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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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détriment, alors, il n'y a plus personne!
    « Evidemment, aujourd'hui, les Allemands commencent à se dire: " Si nous ne faisons pas le Marché commun avec les Français, les Français vont s'arranger avec les Russes. Et ensuite, qu'est-ce qui va nous arriver? Nous serons en danger." Et c'est parfaitement exact. Si la politique du traité franco-allemand, c'est-à-dire le noyau de l'Europe, ne réussit pas, eh bien, nous irons vers d'autres.
    AP. — D'autres, c'est-à-dire les Russes?
    GdG. — Naturellement! Ils voient que le moment est venu. Ils nous font des mamours, en se disant: " On va pouvoir s'arranger avec les Français, comme autrefois." Et dans ce cas, nous cesserons d'être couillonnés, ce sont les Allemands qui le seront. »

    « C'est commode de se dire de la majorité tout en censurant le gouvernement »
    À la fin du Conseil du 4 novembre 1964, le Général, avec quelque gravité dans le ton, prépare ses ministres à de rudes combats — y compris sur le front intérieur :
    « La partie est assez difficile. Elle devient même dure pour la France.
    « Les auteurs de l'Europe supranationale, de l'atlantisme intégré, ne sauraient évidemment nous donner leur approbation. Mais ceux qui ont les responsabilités, ce n'est pas eux, c'est nous. Nous ne nous préoccupons pas de leur verbiage. Il est fort possible qu'il y ait une agitation politique sur ces sujets. Il n'est pas tolérable que des députés qui se disent de la majorité aient censuré le gouvernement 1 . Ils doivent cesser de faire partie de la majorité.
    « C'est commode, de se dire de la majorité tout en censurant le gouvernement! On se fait bien voir de l'opposition, puisqu'on censure. On se fait bien voir du gouvernement, puisqu'on est de sa majorité. On ménage la chèvre et le chou. On ne prend aucun risque et on ramasse tous les dividendes. Ils se croient toujours sous la IV e ! Nous ne l'admettons pas. Il faut que notre politique soit soutenue.
    « Si, un jour, l'attitude de ces zigotos devenait excessive, et que la pression se fasse trop forte, il faudrait que le pays tranche le débat, soit par un référendum, soit par des élections générales, soit par les deux, comme ce fut le cas en 1962.
    « Il ne faut pas voir là un drame. Il faut rester serein. Mais il faut resserrer les rangs. »

    Après le Conseil, je demande au Général si je dois évoquer son intervention finale sur la discipline de la majorité.
    GdG: « Ça, c'est pour Pompidou et pour Giscard. Il faut que tous les deux reprennent en main leurs troupes et que ces lascars soient exclus. Mais ce n'est pas à dire comme venant de moi, surtout à la sortie du Conseil des ministres. Vous pouvez tout au plus le murmurer dans les jours qui viennent.
    « Choisir son camp, c'est le critérium entre la III e et la IV e d'une part, la V e de l'autre. Dans la III e et la IV e , une fois élu, on ne tenait plus à rien. Dans la V e , quand on a été élu, on est engagé à quelque chose.
    AP. — Ce n'est pas encore entré dans les mœurs.
    GdG. — Il faut l'y faire entrer! Quand il se produit une rébellion, il faut réagir sans hésiter et faire comprendre que les mœurs ont changé. C'est mon devoir d'y veiller.

    « Que les Allemands mijotent dans leur jus»
    « Sur le Marché commun agricole, ne dites rien cette fois-ci. Nous avons jeté les dés. Il faut les laisser rouler.
    AP. — Ce que j'ai dit il y a quinze jours a inquiété les Allemands.
    GdG. — Justement, qu'ils mijotent dans leur jus!
    AP. — Et si les Allemands nous donnent satisfaction pour le Marché commun agricole, mais entrent dans la Force multilatérale, nous ferons quand même un éclat?
    GdG. — Nous ne ferons pas d'éclat. Ils ne nous ont pas juré qu'ils ne feraient pas la Force multilatérale. Ils nous ont juré qu'ils feraient le Marché commun agricole. La Force multilatérale, nous trouverons ça déplaisant, mais ils sont libres. Seulement, ça nous rend les mains libres vis-à-vis de l'Est.
    AP. — Il semble que les Allemands soient inquiets de ces conséquences qu'ils n'avaient pas prévues.
    GdG. — Naturellement! Ils se trompent de République.
    AP. — Ce qui les inquiète, c'est votre conversation avec Spaak.
    GdG. — Spaak m'a dit: "C'est fichu. On ne peut pas faire la Communauté européenne. Les Allemands ne veulent pas y faire entrer l'agriculture. En revanche, ils veulent faire la Force multilatérale. Alors, c'en est fini à la fois de la Communauté politique

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