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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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pour échapper aux flammes. « Il neigeait et une gitane, qui passait alors, prédit à ma mère que son enfant, tout au long de sa vie, serait en butte au feu et à la neige – deux éléments qui ont exercé sur moi une grande fascination  (38) . »
    L’âge venu du choix d’un métier, ce fils de fonctionnaire, très tôt attiré par les mathématiques, a choisi l’aéronautique. C’était en 1910, il avait vingt-cinq ans. Ils n’étaient, à travers le monde, que quelques centaines à pressentir que les vols aériens deviendraient la réalité d’un avenir conquérant.
    Pendant la Grande Guerre, Nobile s’est spécialisé dans la construction de dirigeables. Très vite, son autorité s’est affirmée. On a reconnu ses vues originales, mélange équilibré de pragmatisme et d’audace technique. Les longs fuseaux de toile et de gaz construits par lui ont multiplié les succès. Après la guerre, il a pris la direction des Constructions aéronautiques, une entreprise employant plus de 1 200 personnes, si vite appréciée que des personnalités appartenant au parti fasciste ont songé à l’acquérir. Umberto Nobile s’y est refusé. Farouchement. Parmi ceux qui ne lui ont pas pardonné son refus, on découvre un certain général Arturo Crucco dont l’espoir était de contrôler toute l’aéronautique et qui, sur des questions théoriques, s’était déjà heurté à Nobile. Nous le retrouverons, prompt à perdre celui qui avait été son élève et dont la gloire obscurcissait sa propre renommée.
    Regardons-le, Umberto Nobile, à cette époque de sa vie. Il est petit, mince, avec des cheveux très bruns, des yeux noirs enfoncés dans les orbites. Ce qui se lit sur son visage, c’est un air de gravité, une expression d’énergie et de fierté. Impossible de s’y méprendre : voilà un homme qui sait ce qu’il veut. Il le prouve. Cependant que Mussolini s’est emparé définitivement du pouvoir et malgré les pressions qui n’ont cessé de s’exercer sur lui, Nobile a construit un nouveau dirigeable, le N-1 , dont on a pu dire que c’était « peut-être le meilleur qu’on eût jamais construit  (39)  ».
    Aux yeux des spécialistes, le N-1 représente une incontestable réussite de l’industrie italienne. Nobile l’a conçu malgré les gens en place et à l’encontre des principes soutenus par eux. Un général d’aviation de vingt-huit ans, Italo Balbo, est devenu tout-puissant. Il ne manque ni d’audace ni d’esprit d’entreprise et s’il va porter l’aviation italienne à un degré enviable d’expansion et de technicité, il ignore tout des dirigeables. Il estime qu’il s’agit là d’engins dépassés et que tout effort en leur faveur s’accomplira fatalement au détriment de ses chers avions. Il mènera donc désormais le branle contre Nobile. Le général Crucco, toujours prompt à discréditer ce dernier, trouvera en Balbo une oreille attentive. Dès lors, des échos perfides évoqueront les opinions « socialistes » de Nobile, en tout cas « antifascistes ». Dans l’un des journaux du parti, Italo Balbo fera écrire que le N-1 est « une monumentale bévue d’ingénieur » et que ce dirigeable est « incapable de traverser même la chaîne des Apennins ». Or c’est ce même N-1 qui volera jusqu’au pôle !
    Par chance, le mouvement fasciste italien ne constitue pas une bastille sans faille, comme l’obtiendra Hitler de son parti nazi. Des rivalités de personnes s’y exercent en permanence et des courants d’opinions contradictoires s’y affrontent. Attaqué par les uns, Nobile sera défendu par d’autres, tel le général Guidoni, responsable des constructions aéronautiques de l’armée. Ainsi, contre vents et marées, parviendra-t-il à sortir son N-1 .
    Ce N-1 qui va attirer l’attention du plus illustre des explorateurs polaires vivants, Roald Amundsen.
     
    La conquête des pôles restera le grand rêve de la première moitié de notre siècle. Dès avant 1900, l’Américain Robert Peary avouait : « L’idée fixe d’atteindre le pôle était devenue une part tellement importante de mon existence que je ne pouvais plus me considérer que comme un instrument à le gagner. »
    Des hommes épuisèrent leur vie – et parfois la perdirent – à vouloir atteindre ce point idéal autour duquel, depuis des milliards d’années, notre globe tourne inlassablement. Comment ne pas évoquer les noms de Nansen, de Peary ?
    C’est ce

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