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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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revenons. » On les attend. Ils ne rentrent pas. Se sont-ils, comme les hommes du Latham, écrasés sur la glace ? Enfin, l’opérateur du Krassine saisit quelques mots : « Groupe Malmgren… Charles. » Ainsi, ils sont vivants ! Et, probablement près de l’île Charles-XII, ils ont repéré Malmgren, Zappi et Mariano !
    Le message s’arrête là.
    Ce n’est que quelques minutes avant minuit que le Krassine retrouvera le contact avec son avion. Tchouknovski fait connaître qu’il a bien repéré le groupe Malmgren. Il en fournit la position mais son appareil a capoté près du cap Wrede. Nul n’est blessé à bord. Il peut attendre. Que l’on s’occupe des naufragés !
    Le professeur Samoïlovitch n’hésite guère. Malgré ses avaries, le Krassine doit reprendre sa navigation en avant. Combien pénible, cette progression ! Souvent, quand la glace se révèle trop dure, il faut reculer, chercher un autre chenal, tâtonner, repartir, stopper devant un nouvel obstacle, faire encore machine arrière, retrouver un nouvel élan.
    On approche de l’île Charles-XII. Va-t-on trouver le groupe Malmgren ? De minute en minute retentit la sirène du Krassine .
    Un cri poussé par un marin :
    — Un homme en vue !
    Tout l’équipage se rue au bastingage. C’est vrai ! On distingue au loin sur le pack un homme debout qui gesticule, brandit une étoffe.
    On s’approche. À côté de l’homme debout, un autre est couché. Le Krassine stoppe ses machines. Des officiers sautent sur la glace, s’adressent à l’homme, lui demandent s’il est Malmgren. L’autre se présente :
    — Mon nom est Zappi.
    Il montre l’homme inanimé :
    — Voilà Mariano.
    Et Malmgren ? Son visage se fige :
    — Il est mort.
    On les porte à bord. L’état de Mariano est grave. On le sauvera, mais on devra l’amputer d’un pied. Zappi racontera que Malmgren, hors d’état de continuer à marcher – il avait les deux pieds gelés – a supplié qu’on l’abandonnât. C’est la loi dans le Grand Nord : un homme incapable de poursuivre sa course ne doit pas gêner les autres. Désespérés, Zappi et Mariano avaient obtempéré. Malmgren était donc mort seul au milieu des glaces.
    Les vivres avaient manqué. Progressivement, ils s’étaient affaiblis. Mariano avait glissé dans l’inconscience. Lui, Zappi, quand on l’avait découvert, n’avait pris aucune nourriture depuis treize jours.
    Cette affirmation, il faut le dire, va rencontrer beaucoup de scepticisme. Les médecins du bord affirmeront que Zappi n’avait dû jeûner que cinq ou six jours au plus. D’autres remarqueront qu’il portait des vêtements ayant appartenu à Malmgren.
    Pourquoi Zappi a-t-il menti ?
    Est-ce parce qu’ il avait mangé Malmgren  ? Sur le Krassine beaucoup s’en sont montrés persuadés. D’autres aussi à travers le monde.
    Guidé par la radio de la Città di Milano , elle-même en liaison avec la tente rouge, le Krassine s’avance de nouveau. Cette fois en toute certitude. Il s’approche de plus en plus des survivants de l’ Italia .
    Le 14 juillet, à 20 h 15, l’équipage du Krassine aperçoit enfin les naufragés du ciel qui accourent vers eux avec de grands cris. Ces Soviétiques n’oublieront jamais l’étrange spectacle : la tente rouge, l’antenne de la radio, les caisses éventrées – et surtout l’avion de Lundborg renversé. Lundborg que l’un de ses camarades, réussissant un nouvel atterrissage miraculeux, était venu chercher quelques jours plus tôt.
    On récupérera l’équipage de l’avion soviétique. On sauvera Sora et Van Dongen.
    De l’épave de l’ Italia et des six hommes qui s’étaient envolés avec elle, on ne saura rien. Jamais. Du Latham d’Amundsen on ne retrouvera qu’un flotteur.
     
    Le général Umberto Nobile a regagné l’Italie. Sur son retour, le gouvernement a ordonné le silence.
    — Malgré les ordres donnés par le régime d’alors, m’a dit Mme Umberto Nobile, malgré les ordres d’ignorer mon mari à son retour en Italie, pendant tout le parcours de la frontière jusqu’à Rome la foule s’est pressée dans toutes les gares, on lui apportait des fleurs, on lui a fait un retour triomphal. Il y avait tant de fleurs dans son wagon qu’il n’y avait plus de place pour les personnes. La foule rompait les barrages de police pour voir Nobile et ses camarades. Et alors, alors seulement, le gouvernement fasciste a donné l’ordre de laisser les

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