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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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éphémères, les réalités restent. S'agiter dans le monde des apparences, ça veut dire sacrifier ce qui compte à ce qui ne compte pas. Ça veut dire faire de la démagogie. Pourquoi craindre de dire les choses? On nous respecte d'autant plus que nous les disons. Si le monde admire la France, ce n'est pas parce qu'elle est un partenaire veule. C'est parce qu'elle est un partenaire qui sait ce qu'il veut et qui ose le dire.
    AP (je m'entête). — Il me semble quand même qu'il serait fâcheux de ramasser des coups que nous pourrions éviter.

    « Une poignée de phraseurs qui font la roue »
    GdG. — Prenez le problème de plus haut, Peyrefitte ! En quoi consistent les projets européens depuis 50? À rendre à l'Allemagne son charbon, son armée, sa place en Europe. Mais, parce qu'on n'osait pas le faire directement, de peur de braver l'opinion publique, on le faisait derrière un paravent, d'une manière cauteleuse. De même pour l'Italie, qu'on lavait de tout ce qu'elle a fait pendant la guerre. C'était le moyen, sans trop en avoir l'air, d'en refaire des pays qui puissent regarder les autres en face. Je ne suis pas contre, c'est même ce que je fais; mais il ne faut pas être dupe; et il est bon qu'ils n'oublient pas tout à fait que nous aurions pu faire autrement.
    « Et puis, l'Europe, c'était un moyen de faire des petits pays, Belgique, Hollande, ne parlons pas du Luxembourg, les égaux des grandes puissances. Dans un Conseil européen, Spaak vaut le général de Gaulle, et même davantage: dans une réunion de ces gens qui font partie du même club, il aura toujours raison. Il connaît les mots de passe. Il sait ce qui fait plaisir à tous ces petits messieurs.
    « L'Europe intégrée, ça ne pouvait pas convenir à la France, ni aux Français... Sauf à quelques malades comme Jean Monnet, quisont avant tout soucieux de servir les États-Unis. Ou alors à tous ces personnages lamentables de la IV e République. Ils trouvaient ainsi un moyen de se décharger de leurs responsabilités ! Ils n'étaient pas capables de les saisir; alors, il fallait les repasser à d'autres. Tenir leur rang dans le monde? Pas question! Mettons-nous sous le parapluie. Avoir une armée et la faire obéir? Pas question ! La donner à d'autres! Remettre le pays debout et servir d'exemple au monde? Pas pour eux!
    « L'alibi tout trouvé, c'était l'Europe. L'excuse à toutes les dérobades, à toutes les lâchetés: l'Europe intégrée!
    AP. — Alors, vous prenez votre parti de voir cette Europe-là se disloquer, cesser d'exister?
    GdG. — Cette Europe-là, ça ne représente pas grand-chose! C'est une poignée de phraseurs qui font la roue dans des conférences interminables, qui ne savent pas ce qu'ils veulent, qui ne veulent pas ce qu'ils savent. Ils font des propositions avec l'espoir qu'elles n'aboutiront pas. Ils comptent sur d'autres pour les torpiller. Mais entre-temps, ils se seront donné des airs avantageux.

    « Être soi-même et ne pas hésiter à l'affirmer »
    AP. — Vous ne proposez pas la relance du plan Fouchet ? GdG. — Non! Pour quoi faire? On n'en a pas voulu une fois, je ne vois pas pourquoi on en voudrait une seconde! Adenauer songeait à le reprendre à son compte. Maintenant qu'il n'est plus là, inutile de rêver.
    AP. — Et Erhard? Il a bien fait des offres dans ce sens, à son dernier passage?
    GdG. — Ça n'est pas impossible. Il ne sait que faire pour asseoir son autorité, il ne serait pas mécontent de reprendre ce plan à son compte pour se parer des plumes du paon. Ça fait partie de la vie européenne. Des conférences, des commissions se mettront à pérorer là-dessus! Ils ne se complaisent que dans le jaspinage ! Naturellement, il n'en sort jamais rien. »
    Il lui arrivera, quand Erhard lui semblera avoir acquis de la consistance, de rêver à une reprise du plan Fouchet: avec des partenaires solides, résolus à l'indépendance, la coopération politique a un sens; sinon, elle n'est qu'une occasion de « jaspiner ».

    AP : « Est-ce qu'il n'y a pas avantage à jaspiner aussi ?
    GdG. — Non! Il faut être catégorique! Il faut mettre les points sur les i ! De toute façon, la bonne foi ne l'emportera jamais! Ce qui est important, c'est d'être soi-même et de ne pas hésiter à s'af firmer ! »

    « Ça assure surtout la mobilité des ministres »
    Au Conseil du 12février 1964, Pisani présente le projet de création d'un Centre international des hautes études agronomiques

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