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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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poursuite de la grève est déraisonnable.
    « FO ne représente plus rien. La CGT a une tactique préétablie, qui n'a rien à voir avec les problèmes réels.
    « La CFTC est intéressante. Le contact avec ses dirigeants a étébon. C'est la centrale ardente, à la pointe des grèves. Nous avons eu un très long entretien. Ils ont mis de la bonne volonté à comprendre que le niveau des prix ne peut pas ne pas dépendre de la loi du marché ; que si ce niveau n'est pas stabilisé, c'est-à-dire si le niveau des rémunérations augmente comme en 1961-62, on sera amené à prendre des mesures si brutales que 64 sera encore plus pénible que 63. J'ai recueilli leur assentiment.
    « Du côté du CNPF, il n'en est pas de même ! Mon Dieu, préservez-nous de... (il allait sûrement dire : "de nos amis" ; il a hésité une fraction de seconde et s'est rattrapé) ...des hausses ! (Plusieurs collègues me le confirment à la sortie : ils n'en ont pas douté, Pompidou a compris que le Général n'apprécierait pas qu'il s'avoue, même en boutade, ami des patrons, ni à plus forte raison qu'il ait l'air de croire implicitement que le gouvernement tout entier et le Général lui-même l'étaient aussi. La fin de sa phrase est rentrée sous terre.)
    « Mais le CNPF est incapable d'imposer une discipline à ses troupes. Il est très raide sur la quatrième semaine de congé, et pourtant toutes les entreprises l'accordent. La déliquescence de l'organisation patronale m'a beaucoup frappé. Pour la quatrième semaine, ils m'ont dit : "Faites un texte la rendant obligatoire, pour que nous puissions expliquer à nos mandants que nous nous sommes inclinés ! " Le patronat est lamentable !

    « Il faut tenir bon, c'est à l'avantage de tous»
    GdG. — Dans les entreprises nationales, il est difficile que des accords soient passés directement entre la direction et le personnel. Ce ne serait pas équitable. Tous les déficits sont toujours payés par l'État. C'est donc l'autorité publique qui doit trancher.
    Pompidou. — Je suis bien de votre avis, mais le contraire est inscrit dans les statuts, notamment pour EDF.
    GdG. — Dans la forme, oui, c'est aux directions de signer, mais, en fait, elles ne peuvent rien faire sans l'accord du gouvernement.
    « On soutient des entreprises nationales comme la SNCF ou la Compagnie générale transatlantique, qui ne sont pas rentables. Il faut respecter un principe : on a nationalisé les entreprises, donc c'est l'autorité publique qui y est responsable des rémunérations. On ne peut pas y couper. Ou alors, pour être logique, il faudrait dénationaliser.
    Grandval. — Je constate de jour en jour une dégradation de la situation sociale. Les centrales ont de moins en moins le contrôle de la base. Le mécontentement joue au profit de la CGT.
    GdG. — Les organisations syndicales ont un grand rôle à jouer, mais il y a beaucoup à dire sur la façon dont elles le jouent. »
    Il conclut : « Il faut tenir bon. C'est à l'avantage de tous, y compris de ceux qui réclament. Sinon, nous serons tous dans une mauvaise situation. »

    « Ce n'est pas mon rôle de me jeter aux avant-postes»
    Après ce Conseil sinistre, je propose au Général le communiqué suivant : « M. Bokanowski a fait une communication concernant l'évolution de la situation sociale dans les Charbonnages. Il a tenu le Conseil au courant des propositions qui avaient été faites aux syndicats par la direction des Charbonnages. Le Conseil a pris acte du refus des syndicats de poursuivre les négociations avec la direction et de leur intention de décider la grève. »
    Le Général approuve ce texte, puis me dit : « Ajoutez donc, mine de rien : "Le ministre de l'Industrie a fait connaître aux organisations syndicales les intentions du gouvernement. Même si le charbon n'est pas extrait, les Français ne s'en ressentiront pas beaucoup." »
    Je lui demande s'il ne craint pas que cette formule exaspère les syndicats.
    GdG : « Et eux, me répond-il, vous ne croyez pas qu'ils pourraient se demander si leur attitude n'exaspère pas l'autorité publique et les citoyens ? Leur prétention de négocier souverainement avec les directions des entreprises nationales est ridicule.
    « Il faut que les chefs des entreprises nationales soient dans la main du gouvernement. Il n'est pas acceptable qu'ils prennent des engagements financiers que le gouvernement sera obligé d'honorer. Il n'est pas acceptable que le gouvernement soit mis

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