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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ne sont pas contre le plan Fouchet. Ils n'avaient qu'à le dire il y a deux ans, et on aurait abouti. Mais aujourd'hui, ils ne peuvent pas le dire comme ça, sans perdre la face. Alors, ils vont sûrement demander en contrepartie quelque chose qu'ils savent que nous ne voulons pas. Par exemple qu'on élise au suffrage universel l'Assemblée européenne. Ensuite, ils rejetteraient sur nous l'odieux du refus. »
    Salon doré, 12 novembre 1964.
    Le Général revient de lui-même sur Jean Monnet:
    « Le dénommé Monnet avait demandé à me voir il y a des mois. Je lui ai fixé son rendez-vous hier. Naturellement, on a parlé de l'Europe. Ça n'a aucune portée politique. Il y a des gens qui jouent les utilités dans le monde. Le père Adenauer en est un, grandiose, mais enfin, il joue les utilités, il n'est plus au gouvernement. Et Monnet fait également partie des utilités, à un échelon très inférieur. Alors, ce n'est pas la peine de perdre beaucoup de temps avec eux. »
    LE COUPLE FRANCO-ALLEMAND

Chapitre 3
    « NOUS ALLONS FAIRE À DEUX CE QUE LES BELGES ET LES HOLLANDAIS NOUS ONT EMPÊCHÉS DE FAIRE À SIX »
    L'année 1963 ne s'ouvre pas seulement sur les grands refus du Général: refus du Marché commun pour l'Angleterre, refus de la « Force multilatérale » pour les Américains: elle s'ouvre aussi sur un grand engagement, celui de la France et de l'Allemagne fédérale, dans un traité solennel. Adenauer et le Général vont le signer à l'Elysée. Couve l'annonce au Conseil du 3 janvier 1963: « Le Chancelier vient à Paris les 21 et 22 janvier. La coopération franco-allemande prendra corps.
    GdG. — Nous allons faire à deux ce que les Belges et les Hollandais nous ont empêchés de faire à six 1 . Mais ces deux-là comptent beaucoup plus que les quatre autres réunis. »
    Le Général est aussi laconique que Couve, mais il ne le suit pas sur le terrain de la litote...

    « Les Allemands ont des complexes, il faut les comprendre »
    Au Conseil du 9 janvier 1963, Couve fait d'abord le point sur la Force multilatérale à la suite de l'accord de Nassau: « Les Allemands, d'une part, craignent que la Grande-Bretagne et la France aient dans l'OTAN une position spéciale dont ils seraient exclus ; d'autre part, ils souhaitent avoir une part au nucléaire et sont attirés par la "Force multilatérale".
    GdG. — Les Allemands ont des complexes. Il faut les comprendre. »
    Le Général est tout indulgence. La perspective des nouveaux liens franco-allemands lui fait espérer que leur pouvoir d'attraction sera plus fort, et que l'Allemagne, entraînée par la France, saura se « décoloniser ».
    Pourtant, Janus en Conseil, il montre un visage alternativement confiant et inquiet. C'est à propos du Marché commun agricole.
    Couve aborde en effet les discussions de Bruxelles sur l'entrée de l'Angleterre. C'est sur l'agriculture en particulier qu'on achoppe. Pisani le relaie: « Je préviens le Conseil: si nous allons vers une crise pour la non-entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, nous aurons, entre Six, des problèmes graves à résoudre. »

    « Nos cinq partenaires n'ont jamais aimé notre agriculture »
    Le Général rebondit sur cette phrase. Pour lui, la candidature anglaise est déjà écartée, et c'est aux difficultés entre Six qu'il prépare ses ministres: « Nos cinq partenaires n'ont jamais aimé notre agriculture. Pour empêcher que le Marché commun s'étende à l'agriculture, ils ont prouvé en janvier dernier qu'ils étaient prêts à se battre longtemps. Ils cherchent encore à nous embêter pour les règlements agricoles, qu'ils se sont engagés à faire et qu'ils n'ont toujours pas faits un an plus tard.
    « Le pire qui puisse advenir, c'est que les Six ne veuillent plus rester à six, ou que, restant à six, ils ne veuillent pas faire de Marché commun agricole. Dans ce cas, il n'y aurait plus de Marché commun du tout. Je ne sais pas si ce serait un immense malheur. »
    On a pensé, à l'étranger, en France, notamment dans les masses paysannes, les plus concernées, que de Gaulle avait obéi à un mouvement de mauvaise humeur en décidant, le 1 er juillet 1965, que la chaise de la France à Bruxelles resterait vide. Comme on le voit, il était préparé à cette épreuve depuis deux ans et demi.

    Dans la voiture du Premier ministre, 22 janvier 1963.
    En revenant de la cérémonie de signature du traité à l'Élysée, Pompidou me dit: « Adenauer a exclu l'économie du

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