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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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millimètre par millimètre. Enfin, par ses poignées d’or, on soulève le couvercle.
    La momie ! Elle est là, « nette et soignée ». Sur son visage un admirable masque d’or évoque les traits du pharaon, couvrant la tête et les épaules. Une paix immense, mêlée de tristesse, plane sur cette image d’un tout jeune homme saisi par la mort. La momie elle-même se révèle en assez mauvais état. Les bandelettes ont été carbonisées par l’action des acides employés pour la conservation.
    N’importe, ce sont là les restes mortels de ce pharaon tant convoité, tant recherché, enfin découvert. Tout Ankh Amon a livré ses derniers secrets.
     
    La malédiction ?
    La mort de lord Carnarvon avait donné son élan à une conviction trop vite muée en certitude. Déjà des journalistes révélaient que l’on avait trouvé dans le tombeau cette inscription : « Ceux qui pénètrent dans ce tombeau sacré seront bientôt touchés par les ailes de la mort. » Impressionnant.
    En fait, il n’a existé aucune inscription de ce genre dans la tombe du pharaon. Tout ce que l’on pouvait apercevoir, c’est une phrase apposée devant l’autel de cet Anubis qui gardait l’entrée de la chambre du trésor : « C’est moi qui empêche le sable d’envahir la chambre secrète. Je veille sur le défunt. » Fort bien, mais un journaliste, reproduisant ce beau texte, crut bon d’y ajouter : « Je tuerai tous ceux qui franchissent le seuil de l’enceinte sacrée du roi divin, qui vit éternellement. » Et voilà !
    Soit, Carnarvon est mort peu de temps après la découverte de la tombe. Mais sa santé se dégradait depuis si longtemps ! Il était déjà malade quand il avait découvert l’Egypte. Quand, au début de 1923, il a regagné l’Égypte, la chute prématurée de ses dents, le fait qu’elles se brisaient l’une après l’autre indiquaient un état d’infection que la piqûre d’un moustique est venue parachever. Ce qui l’a emporté en définitive – les médecins sont formels – c’est un érysipèle accompagné d’une pneumonie.
    La panne de lumière au Caire, la mort de son chien ? Est-il interdit d’admettre de simples coïncidences ?
    S’il y avait eu malédiction, pourquoi se serait-elle appliquée au frère de lord Carnarvon – qui n’avait jamais vu la tombe de Tout Ankh Amon –, à son infirmière et à son secrétaire – qui ne l’avaient pas davantage visitée ? Et pourquoi pas à lady Evelyn qui, elle, avait été la première, avec Carter et Carnarvon, à voir et toucher la chapelle funéraire du pharaon ? Étrange malédiction qui s’exerçait à l’égard d’étrangers parfaitement innocents du viol de la sépulture !
    Il est exact que Georges Bénédite fut frappé d’une congestion après avoir visité la tombe, mais lui non plus n’avait pas participé à l’ouverture, il n’avait pas violé le tombeau. Mace non plus n’assistait ni à la découverte ni à l’ouverture. Si la simple visite de la dernière demeure de Tout Ankh Amon devait entraîner le trépas, on devrait aujourd’hui dénombrer quelques centaines de milliers de morts.
    Carter aurait dû être frappé le premier. Il a vécu de longues années encore. Son décès n’est intervenu qu’en 1939. De même, se sont éteints bien plus tard : Alfred Lucas, du service des Antiquités égyptiennes qui « soigna » si admirablement les objets retrouvés dans la tombe ; Burton, le photographe, qui ne quitta pas le tombeau pendant de longs mois ; Engelbach, l’inspecteur en chef des Antiquités de la Haute-Egypte ; Gustave Lefebvre qui, au musée du Caire, exposa et entretint le trésor durant des années : il est mort en 1957. Et Callender, et Hall, et Hauser. Et Lacau. Et sir Alan Gardiner. Et Bruyère – qui, à Chatou, habitait à quelques centaines de mètres de chez moi et, à plus de quatre-vingt-dix ans, avait bon pied bon œil.
    Rassurons-nous : il n’existe pas, il n’a jamais existé de malédiction de Tout Ankh Amon. Les gros titres dont nous abreuve périodiquement la presse n’ont qu’un mérite : ils font vendre. Lorsque, sous un de ces titres, nous lisons que l’ami d’un touriste entré dans la chambre funéraire a été renversé au Caire par un taxi et que c’est là – indiscutablement – l’effet de la malédiction du pharaon, nous sommes fixés.
    Quand on nous parle d’un virus contenu dans la momie, nous devons savoir que cette momie a

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