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C'était De Gaulle - Tome I

C'était De Gaulle - Tome I

Titel: C'était De Gaulle - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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l'intérêt du pays. Faire comprendre aux Français ce que l'État fait pour eux.

    « Il y a des coups à prendre »
    « Je voulais faire un grand ministère de l'Information. On avait proposé ce poste à Schumann, qui a bien fait (il souligne ces deux mots de la voix) comme porte-parole pendant la guerre... Le comité machin du MRP l'en a empêché et n'a pas voulu non plus que Pflimlin soit garde des Sceaux. La Justice et l'Information, voyez-vous, c'est compromettant, par les temps qui courent. Il y a des coups à prendre. Ces courageux comitards ont eu la trouille. »
    Il ne me l'a pas envoyé dire : à défaut de grive, il se contente d'un merle. Cet accueil glacial me laisse sans voix. Pompidou m'avait prévenu : « Vous ne connaissez pas encore le Général... Un jour, vous connaîtrez le Général... Le Général est spécial.» Il est clair que, jusque-là, j'étais dans le cercle le plus extérieur de son entourage : les nouveaux venus, pour lesquels il déployait son charme. Maintenant, je suis entré dans un cercle plus intérieur : ses ministres de rang modeste, c'est-à-dire, au sens propre dont ilm'a rappelé sans pitié l'étymologie, ses serviteurs. Il me traite comme un colonel traite un trompette.
    Il reprend : « Les journalistes vous larderont de questions malveillantes. Ils ont l'esprit acéré. Ils vont essayer de vous faire tomber dans des pièges. N'oubliez pas qu'un membre du gouvernement ne peut révéler qu'une infime partie de ce qu'il sait. Je fais une conférence de presse tous les six mois, et dans l'intervalle une ou deux allocutions radiotélévisées. Entre-temps, vous prendrez le relais. Mais, moins vous parlerez, mieux vous vous porterez. Souvenez-vous du cardinal de Retz : " Il sied encore moins à un ministre de dire des sottises que d'en faire ." Péchez par excès de prudence, plutôt que par défaut.

    « La RTF a été soviétisée »
    « Notre radio, notre télévision, c'est monstrueux ! Les journalistes, réalisateurs, producteurs, techniciens sont à peu près tous des adversaires. La gauche les a installés là depuis la fin de la guerre. Ils y sont accrochés comme des moules sur le rocher. Ils ont formé des soviets.
    « Oui, cet établissement, qui devrait être la voix de l'État en France et la voix de la France dans le monde 3 , a été soviétisé ! Et il l'est resté ! Il distille aux yeux et aux oreilles des Français la conviction que la France, depuis que je suis là, ne connaît rien d'autre que des catastrophes, des grèves, des conflits.
    « On n'imagine pas une information plus malveillante, ni plus partiale, ni plus résolument pessimiste pour notre pays. La radio et la télévision d'État sont l'instrument non de l'Etat, mais de la gauche qui les a peuplées des siens. Elles sont contre l'État. Elles ne servent qu'à exciter les oppositions.
    « Les journaux télévisés et les émissions d'actualité amplifient les criailleries de la presse écrite, dont nous savons comment elle se comporte, alors qu'ils devraient lui faire contrepoids. Ils méprisent les réalités, pour leur substituer une idéologie qui nous est hostile.

    « Votre radio, je m'en bats l'œil »
    « Quand j'ai quitté les affaires, j'ai tenu une grande réunion à Bruneval en 1947. C'est là que j'ai lancé le Rassemblement. Lepauvre Ramadier, qui était à ce moment-là président du Conseil — ou se disait tel 4 —, a demandé à venir me voir à Colombey. Il est arrivé de nuit, en grand mystère, et il m'a dit : "Puisque vous voulez lancer une formation politique pour nous contester, vous cessez d'être le Libérateur de la Patrie. Vous entrez en ligne politiquement. Vous devenez chef d'un parti d'opposition. J'ai donc le regret de vous notifier : 1. qu'on ne vous rendra plus les honneurs quand vous paraîtrez en public ; 2. que les préfets ne pourront pas vous accompagner ; 3. que le gouvernement vous interdira désormais l'accès aux ondes nationales et que la radio ne fera pas mention de vos discours."
    « Je lui ai répondu : "Eh bien, Monsieur le Président du Conseil, cela ne me gêne en rien. Les honneurs, j'en ai assez reçu dans ma vie. Je n'ai pas besoin de vos préfets. Quant à votre radio, je m'en bats l'œil. Si je ne peux pas parler à la radio, je m'en passerai ! Je me suis servi de la radio pendant la guerre, où on ne vous entendait guère, et je suis sûr qu'on ne l'oubliera pas. Votre radio ne m'intéresse pas." Je l'ai raccompagné à la porte. Il est

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