C'était de Gaulle - Tome II
d'étudiants étaient massés, dans un certain désordre. L'Université jouissant d'une complète autonomie, la police n'y pénètre pas. On a assisté au spectacle d'un enthousiasme extraordinaire. Tous les témoignages s'accordent pour dire que c'est un phénomène sans précédent.
GdG. — Les Mexicains voudraient voir la naissance d'une banque européenne pour le développement. Mais c'est surtout sur le plan culturel et technique que notre action peut se développer à moindres frais.
« Le Mexique a montré l'attrait que la France lui inspire. Il est très marqué par elle, et ce n'est pas seulement par politesse. »
Peut-on, dans le succès, être plus sobre?
« Une politique de rupture non, d'affranchissement oui »
Salon doré, 21 mai 1964.
AP : « Avez-vous toujours l'intention d'aller dans la plupart des pays d'Amérique du Sud?
GdG. — Mais oui, dans tous les pays d'Amérique du Sud!
AP. - On pouvait se demander si votre convalescence 1 irait assez vite pour permettre ça.
GdG. — Ah oui, ma convalescence (comme s'il allait dire : "J'oubliais "), elle ne va pas mal. »
(De l'air de dire : « Mêlez-vous de ce qui vous regarde. »)
Salon doré, 14 août 1964.
AP : « Les journalistes américains craignent de nouveau qu'après votre voyage en Amérique du Sud, les masses ne soient tentées par une politique de rupture.
GdG. — Les masses? Elles sont tentées déjà avant que j'arrive... Une politique de rupture, non, mais d'affranchissement, oui.
AP. — Vous ne craignez pas que des mouvements de type castriste se développent?
GdG. — Oh, il y en a déjà eu et il y en aura encore! Il n'est pas impossible que le Chili élise un Président orienté vers les réformes, et vers l'affranchissement par rapport aux États-Unis. Les deux choses peuvent se confondre, en Amérique latine.
AP. — Il y a encore des structures puissantes de propriétaires terriens, de nantis.
GdG. — Toute la question est là. La question est de savoir combien de temps ces structures féodales se maintiendront. »
« Que la foule s'inquiète, et que le chef la rassure en agissant »
Salon doré, 9 septembre 1964.
AP : « Bien des gens, à commencer par ceux qui vous sont le plus fidèles, se demandent si ce voyage, si fatigant, est bien nécessaire.
GdG. — Fatigant? Oui, il le sera. Mais je crois que ce sera bien pour la France. Ce voyage a été décidé. Il faut le faire.
(Au cours du voyage dans les Antilles, il m'avait dit : "Un voyage, il ne faut pas le faire. Il faut l'avoir fait.")
AP. — Vous monterez trois fois à plus de 2 600 mètres! Ce qui étonne, c'est la disproportion entre le résultat qu'on peut attendre de ce voyage, et l'énorme fatigue et même les risques qu'il comporte. Ça ne vaudrait pas la peine que nous donnions quelques explications?
GdG. — Je préfère pas. J'aime mieux ne pas m'expliquer sur ce que je vais faire, ni moi-même, ni par votre intermédiaire. Voyez-vous, c'est un principe dont je me suis toujours bien trouvé et que je vous recommande : il ne faut jamais s'expliquer à l'avance sur ce qu'on va faire. Quand on a fait quelque chose, on peut en expliquer les raisons. Mais quand on ne l'a pas encore fait, il vaut mieux laisser les gens suspendus.
« Il faut toujours tenir les peuples en haleine. C'est le grand secret. Quand je serai en Amérique, j'expliquerai progressivement, dans mes interventions et dans mes discours, les raisons de mon voyage, et elles apparaîtront alors d'elles-mêmes, et elles balaieront du même coup les doutes ou les inquiétudes. Alors, pourquoi vouloir les balayer plus tôt? On chercherait toujours à mettre mes déclarations en opposition avec ce que je ferai. Il ne faut jamais donner l'impression qu'on s'excuse de ce qu'on fait. Les peuples sont là pour s'interroger. C'est bien ainsi. Que la foule s'inquiète, et que le chef la rassure en agissant! »
« La France, parce qu'elle a choisi les réalités de son temps, peut à nouveau rayonner à l'extérieur »
Salon doré, 16 septembre 1964.
Le Général va partir. Il consent à ce que je dise quelque chose sur ce voyage avant qu'il ne commence. Mais il faut le harceler de questions.
GdG : « Vous pouvez dire que ce voyage marquera l'importance que la France attache à l'avènement de l'Amérique latine au premier plan de la scène internationale, comme élément d'équilibre et de paix.
AP. - Et que ce voyage a aussi un sens pour la France?
GdG. — Oui, il signifie que
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