Je serai obligé de procéder à des créations d'emplois ! On doit créer un Fonds national de l'emploi. Comment fonctionnerait-il ? »
    Le visage de Pompidou se crispe, comme c'est régulièrement le cas quand Grandval s'exprime, ou quand on soutient devant lui une idée des « gaullistes de gauche ».
    Le Général, aussi indulgent envers Grandval que Pompidou estféroce : « Oui, j'admets qu'il y a là un petit correctif à apporter à ce que vient de dire le ministre des Finances.
    Frey. — Il n'est pas pensable qu'il n'y ait pas d'augmentation des dépenses de police ! La population ne cesse d'augmenter et les problèmes de se compliquer, et nous avons des effectifs de police en diminution. Incroyable, mais vrai !
    GdG. — Vous êtes bien sûr de ce que vous dites ? Et la police ramenée d'Algérie, et les CRS, et les gendarmes que nous recrutons sans arrêt par brigades entières, dans quelle trappe les avez-vous fait tomber ? (Rires.)
    Foyer. — M. le ministre de l'Intérieur souffre d'une maladie de carence ; moi, je souffre d'une maladie de pléthore : j'ai des centaines de magistrats, de retour d'Algérie, dont je ne sais que faire.
    GdG. — Il n'y a qu'à les verser dans la police. (Quelques rires.)
    Pompidou. — Il faut gager toute dépense nouvelle par des économies. On ne pourra pas éviter qu'il y ait des dépenses nouvelles, mais il faut qu'elles soient compensées. Or, par une tendance naturelle, tout ce qui préexiste est repris automatiquement et l'on renonce finalement aux dépenses nouvelles, celles qui sont les plus intéressantes. Il y a de nombreux fonctionnaires sans emploi, alors que tout le monde demande des créations d'emplois ! N'oublions pas que ceux qu'on recrutera ne seront pas plus utiles que ceux qu'ils remplaceront... »
    Le Général est visiblement content de cette conclusion empreinte d'humour, bien qu'elle le dispense de conclure lui-même.

    Au Conseil, le 10 avril 1963, le Général a fait de nouveau une phrase sur la lutte à mener contre l'inflation.
    Pompidou, ce matin 12 avril : « À cause de cette phrase du Général, l'Élysée et Matignon se sont mis à pondre des notes. Lelong 3 m'a fait une note qui démontre que, si nous n'acceptons pas l'inflation, nous aurons la récession. Eh bien, je vous garantis que nous n'aurons pas la récession. » Il ajoute : « L'imagination, c'est les idées des autres.
    AP. — Vous pensez à qui ?
    Pompidou. — Vous n'avez pas compris ? L'imagination du Général, ce sont les idées de Rueff. »

    « Il y a un groupe de pression de l'inflation »
    Jean-Maxime Levêque 4 me signale, au détour d'une conversation, que le Général lui a demandé de lui constituer des dossiers techniques sur les questions économiques et financières et a entrepris des consultations de « personnalités idoines ». Il a donc perçu qu'il n'était pas en mesure de discuter de points de technique avec Giscard et Pompidou. Il veut combler ses lacunes dans ce domaine. Sûrement, il le fera en quelques semaines, comme il l'a toujours fait dans les domaines nouveaux pour lui. Telle est l'idée qu'il se fait de sa fonction.

    À l'issue du Conseil du 24 avril 1963, le Général me dit :
    « L'opium de l'inflation nous menace. Bien sûr, on n'a pas perdu le bénéfice de l'opération de décembre 1958. Le franc s'est même réévalué, alors qu'en 1957, il avait été déprécié légalement

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