C'était de Gaulle - Tome II
du 9 décembre 1964, je fais une communication sur la mise en place du nouvel Office de radiodiffusion et télévision françaises : l'assainissement des finances, des effectifs réduits de 10 % malgré l'expansion des tâches, une remise en ordre devant laquelle les syndicats se sont inclinés sans grève. Tout cela, grâce aux débats parlementaires qui ont mis au grand jour les abus du système précédent ; et grâce à l'autorité morale du conseil d' administration, pièce maîtresse du nouveau statut. Mais nous ne nous faisons pas d'illusions. Le personnel fait le gros dos en attendant que le grain soit passé. Nous ne sommes encore qu' à mi-chemin des réformes entreprises.
Le Général commente : « Nous sommes heureux des progrès marqués à la radio et à la télévision. La remise en ordre n'est pas encore achevée, à beaucoup près. Mais elle est en cours, c'est évident. Nous attendons la suite avec confiance.
« Bien entendu, il faut que tout cela se fasse sous votre impulsion et sous votre tutelle (il détache le mot, comme s'il le prenait avecdes pincettes), puisque vous mettez votre coquetterie à ne pas vouloir qu'on parle de votre autorité.
AP. — Mon général, les améliorations que l'on peut noter coïncident en effet avec le moment où j'ai abandonné l' autorité sur l'établissement pour une modeste tutelle.
GdG. — Je ne suis pas sûr que vous n'y seriez pas arrivé en montrant votre " autorité ". Mais si ça vous fait plaisir... »
« Que vos types ne se laissent pas impressionner par les réalisateurs, ce sont des décadents »
Salon doré, 17 février 1965.
Le Général me demande de « remonter les bretelles » de la direction de l'ORTF, face aux réalisateurs, qui font la grève.
AP : « La grève des réalisateurs est peut-être le début d'une grande épreuve de force. Il faut toujours prévoir le pire, c' est-à-dire l'arrêt des émissions. Mais je ne crois pas que nous en arrivions là, à cause du service minimum.
GdG. — Ne craignez pas l'épreuve de force ! Profitez-en au contraire pour faire le ménage ! Il faut saisir cette occasion pour se débarrasser enfin de cette maffia : ils ne doivent pas diriger, mais être dirigés.
« Qu'on ne se laisse pas impressionner par leur prétendu talent ! En réalité, ces gens sont des décadents. Ils présentent toujours le côté catastrophique, misérable et lamentable des choses. C'est une tendance qui a toujours caractérisé les décadents ! Il faut les empêcher de montrer complaisamment ce qui est malade plutôt que ce qui est sain, la veulerie plutôt que l'effort, les échecs plutôt que les succès, les hontes de l'histoire plutôt que ses gloires ! Vos types ne s'intéressent qu'à ce qui choque ou à ce qui est moche. »
« Le nécessaire n'a pas été fait par qui devait le faire »
Au Conseil du 3 mars 1965, Couve souligne que nos cinq partenaires essaient de renforcer la dose de supranationalité. La Commission ne s'appellerait plus Commission, mais Exécutif européen ; l'Assemblée serait baptisée Parlement européen.
GdG : « Il faut s'y opposer ! Notre radio et notre télévision reprennent ce vocabulaire. C'est inacceptable ! »
Le Général se tourne vers moi : « Le nécessaire n'a pas été fait par qui devait le faire. »
À la sortie, Pompidou me dit : « Cette fois, vous avez reçu votre avoinée. »
« Le grand manitou de la radio, c'est un ennemi déclaré »
Au cours du Conseil du 31 mars 1965, Pompidou a ce mot acerbe : « À la télévision, les informations ne se sauvent de la platitude que par le persiflage. »
D'habitude, devant le Général, il me soutient. Il a fallu qu'il soit vraiment agacé.
Salon doré, audience du mardi 13 avril 1965.
AP : « Je voudrais vous dire un mot des remous actuels à la télévision. Lorenzi 3 fait des histoires.
GdG. — Oui. Alors, la presse beugle. Mais ce n'est rien. Il faut nettoyer cette maison de ces cocos et de tous leurs compagnons de route qui s'y sont agglutinés et qui font régner l'intimidation, quand ce n'est pas le terrorisme ! Il y a un individu qui s'appelle Max-Pol Fouchet, qui s'est instauré grand manitou de la radio. C'est un ennemi déclaré. Et il est incapable de parler de quelque chose qui ne serait pas anormal. C'est une espèce de maladie qu'il a. Alors, ça choque le bon peuple.
« En revanche, le public ne s'est pas tellement ému de la disparition de Lorenzi. C'est la presse qui s'agite. Les journaux
Weitere Kostenlose Bücher