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C'était de Gaulle - Tome II

C'était de Gaulle - Tome II

Titel: C'était de Gaulle - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Peyrefitte
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ces orphelins ! Les cérémonies nationales, c'est pas la 2 e DB ! Je ne veux pas voir ça à Strasbourg ! La Libération, c'est pas l'affaire d'une association, c'est l'affaire de la France et donc l'affaire de l'État. »
    « C'est l'affaire de la France. » La Résistance, la Libération sont un héritage d'honneur qui appartient à tous. Mieux que personne, le Général connaît les lâchetés et les divisions d'hier. Elles sont vivaces en lui, dans son jugement privé sur les personnes. Mais il fait tout pour les effacer de la mémoire collective. Les Français ne sont d'aucune manière engagés par elles ; ils sont, au contraire, grandis par les combats de toutes les Résistances.
    Y compris sa propre résistance aux Libérateurs.
    1 Allied military government for occupied territories, Gouvernement militaire allié pour les territoires occupés.
    2 Ministres des Anciens combattants et de la Coopération.
    3 Finalement, Eisenhower et Montgomery, après avoir annoncé leur participation, ne sont pas venus.
    4 Leclerc et sa colonne, qui venaient du Tchad pour rejoindre la Tunisie en guerroyant, avaient fait, dans l'oasis de Koufra, le serment de ne pas déposer les armes avant d'avoir libéré Paris et Strasbourg.
    5 François Mitterrand a donné une troisième explication : le Général aurait gardé mauvais souvenir du balcon, parce qu'il aurait manqué tomber dans le vide, si Mitterrand ne l'avait retenu par les jambes (F.O. Giesbert, François Mitterrand, une vie, 1996, p. 91). Interrogé, Pierre de Chevigné, aide de camp de service ce jour-là, et futur compagnon de la Libération, dément cette version et assure que le futur Président de la République n'était nullement aux côtés du Général.

II
    « UN PAYS QUI TIENNE DEBOUT »
    «FERME SUR SES JAMBES»

Chapitre 1
    « LA GRANDEUR, C'EST LE CHEMIN QU'ON PREND POUR SE DEPASSER»
    Dans l'avion entre Cayenne (Guyane) et le Lamentin (Martinique), 22 mars 1964.
    Devant des visages d'ébène massés sur la place Félix-Éboué, à Cayenne, le Général a parlé hier de la « grandeur », dont la France a besoin pour être elle-même. Avant-hier, à Basse-Terre, il a clamé : « Nos pères, de tout temps, n'ont pu faire quelque chose de valable, de fort, qu'à condition de vouloir que ce soit grand. » Quand l'aide de camp m'appelle auprès de lui dans l'avion, je lui demande :
    « Vous parlez souvent de la grandeur, mon général. Qu'est-ce que la grandeur ?
    GdG. — C'est le chemin qu'on prend pour se dépasser.
    AP. — Alors, pour la France, la grandeur...
    GdG. — C'est de s'élever au-dessus d'elle-même, pour échapper à la médiocrité et se retrouver telle qu'elle a été dans ses meilleures périodes.
    AP. — C'est-à-dire ?
    GdG. — Rayonnante. »
    Je n'ai pas osé poursuivre. Pour lui-même, naturellement, la grandeur, c'est de dépasser sa « pauvre humanité » en s'identifiant à la France. Toujours, cette énigme : pourquoi, comment, Charles de Gaulle a-t-il eu si tôt la conviction qu'il serait un héros de notre Histoire ? La France le grandit, et il grandit la France. Sa pudeur lui défend d'en parler, mais il sait qu'il est de ceux dont la grandeur peut entraîner la grandeur de leur pays.
    Il sait que les figures de proue ne sont pas des flotteurs de liège qui montent et descendent au gré des vagues, mais qu'elles ouvrent de nouvelles routes sur les océans du destin. Il sait qu'un homme peut changer le cours de la fatalité.
    Avant de le prouver à son tour, de Gaulle l'a su. Et il a su qu'il y fallait plus qu'un rêve d'enfant ou une ambition vulgaire : une obsédante contention d'esprit. Dès l'adolescence, il s'est forgé un personnage qui lui imposait sa contrainte. À ses camarades, voire à ses supérieurs, pourquoi paraissait-il distant, méprisant même ? Il était déjà dans le rôle qu'il pensait être appelé à jouer un jour.
    Dans sa vieillesse, il continue : sans cesse il affronte ce personnage. Ainsi, par une de ces indiscrétions que même les plus discrets laissent échapper, j'ai appris hier qu'il porte sur lui une sonde. Dans ses déplacements, dans ses discours publics, il doit souffrir mort et passion. Nul ne s'en aperçoit. Je scrute sur son visage des signesd'épuisement : aucun n'apparaît. Au champ d'Arbaud, à Basse-Terre, il criait avant-hier, à pleins poumons, à une immense foule guadeloupéenne : « Mon Dieu ! comme vous êtes Français ! »

    « En politique, on n'a pas d'amis »
    Au cours d'un

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