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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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commun ?
    AP. — Ça vous a surpris? Je l'ai pourtant déjà dit, plus ou moins, à plusieurs reprises. Je n'étais pas libre de ne pas le dire. Quand il y a une question à laquelle le Général tient particulièrement, il me dicte mes propos, alors qu'à l'ordinaire il me laisse la bride sur le cou.
    Pisani. — Vous vous rendez compte de l'émotion que votre déclaration va susciter partout, à Bonn, à Rome, à Washington? Il ne faut pas menacer de la foudre quand on n'est pas capable de la lancer.
    AP. — Vous sous-estimez le Général. »

    « Notre expansion industrielle a besoin du grand large »
    Salon doré, 28 octobre 1964.
    Je lui soumets à nouveau cette interrogation qui m'obsède et que son propos de la semaine dernière a rendu plus obsédante encore: « Je vais répétant que, s'il n'y a pas de Marché commun agricole, il n'y aura pas de Marché commun. L'ennui, c'est qu'on ne voit pas bien la politique de rechange.
    GdG. — Nous avons vécu bien des siècles sans Marché commun. Nous pourrons vivre encore bien des siècles sans Marché commun. Nous ferons du libre-échange. Notre expansion industrielle, contrairement à ce que prétendent tous les imbéciles qui pérorent sur l'Europe, n'a pas besoin de Marché commun, elle a besoin du grand large.
    (Le "grand large" : l'expression même dont il s'est servi pour définir le choix de l'Angleterre, et pour lui barrer la route du Marché commun. Regrette-t-il d'être enfermé dans l'espace confiné des Six? Subit-il lui aussi la tentation du "grand large" ?)
    « Le Marché commun, il n'y a en fait que deux ans qu'on a commencé à le réaliser. Or, notre expansion industrielle remonte à bien avant deux ans. L'expansion industrielle allemande, italienne, de même. Ceux qui racontent des histoires sur les bienfaits incomparables de l'intégration européenne sont des jean-foutre.
    (Il feint d'oublier son argument majeur pour le Marché commun agricole: l'industrie française ne supporterait pas d'avoir à subventionner seule notre agriculture.)

    « Quand on est couillonné, on dit: "Je suis couillonné " »
    AP. — Le traité de Rome n'a rien prévu pour qu'un de ses membres le quitte.
    GdG. — C'est de la rigolade! Vous avez déjà vu un grand pays s'engager à rester couillonné, sous prétexte qu'un traité n'a rien prévu pour le cas où il serait couillonné? Non. Quand on est couillonné, on dit: "Je suis couillonné. Eh bien, voilà, je fous le camp ! " Ce sont des histoires de juristes et de diplomates, tout ça.
    AP. — Nous pourrions dire que ce n'est pas nous qui abandonnons le Marché commun, c'est lui qui nous abandonne.
    GdG. — Mais non! Ce n'est pas la peine de raconter des histoires! D'ailleurs, tout ce qui a été fait pour l'Europe, par ceux qu'on appelle les "européens", a très bien marché tant que c'était la France qui payait tout. On a commencé par la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Ça a consisté en quoi? En ce qu'on a rendu à l'Allemagne son charbon et son acier, qu'elle n'avait plus car on les lui avait retirés. On les lui a rendus pour rien. Et ça a consisté à donner aux Italiens ce qu'ils n'avaient pas: du charbon et du fer. Alors, ils ont pu faire une industrie métallurgique. Mais nous, nous n'avons pas retiré un rotin de la CECA, pas un rotin! Nous avions un problème qui était la modernisation de nos mines, mais nous les avons modernisées sans que la CECA nous donne un sou. Voilà ce qu'a été la CECA ! C'était une escroquerie, au profit des Allemands et des Italiens!
    « Après quoi, on a fait l'EURATOM. Et c'est la même chose. Dans l'EURATOM, nous apportons 95 %. Il n'y a que nous quiayons une réelle capacité atomique. Les autres n'en ont absolument aucune, ni installations, ni spécialistes pour les faire tourner. Alors, nous mettons en commun nos 95 % de capacité atomique et les autres mettent leurs 5 % et on partage les résultats, chacun au même titre! C'est une escroquerie!
    «La Communauté européenne de défense, c'était la même chose. Pourquoi l'a-t-on inventée? Parce que les Allemands n'avaient pas d'armée. Alors, comme on avait peur des Russes, il fallait qu'ils en fassent une, mais comme on ne voulait pas qu'elle soit sous commandement allemand, on la plaçait sous le commandement du général Norstadt. Mais du coup, on voulait en faire autant pour l'armée française! C'est l'Europe à leur façon. Mais si l'on veut faire une Europe qui ne soit pas à notre

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