Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
Vom Netzwerk:
colonial. D'où un problème continuel, qui agite ces pays en profondeur. En outre, tous ces pays, à l'exception du Mexique, sont en proie à l'instabilité politique.
    « Certains — le Chili, qui a une unité ethnique et géographique et une certaine consistance, malgré son incroyable longueur, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay, le Brésil — sauf l'Amazonie, mais personne n'y va —, ne souffrent pas d'une menace ethnique : ils sont donc soulagés de ce problème. Ces pays — sauf le Chili — ont quand même un gouvernement instable, à cause de leur armée, mais surtout à cause de leur penchant naturel. Ces populations de type méditerranéen sont dans l'incapacité d'assurer un exercice régulier du gouvernement. Cette instabilité politique est le drame principal de ces pays. En revanche, avec les mines, le pétrole,l'agriculture, ils ont les moyens virtuels d'un développement économique considérable, qu'ils n'ont pas encore entamé.
    « Les Américains donnent de l'argent, mais ils en profitent pour conduire économiquement et politiquement ces pays, ce qui n'est pas agréable à ces derniers. Dans ces conditions, leur politique extérieure tend nécessairement, et contre leur gré, à s'accommoder des Américains dispensateurs de dollars, tout en cherchant à trouver autre chose.
    « Cette autre chose, c'est une relation plus étroite avec les pays d'Europe et surtout la France. Bien qu'elle se soit retirée depuis la guerre de 14, parce qu'elle avait les reins cassés (tiens, l'expression n'est pas réservée à l'Allemagne ou à l'Angleterre), parce qu'elle n'avait ni conviction nationale, ni politique ferme, ni capitaux, disparus dans l'inflation, nous ne pouvions pas grand-chose.
    « Il nous appartient de reparaître et de rassembler les forces nécessaires. Pas de doute, ces gens-là désirent que nous les aidions à former leurs cadres. Cela ne devrait pas nous coûter trop cher. Ils souhaitent que nos investisseurs engagent des capitaux. Mais ce qui est fait en ce sens, soit dans des réalisations françaises, soit dans leurs propres entreprises, n'est pas perdu pour nous.
    « L'effort doit être conduit par le gouvernement. Il faut qu'il établisse un plan de coopération avec les divers pays d'Amérique latine, à l'initiative du ministre des Affaires étrangères et avec les autres ministères. Nous faisons déjà pas mal de choses et nous ne pouvons pas faire énormément plus. Il faut préciser ce qui reste à faire. Quant aux crédits, nous ne consacrerons pas en 1965 plus que le budget de l'année ne le prévoit. Mais, pour le budget 1966, il faudra faire une part plus large à la coopération en Amérique latine. Nous pourrons alors atténuer ou réduire ce que nous engouf frons en Afrique. Pour agir, il faut payer.

    « L'attachement pour la France est une façon pour les Latins de célébrer leur latinité »
    « Au total, nous retirons de ce voyage l'impression d'une réalité française dans les âmes, qui est quelque chose d'absolument exceptionnel. Il y a peut-être un peu l'équation personnelle du moment (c'est sa façon pudique de faire allusion à lui-même).
    « Mais il y a surtout, dans le monde latin, un attachement pour la France, à quoi rien ne se compare. Il est une façon pour les Latins de célébrer leur propre latinité. C'est un fait plus vivant qu'il ne l'a jamais été. Mais ce que j'ai pu faire là devra être poursuivi et complété. »
    En octobre 1978, le Président Giscard d'Estaing se rend au Brésil, accompagné de trois ministres : Louis de Guiringaud,des Affaires étrangères, Simone Veil, de la Santé, moi-même, de la Justice. Le triomphe du Général s'était transformé en mythe. À Brasilia, on récitait par cœur des phrases qu'il avait prononcées, quatorze ans plus tôt, devant le Congrès ou à l'Université.
    La différence, que Giscard pouvait constater, entre l'accueil « historique » réservé au général de Gaulle et celui qu'on lui faisait, si empressé et si amical fût-il, ne pouvait que lui être sensible. Bien qu'il fût en visite d'État tout comme le Général, il fut hébergé à Rio dans le même hôtel que la presse qui l'accompagnait.
    Un dîner fut donné en son honneur, dans l'ancien château impérial, aux environs de Rio, où était descendu le Général. Des plaques commémoratives le rappelaient fièrement. Le gouverneur de l'État de Rio, dans son toast, insista longuement sur le fait que cette résidence des

Weitere Kostenlose Bücher