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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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dernier qui, accompagné de Henson, est enfin, le 6 avril 1909, parvenu au pôle Nord et y a planté le drapeau américain, cependant que les Esquimaux de l’escorte se désolaient : ils ne voyaient pas le Grand Clou autour duquel, croyaient-ils, tournait la Terre ! La victoire de Peary ne marquait rien de moins que la 578 e expédition polaire depuis 1800.
    Un extraordinaire exploit, bien sûr, mais rien de plus qu’un exploit. Les observations rapportées par Peary restaient minces. On se mit à imaginer une installation au pôle, l’implantation d’une mission qui pourrait à loisir chercher les réponses aux multiples questions que continuait à poser à la science la calotte polaire. Peary ne pouvait pas même répondre à la plus lancinante d’entre elles : s’agissait-il d’un continent – comme le pôle Sud – ou d’un océan gelé ?
    Comment cette mission parviendrait-elle au pôle ? L’accès par voie de glace – Peary l’avait montré – nécessitait des efforts surhumains et l’on ne pourrait qu’exceptionnellement triompher de telles difficultés.
    Certains se mirent à penser à la voie des airs. Ils n’étaient pas les premiers. Un Suédois, Salomon-Auguste Andrée, avait tenté de gagner le pôle en utilisant un ballon libre. Ceci dès 1897. Il s’abattit dans les glaces. En 1930 seulement, on retrouva près du Spitzberg les carnets de bord et les plaques photographiques d’Andrée. L’une d’elles, une fois développée, livra une image bouleversante : elle montrait le ballon couché sur la banquise, au soir du 14 juillet 1897. Près de la nacelle, les deux compagnons d’Andrée photographiés par l’aéronaute. La mort les attendait tous les trois  (40) .
    En 1914, le Russe Nagarski, sur hydravion Farman, survola une partie de l’Océan glacial arctique. D’autres expéditions furent lancées après la Première Guerre mondiale. Elles démontrèrent que l’océan pris par les glaces ne recelait aucune île.
    Ici intervient Roald Amundsen. Ce Norvégien, fils d’un modeste armateur, nourrira jusqu’à son dernier jour deux desseins en forme d’obsession : conquérir l’un des deux pôles et si possible les deux. Le 14 décembre 1910, battant l’Anglais Scott d’un mois, il plante le drapeau norvégien au pôle Sud. Après quoi, il décide de s’attaquer à l’Arctique. Il hiverne trois années de suite et malheureusement échoue dans son propos de parvenir au pôle Nord en laissant son navire, le Mand , dériver par le passage du Nord-Est. Il ne se décourage pas. Ces sortes d’hommes ne renoncent jamais. En 1925, il s’envole à bord d’un hydravion Dornier. Une panne l’oblige à se poser à 234 kilomètres du pôle. Huit jours d’efforts, la panne est réparée, Amundsen repart et regagne le Spitzberg. D’ailleurs, il a évolué. Il s’est convaincu que l’avion ne permet qu’un survol très bref, parfaitement impropre aux observations scientifiques. Il en serait bien autrement avec un dirigeable .
    Nous y voici.
    En ce temps, la réputation de Nobile est si grande que, si l’on pense dirigeable, on en vient aussitôt à lui. Amundsen télégraphie donc à Umberto Nobile qu’il souhaite le rencontrer d’urgence. Notre homme a été entre-temps intégré, avec le grade de lieutenant-colonel, dans le corps des ingénieurs militaires de l’air. Il n’hésite pas et rejoint Oslo. Là – nous sommes le 25 juillet 1924 – le petit homme brun écoute avec une attention passionnée le Norvégien à la peau tannée comme celle d’un Esquimau. Celui que ses compatriotes appellent l’Aigle blanc est alors âgé de cinquante-deux ans. Il paraît beaucoup plus mais déborde de force contenue et de volonté dominatrice.
    Pourquoi un dirigeable ? Parce qu’un tel aéronef peut s’arrêter au-dessus du site que l’on veut étudier. Manœuvre que l’avion n’autorise naturellement pas. Amundsen voit plus loin encore : il veut démontrer que la route du pôle doit permettre une liaison directe avec le continent américain. Il prévoit, s’étant envolé de la baie du Roi au Spitzberg, de gagner le pôle et, au-delà, de se diriger vers l’Alaska.
    Nobile n’a pas besoin de carte. Déjà, il voit le périple annoncé. Et s’enthousiasme. Sans méconnaître les difficultés qu’un tel projet comporte ni les périls qu’il suppose. Il accepte.
    Il faudra près de deux années pour aboutir. Après bien des hésitations, le gouvernement

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