C'était De Gaulle - Tome I
devant le fait accompli, comme ç'a été le cas pour la quatrième semaine de Renault.
AP. — Vous pensez que l'affaire des mineurs doit se dénouer au niveau de Bokanowski ? Ou de Matignon ? Vous ne pensez pas intervenir ?
GdG. — Ce n'est pas mon rôle de me jeter aux avant-postes. Ce qui compte pour moi, c'est de dégager des principes généraux d'action, d'indiquer des directions, de poser des garde-fous. Pour la mise en œuvre, je fais confiance au gouvernement. »
1 Ici et maintenant.
2 Cette indication était exacte pour janvier. Pour mars, 1956 a été plus rigoureux que 1963.
3 Le ministre de l'Information, tuteur de la « commission de contrôle cinématographique », a le privilège de disposer d'une salle de projection où il peut présenter des films en privé avant leur diffusion dans les salles.
Chapitre 2
« JE PRENDS LA RESPONSABILITÉ DE LA RÉQUISITION»
Au Conseil des ministres du 27 février 1963, Bokanowski, sur les grèves de mineurs : « FO et la CFTC continuent : "Grève illimitée." La CGT, plus souple : "Nous verrons dans quarante-huit heures ; si la base se durcit, nous confirmerons l'ordre."
« Les syndicats ont dit que la direction des Charbonnages était dessaisie par le gouvernement et que le gouvernement était donc désormais le seul responsable.
« Le gouvernement a fait des propositions. Elles ont été jugées inacceptables par les syndicats ; ce sont eux qui ont pris la responsabilité de la rupture. Or, quels sont les avantages que vont recevoir les mineurs pendant l'année 1963 ? »
Il en fait le détail — y compris la prime de productivité d'EDF, malgré le déficit des Charbonnages ! « Cela fait, du 1 er janvier 1963 au 1 er janvier 1964, 8,02 % d'augmentation, sans préjudice d'une révision au mois de septembre. Au-delà, nous provoquerions inévitablement une hausse généralisée des prix, dont les travailleurs seraient les premiers à faire les frais.
« Nous ne contestons nullement le droit de grève et nous laisserons les mineurs faire la grève pendant quarante-huit heures. Mais nous ne pourrions accepter une prolongation et nous serions conduits à requérir à compter du 4 mars. Pour les cokeries, la réquisition fonctionnera dès vendredi matin, de manière à sauvegarder l'outil de travail.
« Il faut ramener tout le monde au Plan »
Pompidou. — Jusqu'à jeudi, nous laissons à M. Bokanowski une latitude, pour permettre aux syndicats de se retourner. Mais si, dans les quarante-huit heures, nous nous heurtions à un refus obstiné de retirer leur ordre de grève illimitée, nous serions amenés à ouvrir le dossier devant l'opinion, en même temps que nous procéderions à la réquisition. »
Bokanowski parlera à la télévision jeudi ou vendredi. Pompidou se réserve de le faire la semaine prochaine, si besoin est 1 .
Pompidou espère qu'une invitation à un rendez-vous de septembre pour faire le point fera changer d'avis les syndicats : « Ce rendez-vous de septembre est prévu avec EDF. C'est là un élément nouveau, qui pourrait être d'un grand poids dans la décision finale des mineurs. Sauf s'il s'agit d'un ordre de combat politique, plus que d'une grève professionnelle.
« Il faut lutter contre une campagne de panique qui se développe à l'heure actuelle à propos de l'ensemble des problèmes économiques. En fait, la situation est économiquement saine. Il y a quelques aspects de faiblesse. Nous ne pouvons les faire disparaître que si on ne cède pas au pessimisme. Il faut simplement maintenir dans de justes limites les hausses de salaires, de manière à assurer le retour à la stabilité des prix.
Grandval. — La réquisition est une arme à manier avec prudence ! Dans une période où le climat est mauvais, il faut faire attention ! On risque des réactions syndicales généralisées ! Je regrette que la réquisition dans les cokeries intervienne aussi tôt. On ne pourra pas empêcher des manifestations de mauvaise humeur dans les mines, qui peuvent avoir de fâcheux effets psychologiques.
« L'annonce de l'inflation comporte un risque inflationniste. Les travailleurs ne veulent pas être battus de vitesse dans la course à la hausse. C'est donc un argument dont il faut également user avec prudence. L'argument à employer est au contraire : "L'expansion se poursuivra si les prix restent stables. Les prix seront stables si les salaires le sont eux-mêmes."
Giscard. — Je suis frappé de la dégradation du climat.
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