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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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atteinte à l'ordre public, ce n'est plus l'affaire du ministre de l'Agriculture, ça devient celle du ministre de l'Intérieur »
    Pisani fait ensuite le point sur la grande loi d'orientation agricole : « Il faudra bien dix ou quinze ans pour surmonter les difficultés que soulève son application.
    GdG. — En tout cas, il ne faut pas subventionner l'agriculture. On passe son temps à donner de l'argent à des gens qui se le mettent dans la poche et ne font pas le moindre effort pour réformer leurs usages. On arrose un peu tout le monde, de manière que ça puisse vivoter tant bien que mal. On ne provoque pas les transformations nécessaires. »

    Conseil du 3 avril 1963.
    Pisani: «Nous aurons des mouvements d'agitation paysanne dans les semaines qui viennent.
    GdG. — Ça consistera en quoi? À ce que vos paysans ne livrent pas leur lait? On ne sait déjà qu'en faire!
    Pisani. — Non, mais en des atteintes à l'ordre public.
    GdG. — Si les paysans portent atteinte à l'ordre public, ce n'est plus l'affaire du ministre de l'Agriculture, ça devient celle du ministre de l'Intérieur: s'il fait son devoir, il est là pour y parer. C'est à lui de s'en occuper, surtout pas à vous.
    Triboulet (au secours de ses électeurs). — N'oublions pas que les paysans sont moins embourgeoisés que la classe ouvrière.
    GdG. — Ce sont les paysans les plus riches qui sont les plus larmoyants. Allons donc ! Ne restez pas d'avance paralysés, les uns et les autres, par la peur que les gens qui dépendent de vous "se durcissent". »

    « Les petits paysans sont toujours représentés par de gros cultivateurs, qui tirent la couverture à eux »
    Dans l'autorail présidentiel, en Champagne, 24 avril 1963.
    AP : « Nous traversons une campagne qui n'a pas l'air malheureuse du tout. Mais c'est la Champagne viticole...
    GdG. — Les petits paysans sont toujours représentés par de gros cultivateurs, qui tirent la couverture à eux. Ils se préoccupent peu que l'on trouve une solution dans l'intérêt des petits cultivateurs, c'est-à-dire qui permette de faire évoluer les structures. Ils veulent des prix plus élevés, qui enrichissent les gros, mais c'est un ballon d'oxygène pour les petits, qui continuent cahin-caha sans rien changer.
    « Il ne faut pas se laisser démonter par tous ces lobbies. Pas plus qu'il ne faut se laisser démonter par les revendications des maires ruraux qui traduisent leur opinion et non pas celle de toute leur commune. L'opinion de leur commune, elle se traduit sur le bord des routes, quand je passe. »

    « Ils n'ont pas la chance de pouvoir faire la grève »
    Au Conseil du 30 avril 1963, on débat longuement sur le problème du lait.
    Pompidou conclut : « Tant que les petites propriétés, qui nourrissent six ou huit vaches, seront les plus nombreuses, le problème agricole restera sans solution.
    « En attendant, nous devons traiter le problème du lait sous son aspect social. Le total de la subvention du lait est d'un milliard pour 1 600 000 agriculteurs. Ce n'est pas plus que le milliard qu'on a consenti pour 180 000 mineurs.
    « Le prix du lait que nous allons décider ne saurait être remis en cause avant le printemps prochain. Il faudra que la professionprenne des engagements. Pour d'autres produits aussi, le blé, la betterave, etc., il est essentiel de l'associer à une politique des prix.
    GdG. — Oui, mais que les paysans laissent le couteau au vestiaire !
    Pompidou. — Le système du prix annuel suppose une collaboration étroite avec la profession.
    GdG. — Mais il ne faut pas, ensuite, que les paysans s'amusent à barrer les routes !
    Pisani (s'emporte). — Mais, mon général, ils n'ont pas la grève à leur disposition ! Ils sont bien obligés de soigner leurs vaches, même le dimanche. Ils n'ont aucun moyen de se faire entendre, sinon de mettre leurs tracteurs en travers des nationales !
    GdG (sensible à la remarque de Pisani). — C'est vrai, ils n'ont pas la chance de pouvoir faire la grève : ce ne sont pas des employés de l'État !
    Pisani. — Justement, il y a manquement de la part des fonctionnaires ! Il n'y a pas manquement de la part des agriculteurs. »

    « Un tas de petits bonshommes qui vivent sur le pis de leurs vaches »
    À l'issue du Conseil, j'interroge le Général sur l'agriculture.
    GdG : « Beaucoup d'éléments sont en progrès ; d'autres, pas. La répartition sur l'ensemble du territoire, les conditions de travail, sont anachroniques.

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