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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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Coacci. Il habitait avec sa famille à Bridgewater chez un autre Italien nommé Boda, anarchiste convaincu. La maison, naguère en bien mauvais état, avait été récemment réparée. Stewart repense à cet indicateur qui l’avait si précisément informé. Il avait parlé d’anarchistes et d’une maison délabrée. Ne s’agirait-il pas de cette maison-là, de ces anarchistes-là ? La Buick de l’attentat n’a-t-elle pas été retrouvée non loin de l’habitation de Coacci ? Stewart découvre que Coacci a travaillé à South Braintree, justement à l’usine de chaussures Slater and Morrill et qu’il a quitté son emploi aux premiers jours d’avril 1920.
    Il n’y a pas de temps à perdre. Stewart court chez Boda. Personnage curieux, ce Boda, petit homme rond, « affable et bavard  (29)  ». Nous sommes au temps de la prohibition et, presque ouvertement, il achète et vend de l’alcool. Stewart ne trouvera pas Coacci chez lui. Il s’est embarqué et vogue vers l’Italie. Sa famille a déménagé. Stewart doit se contenter d’un entretien avec Boda qui admet que Coacci avait des fréquentations suspectes et, possédait un revolver, comme lui-même d’ailleurs. Est-il propriétaire d’une voiture ? Oui mais elle se trouve en réparation au garage Johnson. Le lendemain, Stewart veut de nouveau interroger Boda. Mais Boda a disparu.
    Stewart se rend au garage Johnson, y voit la voiture de Boda. Il donne instruction au garagiste de le prévenir si Boda revient. Il faudra le retenir jusqu’à l’arrivée de la police.
     
    Or Boda revient. Le 5 mai, à 9 heures du soir, il se présente chez Johnson pour reprendre sa voiture. Ce qu’il faut à Johnson, c’est gagner quelques minutes, le temps pour sa femme d’aller téléphoner à la police dans une maison voisine. Quand celle-ci se glisse hors de chez elle, elle aperçoit Boda devant elle, pris dans le faisceau du phare d’une moto. Sur cette moto – avec side-car – est assis un homme en veston à carreaux. À dix mètres de là, deux autres parlent entre eux une langue étrangère. L’un, petit, râblé, très brun, le visage dur, marqué, avec un menton carré et puissant, porte un chapeau et un pardessus. L’autre est grand avec des yeux vifs, enfoncés sous des sourcils épais. Une grosse moustache brune tombe de part et d’autre de sa bouche et il est coiffé d’un chapeau de feutre.
    À Boda, Mme Johnson annonce que son mari est souffrant et qu’il est en train de se lever. Puis elle disparaît dans la nuit. Les autres attendent et Johnson n’arrive toujours pas. Visiblement, Boda se méfie. Il s’entretient en italien avec ses compagnons. Mme Johnson qui, sa mission accomplie, regagne son domicile, entend le mot téléphone . Boda saute dans le side-car. La moto file vers Brockton. Johnson est parvenu à noter son numéro : 871. Quant aux deux hommes, c’est à pied qu’ils prennent la même direction que la moto.
    Stewart, alerté par le coup de téléphone de Mme Johnson, arrive en toute hâte au garage. Trop tard. Johnson lui explique tout : Boda enfui sur le side-car, les deux autres partis dans la nuit. Pour Stewart, la conclusion est vite tirée : en ce qui concerne Boda, c’est cuit. Mais les deux hommes à pied ? Dans la direction qu’ils ont prise, il n’y a qu’une ressource pour eux, le tramway qui passe non loin de là. Si les deux hommes y sont montés, s’ils roulent vers Brockton, ils sont toujours dans ce tramway. Dans l’instant, Stewart téléphone à la police de Brockton d’intercepter les deux hommes. Un sergent et un agent se précipitent juste à temps pour voir déboucher la voiture du tramway. Les policiers sautent en marche et découvrent, assis à l’intérieur, les deux hommes annoncés. Ils les interrogent. D’où venez-vous ?
    — De Bridgewater.
    On les arrête. On les fouille. On trouve un revolver dans la poche arrière de l’homme à la moustache. L’homme rasé a glissé dans sa ceinture un colt automatique de calibre 32. Les deux armes sont chargées. Dans les poches des deux hommes, on trouvera également plusieurs balles. Interrogé, l’homme rasé déclare s’appeler Nicola Sacco. Et l’homme à la moustache Bartolomeo Vanzetti.
    C’est fait. Les deux hommes sont pris dans la nasse. Ils n’en sortiront plus.
     
    Vanzetti a trente-deux ans. Fils d’un ouvrier, il est né dans le Piémont. Dès sa petite enfance, il a entendu parler de l’anarchie, alors parée

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