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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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avons enseigné ce principe. »

    « Le progrès rend toujours les choses plus difficiles »
    Conseil du 9 octobre 1963. Messmer revient de la Martinique, dévastée par un cyclone : « Une dizaine de morts. Toutes les bananeraies par terre. Les cannes plaquées au sol. La première victime du cyclone, c'est l'autonomisme, jusqu'à ce que les dégâts soient effacés. Tous font appel à la métropole, y compris les communistes. L'atmosphère n'est pas du tout funèbre.
    GdG. — C'est le fatalisme des Noirs, qui ont connu au cours des siècles l'esclavage, les éruptions de la montagne Pelée, les typhons.
    Giscard. — On peut se fixer une enveloppe de 40 millions et les débloquer par petits paquets.
    Pompidou. — Il ne faut pas mégoter! Ce que nous propose le ministre des Finances, c'est d'évaluer généreusement et de distribuer chichement.
    Giscard. — Il faut que le ministère chargé des DOM-TOM se sente enfermé dans des chiffres.
    GdG. — Mais que cet argent arrive le plus rapidement possible ! D'abord, reconstituer les bananeraies. Les toits, c'est secondaire. Dans ce pays, on les perd, on les retrouve. Les toits de tôle se promènent, quarante-huit heures après on les remet... Il est vrai que les habitations ont fait des progrès. Le progrès rend toujours les choses plus difficiles. »

    « Il faut que l'autorité soit ressaisie »
    Au même Conseil du 9 octobre 1963 , Jacquinot parle de son passage mouvementé en Nouvelle-Calédonie : « La condamnation de Lenormand 3 a été confirmée en appel. Du coup, le Conseil de gouvernement a refusé de me recevoir à l' atterrissage ; et j'ai refusé de le voir ensuite. En revanche, accueil enthousiaste de la population.
    GdG. — La loi-cadre Defferre 4 était faite pour des grands territoires africains, non pour un petit territoire comme la Nouvelle-Calédonie. Peut-être aurait-il fallu en faire un département, elle en avait la taille. Lenormand s'est emparé de ce statut, pour devenir à tout prix Président du Conseil. Ce n'est pas sérieux. Il ne faut pas laisser filer les choses. Si le statut actuel ne convient pas, il ne faudra pas hésiter à resserrer les mailles. »

    On ne va pas tarder à « resserrer les mailles ». Au Conseil du 27 novembre 1963, Jacquinot expose un nouveau projet de statut.
    Pompidou : « On le fera voter en urgence. Le gouvernement calédonien se comporte de façon scandaleuse. Lenormand se faisait attribuer par le ministre chargé des Mines d'importants permis miniers, prospectés par notre Bureau des recherches géologiques et minières, pour ensuite céder ses droits à l'International Nickel, moyennant un pont d'or.
    GdG. — Il y a là une cuisine malpropre. La Nouvelle-Calédonie compte 80 000 habitants, dont la moitié est française, et l'autre moitié a tout intérêt à l'être, au milieu des rivalités internationales. Il faut que l'autorité y soit ressaisie. »

    « Je vais crever l'abcès du séparatisme »
    Le Général s'est « débarrassé » de toutes nos colonies d'Afrique. Et les Antilles ! Et la Réunion ! Pourquoi ne leur donnerait-il pas l'indépendance, comme les Anglais l'ont fait pour leurs Caraïbes et pour Maurice, et comme le réclament avec vigueur tant d' « autonomistes » ?
    Ce sont les questions dont me criblent les journalistes qui sont arrivés avec moi ou qui m'attendaient ce matin à l'aéroport. Notamment les Américains. « Il a donné l'indépendance à l'Algérie, où il y avait un million d'Européens, le pétrole, une position stratégique de premier ordre. Pourquoi garderait-il ces îles, qui n'ont aucune ressource et aucun intérêt ? » Je suis d'autant plus réservé dans mes réponses, que je suis incertain de sa réponse. Il ne m'en a rien dit de lui-même et, jusqu'à ce matin, je ne l'ai presque pas questionné sur ce sujet. La presse est nombreuse à suivre le voyage dans les Caraïbes. Elle s'attend le plus souvent à ce que le Général annonce l'achèvement de la décolonisation.

    Le jeudi 19 mars 1964 au soir, le Général est arrivé à Pointe-à-Pitre — « incognito », ce qui a intrigué —, venant du Mexique, où il a remporté un immense succès populaire. Il est descendu, non pas dans un immeuble de la République (il n'y a qu'une toute petite sous-préfecture, « indigne de la France » a-t-il dit), ni dans un hôtel (ils sont trop médiocres, « ce qui n'est pas glorieux après trois siècles »), mais dans la villa du directeur d'Air France, qui a bien

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