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C'était le XXe siècle T.1

C'était le XXe siècle T.1

Titel: C'était le XXe siècle T.1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Decaux
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as de la Grande Guerre, Nungesser et Coli, se disposaient à tenter le raid dans l’autre sens. Subventionné par l’American Legion, le pilote Davis annonçait que bientôt il serait prêt à partir. Quand Lindbergh posa sa candidature au Prix Orteig, il s’aperçut qu’il ne pourrait concourir que soixante jours plus tard, les autres concurrents s’étant inscrits avant lui. Il se sentit profondément découragé. Sûrement, d’ici là, un autre pilote aurait franchi l’Atlantique.
    N’importe. Son père n’avait cessé de lui répéter qu’un bon Américain ne désespérait jamais et qu’une fois sa décision prise, s’il était prouvé que celle-ci était juste, un homme digne de ce nom ne devait plus dévier de sa route. Lindbergh pressa d’autant plus Donald Hall et ses ouvriers. Il ne quittait guère l’atelier. Ce qui s’édifiait, c’était un appareil construit sur mesure pour Lindbergh. Tout était pris en compte : sa taille, son poids. Le poids était littéralement sa hantise. Il sentait qu’il n’arriverait au but que s’il emportait une réserve de carburant pouvant lui permettre non seulement de couvrir la distance New York-Paris, mais de faire face à des intempéries ou des incidents imprévus. Comme il l’avait exigé, on avait écarté tout accessoire jugé inutile par le jeune pilote : radio, compas, indicateur de niveau d’essence, équipement pour vol de nuit. Il renonça même au parachute, estimant que son poids serait plus efficacement compensé par quelques litres supplémentaires d’essence. De l’essence, Lindbergh exigeait qu’on en mît partout. Il déclara qu’il n’avait pas besoin de voir devant lui, qu’il lui suffisait de passer la tête par la vitre latérale. Alors, devant son siège de pilote, Donald Hall plaça un nouveau réservoir à essence. Quand on lui parla de nourriture, Lindbergh demanda que l’on calculât simplement ce que pèseraient cinq sandwichs et un litre d’eau.
    Il avait longuement repéré son chemin : suivre les routes commerciales se révélerait plus sûr. En cas d’accident, il pourrait être repêché par l’un des nombreux navires qui parcouraient sans cesse ces itinéraires. Il ne s’arrêta pas à cette solution. Il volerait en droite ligne, par le chemin le plus court. Celui-ci passait par la Nouvelle-Angleterre, la Nouvelle-Écosse, Terre-Neuve. Après quoi, c’était le grand saut au-dessus de l’Océan. Il retrouverait la terre en survolant l’Irlande et de là – si Dieu était avec lui –, il foncerait sur Paris.
    Le 28 avril 1927, l’avion de Lindbergh était prêt. En signe de gratitude pour ses bailleurs de fonds, il l’appela Spirit of Saint Louis . Les essais se révélèrent concluants : c’était un bon appareil. Logiquement, il pouvait tout en attendre. Le 10 mai 1927, à 15 h 55, Lindbergh quitta San Diego pour New York. Pour la première fois de sa vie, il allait voler une nuit entière. Quel test pour l’appareil ! Il atterrit à Saint Louis quelques minutes après 6 heures du matin. Un vol de quatorze heures et vingt-cinq minutes. Il repartit, le 12, et atterrit sept heures plus tard à Long Island, près de New York.
    Les compétiteurs ? Aux essais, le trimoteur de Byrd s’était écrasé. Davis et son copilote Wooster s’étaient tués à bord de leur appareil American Legion. Comme prévu, le 8 mai, les Français Nungesser et Coli avaient pris l’air, au Bourget, à bord de l’ Oiseau blanc . On ne devait jamais les revoir.
    En fait, Lindbergh restait seul sur la ligne de départ. L’infortune et la mort avaient devant lui éclairci tous les rangs. Ce qui, d’évidence, empêchait désormais de calculer le pourcentage de réussite…
     
    On commençait à parler beaucoup de ce petit Lindbergh. Rares étaient ceux qui avaient d’emblée cru en lui. Prendrait-il seulement le départ ? Or il était là, prêt à s’envoler. Presque d’un jour à l’autre, il passa de l’anonymat à la notoriété. Des journalistes accoururent en foule. Il fallut protéger le hangar qui abritait le Spirit of Saint Louis . Lui-même, paralysé par la timidité, quasi terrorisé par l’affluence, répondait par monosyllabes aux questions dont on l’agressait. Le dimanche qui suivit son arrivée à Long Island, trente mille personnes envahirent l’aérodrome.
    Le père de Lindbergh était mort. Sa mère tint à faire le voyage pour embrasser son fils. Les photographes supplièrent la

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