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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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le parti communiste américain, se forme aussi l’American Legion, qui groupe les anciens combattants. Dès le 1 er mai, des heurts se produisent. Un meeting socialiste à New York est investi par les anciens combattants. Le journal socialiste Call est mis à sac par des soldats américains. On assassine, à Cleveland, le porteur d’un drapeau rouge. À Boston se livre la plus grande bataille de rue que l’on ait jamais vue. Immédiate, la réponse des autorités : on arrête Luigi Galleani, le leader anarchiste et on le déporte le 2 juin. Ce soir-là des bombes éclatent dans huit villes.
    L’avocat général Palmer va ordonner une gigantesque répression. Dans la nuit du 7 novembre, une armée de policiers s’attaque aux centres communistes, travaillistes, syndicalistes, anarchistes. Plusieurs milliers de personnes sont jetées en prison. Le 2 janvier 1920, on recommence. Des milliers d’étrangers sont arrêtés, quatre cent quarante-six déportés. À Boston, cinq cents étrangers, enchaînés, défilent dans les rues vers la prison. Cette répression brutale sera condamnée par l’opinion libérale américaine, en particulier par douze juristes de grand renom. On arrête notamment un imprimeur nommé Andréa Salsedo, soupçonné d’avoir imprimé le tract trouvé devant chez Palmer. Quelques jours plus tard, le cadavre de Salsedo, tombé d’une fenêtre de la police, s’écrase sur le sol. L’opinion générale fut qu’il avait été défenestré par les policiers. Il semble en réalité qu’il se soit donné la mort.
    Dans le milieu anarchiste, violente est l’émotion ! Surtout parmi les Italiens. La plupart des anarchistes italiens d’Amérique sont des non-violents. Justement parce qu’ils le sont, ils tremblent. Ils ont peur des arrestations, ils se cachent. Ils se débarrassent de la littérature anarchiste.
    Comme bien d’autres, Sacco semble n’avoir pu supporter ce climat passionnel. Peut-être tremble-t-il pour sa femme, pour son fils – il l’a appelé Dante – et pour l’enfant que porte Rosina. Il décide de repartir pour l’Italie avec sa famille. Il demande son passeport au consulat italien de Boston. En attendant son départ, il continue à assister à des réunions où se rassemblent, effrayés, d’autres anarchistes italiens. Un soir, il y retrouve Vanzetti et un certain Orciani. On s’inquiète des perquisitions. Il est dangereux de posséder chez soi des tracts ou des livres anarchistes. Le mieux ne serait-il pas de les collecter chez tous ceux que l’on connaît ? On en chargerait une voiture et l’on irait jeter tout ce matériel dans la campagne. Ni Sacco ni Vanzetti ne possède de voiture. Alors on pense à la voiture de Boda. Pourquoi ne pas la lui emprunter ?
    Le mercredi 5 mai, Vanzetti vient chercher Sacco chez lui. Il trouve Rosina en train de rassembler les bagages pour l’Italie. Dans le placard de la cuisine, Vanzetti aperçoit quelques balles de revolver qui traînent. Il les met dans sa poche en pensant qu’il pourrait les vendre pour la cause. Vers 4 heures et demie, Orciani arrive sur sa moto avec Boda dans le side-car. Boda donne rendez-vous à Sacco et à Vanzetti devant le garage Johnson où il les rejoint à 9 heures du soir. On connaît la suite. Boda ne trouve pas rassurant le départ de Mme Johnson, il est sûr qu’elle est partie téléphoner à la police. Sans attendre, ils s’en vont. Boda et Orciani en side-car, Sacco et Vanzetti à pied, puis en tramway. On les arrête.
    Stewart le leur a dit : ils sont suspects. Rien de plus. La police ne détient aucune preuve qui les rattache directement à l’affaire de South Braintree ni à celle de Bridgewater. Pour remonter jusqu’à eux, Stewart n’a suivi que le fil le plus ténu que l’on puisse imaginer. Un informateur lui a parlé d’anarchistes et d’une maison délabrée. Quand on a retrouvé la Buick, il a pensé à Coacci. Coacci l’a conduit à Boda. Boda à Sacco et à Vanzetti.
    Stewart serait fort en peine de prouver que Coacci a été mêlé aux attentats. Pas davantage Boda. Et bien moins encore Sacco et Vanzetti. Simplement, on les a vus dans l’obscurité devant le garage Johnson. En compagnie de Boda. C’est tout.
    L’ennui, c’est qu’on les a trouvés armés tous les deux. On l’a affirmé souvent : s’ils n’avaient pas été porteurs d’armes ce soir-là, il n’aurait pas existé d’affaire Sacco-Vanzetti.
    Ils vont passer la nuit en prison. Une

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