Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
Vom Netzwerk:
Berardelli arrive à la hauteur des deux inconnus, ceux-ci retirent leurs mains de leurs poches. L’homme à la casquette empoigne Berardelli par une épaule et brandit un revolver. Berardelli tente de se saisir de son agresseur mais celui-ci tire sur lui. Trois fois. Parmenter se retourne, il voit Berardelli glisser à terre. Il n’a pas le temps de réagir : l’homme à la casquette tire sur lui, en pleine poitrine. Parmenter fait quelques pas vacillants. Une nouvelle balle l’atteint dans le dos, il s’abat.
    L’homme au chapeau de feutre soulève d’une main la caisse qui gît près de Berardelli et ramasse la seconde près de Parmenter. L’homme à la casquette tire de nouveau. C’est comme un signal. Une voiture arrive à toute allure. Les deux hommes s’y engouffrent. Voyant Berardelli se relever sur les genoux, un occupant de la voiture saute à terre, pistolet automatique en main, tire sur lui à bout portant et saute de nouveau dans la voiture. Celle-ci file à toute vitesse vers un passage à niveau. Le gardien vient précisément de baisser la barrière. La voiture stoppe. L’un des hommes agite un revolver dans la direction du gardien et hurle : Vite, vite, relevez la barrière ! On entend déjà le bruit du train. Le gardien obéit. La voiture passe. L’un des passagers tirera encore sur un passant qui aura son pardessus troué. La voiture disparaît dans la direction de Brockton.
    Telle fut l’attaque de South Braintree, le 15 avril 1920. Elle allait être la pierre angulaire de l’affaire Sacco-Vanzetti. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que cet attentat a été perpétré en plein après-midi, devant une multitude de témoins. Là, des ouvriers italiens travaillaient. Là, plusieurs passants circulaient. Aux fenêtres des usines, des ouvriers, des employés ont pu observer la voiture à l’arrêt et fixer dans leur mémoire l’image de ses passagers. Au bruit des coups de feu, ils se sont précipités, ils ont vu toute la scène.
    Berardelli est mort presque sur le coup. Parmenter a été conduit à l’hôpital. Il pourra dire qu’il n’a pas reconnu ses agresseurs. On l’opérera mais il mourra le lendemain, à 5 heures du matin.
     
    L’enquête a commencé sur-le-champ. On interroge plus de cinquante témoins. Certains dépeignent une voiture noire, d’autres une voiture verte, pour les uns elle est brillante, pour d’autres couverte de boue. Des témoins jurent qu’il y avait deux voitures. On dépeint des bandits tantôt bruns, tantôt pâles, vêtus de bleu, ou de marron, ou de gris. On leur voit un chapeau, ou une casquette, ou rien du tout. Certains ont entendu huit coups de feu, d’autres trente. On procédera par élimination pour arriver à une description qui doit se rapprocher de la vérité : il s’agit d’une voiture de tourisme. Cinq hommes ont participé à l’attentat, dont le conducteur de la voiture, pâle et blond. Les deux agresseurs du début étaient petits et rasés.
    On a soigneusement recueilli les balles retrouvées sur les lieux de l’attentat et sur les corps des victimes. Celles qui avaient donné la mort ont été marquées.
    On a montré aux témoins des photographies de repris de justice. Trois d’entre eux, dont le réparateur de machines Jimmy Bostock et une certaine Mary Splaine, affirment avoir reconnu l’un des agresseurs. Il s’agirait d’un nommé Palmisano. Mary Splaine est catégorique : c’est très exactement l’homme qu’elle a vu dans la voiture agiter un revolver. Voilà une piste intéressante. Malheureusement, on s’aperçoit que Palmisano, pour le moment, se trouve confortablement hébergé à la prison de Buffalo. Il faut chercher ailleurs.
    Le surlendemain de l’attentat, 17 avril, on retrouve la voiture, une Buick, dans un fourré à quelque trois cents mètres d’une grande route. La police n’a pas de mal à reconnaître la voiture volée en novembre à Needham. Intéressant. On peut désormais se demander si l’attentat manqué de Bridgewater et le hold-up réussi de South Braintree n’ont pas été perpétrés par la même bande. À côté de la Buick, on a découvert les traces de pneus d’une seconde voiture. Très certainement, les bandits ont changé de véhicule.
    Se remémorant les deux affaires, le chef de police Stewart se souvient tout à coup d’un Italien rencontré en 1918 lorsque les pouvoirs publics avaient décidé de déporter un grand nombre d’anarchistes. Son nom ?

Weitere Kostenlose Bücher