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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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n’aura plus de ses nouvelles.
    S’il s’était tué, la faute en eût été à Romagna. On le retrouvera. Ce qui n’atténue pas la responsabilité de Romagna.
    Les reproches les plus amers qu’adressera Nobile à Romagna auront trait à Mariano, Zappi et Malmgren. Si la Città di Milano avait plus tôt entendu les messages de Biagi, les trois hommes n’auraient pas quitté la tente rouge. Et ils n’auraient pas vécu l’un des épisodes les plus affreux de la tragédie du Pôle. Et Malmgren ne serait pas mort.
     
    Dès le 27 mai, faisant taire ses ressentiments, Amundsen avait fait connaître qu’il était prêt à prendre la direction des recherches.
    Pour lui, une seule possibilité de réussite : utiliser, pour repérer les survivants, un hydravion. Quand la position de Nobile lui est communiquée, il confirme que l’hydravion s’impose. L’équipage de l’ Italia se trouve en grand péril : la dérive ne cesse de l’entraîner. En outre, avec l’été qui vient, la banquise se réchauffe. La glace sur laquelle se trouvent les naufragés peut très bien basculer et les engloutir.
    Un hydravion, c’est évident. Mais quel hydravion ? Certes, au Spitzberg, on dispose de quelques avions, celui de Lutzon Holm, retrouvé, celui de Riiser Larsen, celui de l’Italien Maddalena. Déjà ils ont multiplié les vols de reconnaissance. Sans résultat. C’est que, dans l’éblouissement de la banquise – cette lumière qui a rendu temporairement aveugle l’un des survivants de l ’Italia  – découvrir le minuscule point que figure la tente rouge représente un exploit presque impossible.
    Plusieurs fois, les survivants les verront passer, ces avions. Sans pouvoir attirer leur attention. Enfin, l’un d’eux les survolera, les apercevra, leur larguera des vivres. D’autres les imiteront. Les hommes de l’ Italia ne sont plus seuls au monde.
    Amundsen triomphe. Il avait raison de vouloir un hydravion. Seul un hydravion pourra atterrir sur l’un des nombreux plans d’eau qui parsèment le pack et d’un seul coup d’aile enlever les survivants. Car il l’a enfin, Amundsen, son hydravion. C’est un appareil français, un Latham qui précisément allait s’attaquer au record du monde en ligne droite avant de tenter la traversée de l’Atlantique. Il arrive, piloté par Guilbaud qu’assistent le navigateur Cuverville, le mécanicien Valette, le radio Brazy. Il se pose dans le fjord de Bergen. Amundsen s’y embarque pour faire escale à l’aube du lendemain, 17 juin, à Tromsoë. Quand, à 4 heures du matin, l’appareil reprend l’air, une foule compacte, agglutinée sur les quais du port, acclame l’explorateur des pôles :
    — Amundsen ! Amundsen ! Amundsen !
    À 5 heures, les guetteurs du phare d’Ekhingen signalent qu’ils ont vu passer le Latham.
    Dès lors, l’hydravion reste en contact par radio avec l’Institut géophysique. Ceci jusqu’à 18 h 45, heure à laquelle l’Institut quitte l’écoute pour transmettre des renseignements météorologiques.
    20 heures. L’Institut reprend l’écoute du Latham. Aucun signal. L’Institut insiste, s’inquiète, appelle sans relâche le Latham.
    Pour toute réponse, le silence.
    Nul ne reverra vivants les aviateurs français. Nul ne reverra le grand Amundsen, l’Aigle blanc de Norvège.
     
    Les Russes entrent dans la danse. À la recherche des survivants de l’ Italia , ils ont lancé un de leurs brise-glace, le Krassine . Le 21 juin, il a charbonné à Bergen et, le 24, a appareillé. À son bord, il porte un avion.
    Le professeur Samoïlovitch, spécialiste polaire et chef de l’expédition, s’affirme optimiste. Non seulement il entend porter secours à Nobile et aux siens mais, si faire se peut, retrouver Amundsen.
    Porter secours à Nobile ? Trop tard. Toutes les radios du monde l’annoncent : Nobile vient d’être sauvé. Sauvé seul .
    Que s’est-il passé ?
    Depuis que des avions survolent la tente rouge, la perspective de l’atterrissage de l’un d’eux s’est affirmée de jour en jour. Nobile a donc fait aménager sur la glace une piste balisée. Selon ses ordres, Biagi a expédié le message que voici : « À environ 130 mètres dans le sud-ouest de notre tente, il existe sur la banquise une zone praticable pour des avions munis de skis. Les parachutes rouges seront disposés côté au vent et en forme de T. Ce terrain mesure 300 mètres de long sur 225 de large. Le sol est parfaitement plat

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