C'était le XXe siècle T.1

Roi et travaille depuis des années dans son usine. Pour chef mécanicien, Nobile s’adresse à une force de la nature, un athlète au langage dru et à l’humeur impétueuse : Natale Cecioni.
    Comme navigateurs, il veut des officiers de marine confirmés. Il s’adresse au ministère de la Marine qui lui recommande deux capitaines de corvette, Adalberto Mariano – trente ans, grand et large d’épaules – et Filippo Zappi, un peu plus jeune, plus mince, plus fin.
    Pour diriger l’équipe qu’il compte déposer au pôle, on lui propose Alfredo Viglieri, lui aussi capitaine de corvette. Aussitôt les deux hommes sympathisent. De tout l’équipage de l’ Italia , Viglieri sera incontestablement le plus solide et le plus grand : 1,85 m. Il a vingt-huit ans. Felice Trojani, trente et un ans, ingénieur mécanicien, fera le quart aux commandes de profondeur et assistera Nobile pour un certain nombre de questions techniques. Cet homme calme et frêle travaille lui aussi avec le padrone depuis douze ans.
    Question primordiale : la radio. Nobile emportera les meilleurs postes émetteurs et récepteurs du moment. Comme spécialistes, il engage deux techniciens éprouvés : Giuseppe Biagi et Ettore Pedretti, le premier aussi brun que le second est blond.
    Reste l’équipe scientifique. On sait l’importance que lui accorde le général. Il avait apprécié sur le Norge la compétence du Suédois Finn Malmgren, météorologue de haut niveau, trente-trois ans, professeur à l’Université d’Uppsala. Malmgren accepte d’embarquer sur l’ Italia .
    Nul doute que les recherches en matière d’électricité et de radio-activité vont prendre une place de premier plan. Pour les mener à bien, Nobile s’adresse à un Tchécoslovaque de vingt-neuf ans, directeur de l’Institut de radiotélégraphie de Prague, le professeur Francis Behounek, rencontré à la baie du Roi lors de la croisière du Norge . Seul inconvénient : Behounek est gras et gros, un véritable corps de plantigrade. Il se révèle rien moins que sportif. Le général passe là-dessus : ce qui prime, c’est l’indiscutable compétence du Tchèque. Un physicien italien, Aldo Pontremoli, trente et un ans, professeur à l’Université de Milan, complétera l’équipe scientifique.
    Des centaines de journalistes ont souhaité embarquer sur l’ Italia . Mais l’exiguïté de l’habitat et l’impérieuse question du poids ont obligé Nobile à n’admettre à bord que deux représentants de la presse, Francesco Tomaseli et Ugo Lago. Encore devront-ils stationner à la baie du Roi et prendre place alternativement à bord du dirigeable, à mesure des successives explorations de la banquise qu’il tentera.
    Tout cela aboutit à une équipe de dix-huit hommes. Le maximum de ce que l’ Italia pouvait emporter. La moyenne d’âge : trente-trois ans. Avec ses quarante-trois ans, Nobile reste de loin le plus âgé.
    Pardon. Il y a aussi une passagère à bord : Titina, la petite chienne du général, un animal sans le moindre pedigree, frétillant bâtard noir et blanc. Titina, à travers d’extraordinaires aventures, se révélera aussi gaie, aussi vive qu’intelligente. Précieuse en un mot.
    L’ Italia va pouvoir quitter Milan, son port d’attache. Direction : le pôle.
     
    Au vrai, l’ Italia ressemble comme une sœur au Norge dont elle ne constitue qu’une version relativement améliorée. Un semi-rigide, toujours, long d’un peu plus de 100 mètres, et demandant à 14 000 mètres cubes d’hydrogène sa force ascensionnelle.
    À l’extérieur du long cigare de toile, trois moteurs Mayerback de 250 CV chacun peuvent, au maximum de leur rendement et par temps favorable, propulser l’aéronef à environ 120 kilomètres à l’heure. Deux de moteurs sont placés à l’avant, à bâbord et à tribord, dans des sortes de nacelles où peut prendre place un seul mécanicien. La troisième nacelle est suspendue à l’arrière de l’habitacle central. On y accède par de légères échelles descendant de la carène. Il faut bien prendre conscience que l’énorme enveloppe du dirigeable n’est pas entièrement remplie de gaz. Les ballonnets gonflés d’hydrogène ne remplissent que le haut de la cavité intérieure. En dessous, on découvre un énorme espace libre. De part et d’autre de la poutre maîtresse – elle se présente en fait comme un gigantesque triangle de métal – on a disposé des logements rudimentaires où