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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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peut pas se déplacer à longue distance. Il ne faut pas laisser l'opinion s'orienter vers l'idée que le commerçant empoche tant et plus et que l'agriculteur est malheureux à cause de lui. Dans le Vaucluse, les vergers rapportent énormément. Les gens qui ont de l'argent le savent bien : c'est une des spéculations les plus rentables.

    « Il y a tout de même trop de petits agriculteurs et de petits commerçants »
    GdG (pas convaincu). — Il y a tout de même trop de petits agriculteurs et de petits commerçants, trop de marchands de fruits et de légumes, trop de bouchers. Plus il y en a, plus ils pèsent sur les prix.
    Giscard. — La seule action possible pour peser sur les revendeurs serait un impôt sur les marges, par l'établissement d'une TVA spécifique à la distribution, alors que la TVA actuelle taxe le prix global de vente, ce qui n'incite pas à réduire les marges.
    Pisani. — Mais on ne viendra jamais à bout des bouchers, tant que l'organisation du marché de la viande sera celle du Moyen Âge. Mon plus grand travail actuel est l'organisation économique de la profession agricole. »
    Le ministre des Finances, pour aller dans le sens du Général, pense à la fiscalité ; le ministre de l'Agriculture, à son organisation administrative. Finalement, ce sont les grandes surfaces qui régleront la question.

    « Qu'on ne paie pas la frénésie ! »
    Conseil du 13 août 1963.
    Pisani : « Il y a eu une grande récolte de vin l'an dernier : 78 millions d'hectolitres, la plus grande, sauf une, depuis le début du siècle.
    GdG. — Comment est-ce possible ? La plus forte récolte, alors qu'on arrache les vignes ?
    Pisani. — On sait aujourd'hui lutter contre les fléaux, le mildiou, la grêle. L'usage des engrais s'est beaucoup développé.
    GdG. — Y a-t-il des arrachages, oui ou non ?
    Pisani. — Oui, on arrache les cépages prohibés, et on ne plante pas de cépages nouveaux, sauf pour le cognac et le champagne.
    GdG. — La production augmente : et la vente ? Je suppose qu'on ne peut exporter que les vins fins ?
    Pisani. — Oui, ça n'écluse pas notre surproduction de piquette.
    GdG. — Et si en plus on subventionne, comment s'en sortir ?
    Pisani. — On ne subventionne pas. Le vin est source d'impôts : il rapporte 175 milliards d'anciens francs.
    (Pisani botte en touche. Si le vin rapporte plus à l'État en impôts qu'il ne lui coûte en subventions, il ne serait pas absurde de subventionner la viticulture du Midi.)
    Giscard. — Pour le bourgogne, le bordeaux, le val de Loire, le champagne, le cognac, il n'y a jamais de problèmes. Le seul problème est celui du Languedoc, dont le vin est très médiocre, pour un prix trop élevé.
    Pisani. — Dans le Midi, 50 000 vignerons exploitent un hectare chacun.
    Giscard. — Les négociants ont cru que les prix monteraient. Ils s'aperçoivent que leur spéculation a échoué. Ils se mettent dans un état de frénésie.
    GdG. — Qu'on ne paie pas la frénésie !

    « Si encore les Français le buvaient, ce vin ! »
    Pompidou. — Il est normal que le problème se pose dans les régions où il n'y a que du bon gros vin rouge.
    GdG. — Si encore les Français le buvaient, ce vin! Pompidou (gouailleur). — Ils font un gros effort, mais ils ne consomment pas tout.
    GdG. — Il faudrait enfin arracher la vigne!
    Pisani. — Ceux qui ont planté des vignes, il n'est pas facile de les leur faire arracher.
    GdG. — Je ne dis pas que c'est facile, mais c'est un problème qu'il faut résoudre. On n'en prend pas le chemin. Pourquoi subventionner ce qu'on voudrait voir disparaître?
    Pompidou. — Le vin est le seul produit agricole qui ne soit pasglobalement subventionné. Le blé est subventionné, ce sont les 175 milliards d'impôts sur le vin qui paient la subvention. De même, le charbon est subventionné, c'est le pétrole qui paie. »
    Le Général ne s'incline pas pour autant. « Nous ne sommes pas en train de résoudre le problème. Il faudra le résoudre. Les pieds-noirs continuent à faire du vin en Algérie, tant qu'ils le peuvent. On ne pourra pas en rester là. »

    Après le Conseil, le Général éclate devant moi contre le laxisme, la distillation, les subventions, les solutions de facilité, le manque d'imagination des ministres, la conjuration des couardises.

    « Comme toujours, dans les systèmes compliqués, il y a des gens qui trouvent leur compte, ce sont les initiés »
    Conseil du 21 août 1963.
    La semaine suivante, Pisani

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